Le cargo MV Benita a échoué sur la côte de Le-Bouchon, vendredi. À son bord 23 marins. Le navire libérien faisait cap sur Durban quand un incident a éclaté entre deux marins. La garde-côte nationale n'aurait pas vu le bateau arriver au large de Maurice sur ses écrans radar.
Deux marins en sont venus aux mains dans la nuit de jeudi à bord du MV Benita. L’un d’eux a été gravement blessé. Le suspect, Taton Omar Palmes, un Philippin de 38 ans, s'est enfermé dans la salle des machines. Il a ensuite coupé tout le système du navire le laissant à la dérive. Mesurant 181 mètres de long et 30 mètres de large, le navire, construit en 1998, avait 145 tonnes de fioul et 30 tonnes de gasoil.
Vendredi, vers 6 heures, des passants ont repéré ce bateau en difficulté. Ils en ont informé le département des Pêcheries qui, à son tour, a alerté la National Coast Guard (NCG). L'hélicoptère de la police a décollé vers 8 heures. Le commandant de la NCG, Saurabh Thakur, a fait le déplacement en hélicoptère pour voir la situation. Un premier commando de la NCG est montée à bord pour assurer le contrôle du navire. Par la suite, l'ingénieur Alvin Maderse, blessé, a été évacué par hélicoptère par hélitreuillage. Il a été transporté à l'hôpital de Rose-Belle. Son état est jugé très sérieux et il a subit une intervention chirurgicale vers minuit vendredi. Il n’y avait aucune marchandise à bord. Le navire faisait route vers l’Afrique du Sud en provenance de l’Inde.
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De graves risques
Certains s’insurgent contre le retard de réaction du National Coast Guard. « Il aurait dû arraisonner le navire avant qu'il n’approche les côtes mauriciennes », disent-ils. Que se serait-il passé si le navire s’était écrasé directement sur le sud de Maurice au lieu de s’échouer sur les récifs de Le-Bouchon ? La NCG ignorait totalement qu'un cargo allait s'échouer sur la côte sud. C'est vers 6 heures, alors que le bateau était sur les récifs que les opérations ont démarré. Chaque navire dispose d’un Automatic Identification System (AIS), un système qui doit rester activé en permanence. Si un membre d'équipage désactive le AIS, il risque une lourde peine, car il viole la loi internationale. En temps normal, l'Operation Room de la NCG à Port-Louis devrait répérer tout navire sur son Coastal Surveillance Radar System (CSRS), dès qu'il franchit la limite des 20 miles nautiques. Dans ce cas précis, le CSRS n'a pu détecter le navire devenu ‘invisible’ après avoir coupé tout contact électronique. Toutefois, le capitaine a pu envoyer un SOS pour réclamer une aide médicale, à 1h du matin, vendredi. Pourquoi la NCG n'a-t-elle pas enclenché ses opérations pour surveiller ce bateau disparu des écrans radar entre 1h et 6h du matin ? Pourquoi ne s’est-elle pas aussitôt rendue sur les lieux pour assurer cette aide médicale ? Un haut gradé explique pourquoi l'opération a débuté à 6 heures sans vraiment répondre à la question. « La NCG a reçu un message vers 1h30 du matin : un marin du MV Benita avait besoin d'une évacuation médicale. Nous avons traité cela comme une medical évacuation. L'hélicoptère ne sort qu’aux premières lueurs du jour. Nous avons ensuite appris qu'il y a eu une agression à bord. Ce n'est qu'à 6h que le Master du port nous a informés de la situation. Nous avons aussitôt enclenché les opérations », précise ce haut gradé. Le CGS Rescuer, ayant quitté Port-Louis pour porter assistance au navire en détresse, fera demi-tour, les mauvaises conditions météorologiques obligent. Le remorqueur Ionian Sea Fos a aussi quitté Port-Louis. Les fortes houles ont rendu l’opération difficile. Malgré le soutien aérien, à vendredi soir, l’opération restait sans succès. Vers 14 heures, un comité de crise s'est réuni pour décider de la marche à suivre. La compagnie propriétaire du navire a sollicité les services d'une compagnie privée pour renflouer le cargo. Au moins 11 spécialistes en la matière seront à Maurice pour cette opération. Deux équipes de renflouage seront sur place pour un état des lieux. Vers 18h00, au moins quatre mètres d’eau avaient envahi la cale du navire. Vendredi, en début de soirée, l'hélicoptère de la police s’est posé sur le MV Benita pour récupérer Taton Omar Palmes, le marin qui s'est enfermé dans la salle des machines. Il a été mené au poste de police pour être interrogé. Les 22 autres marins sont restés à bord jusqu'à nouvel ordre.
Le suspect: « Ils voulaient me jeter à la mer »
La CID du Sud s’est saisie de l’enquête. Le suspect Taton Omar Palmes parlait à peine l’anglais. Il aurait avoué l’agression d’un membre d'équipage et se serait enfermé dans la salle des machines avant de tout désactiver. « Le capitaine et les autres marins avaient comploté de me jeter à la mer. C'est pourquoi je me suis enfermé dans le 'engine room ». La police attendait un interprète pour enregistrer sa déposition. Il comparaîtra ce samedi devant un tribunal et une charge provisoire sera logée contre lui. <Publicité
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