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Incidences économiques : quand la Chine s’essouffle, Maurice a-t-elle de quoi s’inquiéter ?

Les importations de la Chine sur les neuf premiers mois de l’année 2019 ont été de Rs 24 milliards. La facture est en progression de 7,6% par rapport à la période similaire en 2018. La Chine, c’est aussi le septième marché pour le tourisme local. Avec le coronavirus, l’arrêt des vols et des mesures plus strictes à venir, l’économie mondiale et Maurice seront sous pression. Le point avec analyses et commentaires d’opérateurs.

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Questions à Takesh Luckho, économiste : «Le ralentissement mondial s’aggraverait dans le court terme»

takeshDocteur en économie et chercheur, Takesh Luckho explique que l’isolement de la Chine du reste du monde aura des répercussions sur la croissance globale déjà moindre. Dans cet entretien, il fait ressortir que Maurice en souffrirait car la Chine est son fournisseur.

Le coronavirus est le souci mondial en ce début d’année 2020, une année où la Banque mondiale parle d’une croissance de 2,5% - léger mieux qu’en 2019. Sommes-nous au début d’un nouveau cycle de ralentissement ?
Tenant compte de la propagation rapide du coronavirus en Chine et vers le reste du monde et de la couverture médiatique, cette maladie aurait un impact psychologique profond sur le tourisme à travers le monde, en particulier sur des économies du sud-est asiatique et même les régions avoisinantes non-touchées jusqu’ici. Fermer la Chine – deuxième puissance économique et l’usine du monde – avec une croissance moindre en Inde, aggraverait le présent ralentissement mondial dans le court terme. Les restrictions de voyages en place dans le pays toucheront ses importations et exportations car la Chine est le premier fournisseur du monde. Et cet adage résumerait bien la situation : “When the Chinese economy sneezes, it is the world economy which catches a cold”. 

Le coronavirus aurait un impact psychologique profond sur le tourisme à travers le monde.

Où se situe l’économie mauricienne dans cette équation ?
Maurice, un petit État insulaire dans ce monde interconnecté, sera appelé à faire face aux conséquences de la propagation du coronavirus. La Chine est l’un des deux principaux marchés asiatiques en termes d’arrivées touristiques. En supposant que l’interdiction de voyage et des exigences plus contraignantes soient mises en place aussi vite que possible, nous assisterons à une forte chute dans le nombre de visiteurs chinois. Et notre industrie du tourisme, déjà au pied du mur en analysant les chiffres de 2019, souffrirait davantage.

La Chine est notre premier fournisseur. Quel sera l’impact sur Maurice si la Chine s’isole ou est coupée du monde ?
À l’exception de produits alimentaires, la Chine est notre fournisseur de référence pour les produits manufacturés. Avec l’isolement de la deuxième économie mondiale, le premier exportateur, greffé à des mesures sanitaires et phytosanitaires qui s’annonceraient dans le proche avenir, Maurice se retrouvera avec des activités commerciales moindres dans le court terme. Si aucune mesure palliative (se tourner vers d’autres sources d’approvisionnement, par exemple) n’est trouvée par le gouvernement, nous courons le risque de nous retrouver avec une baisse dans la croissance, contraire aux attentes des décideurs politiques.

Tourisme

François Venin, Beachcomber : «La vigilance est de mise»

Certes, les arrivées de la Chine ont chuté de quelque 35% en 2019 comparées à la précédente année. N’empêche que la Chine demeure le second marché asiatique pour le tourisme mauricien et l’État s’est engagé dans un processus pour mieux le développer. Commentant la situation en termes de clients chinois (avant l’annonce d’Air Mauritius en fin d’après-midi), François Venin, Chief Sales & Marketing Officer de Beachcomber Resorts & Hotels, affirme que personne ne peut quantifier l’impact du coronavirus : 

« Nous constatons quelques annulations de séjour des clients chinois. Nous respectons les préconisations des autorités chinoises et ne facturons pas de frais d’annulation pour ces quelques clients. Ce n’est pas alarmant à ce stade. Nous faisons confiance aux autorités sanitaires mauriciennes pour qu’elles prennent les mesures adéquates. Certaines ont déjà été déployées d’ailleurs et des personnes qui ont transité par la ville de Wuhan en Chine ont été placées en observation à l’hôpital de Souillac. Mais la vigilance reste de mise. Nous faisons face à un problème d’ordre planétaire ; tous les pays sont concernés. Personne ne peut à ce stade se prononcer sur le quantum des conséquences. »

Virus de Chine 

Dookun-Luchoomun : «Il faut faire confiance aux autorités» 

« Le ministère des Affaires étrangères travaille avec celui de Chine et l’ambassade de Chine pour voir comment rapatrier ces étudiants dans les meilleures conditions. Je suis sûre que les autorités vont prendre toutes les mesures et les précautions nécessaires pour assurer qu’il n’y ait pas de problèmes. Il faut faire confiance aux autorités. » 

Échanges commerciaux

Afzal Delbar, transitaire : «Nos clients sont inquiets»

Le directeur de Silver Line Services Limited, firme présente à chaque étape du mécanisme d’importation, met l’accent sur le fait que les clients sont inquiets et que la peur s’installe. « Le poids des transactions de la Chine ne peut être calculé vu que les exportations qui arrivent au mois de janvier ont déjà été expédiées. Par contre, nous réalisons que plusieurs de nos clients sont inquiets et avec la peur qui s’installe, certains opérateurs économiques ne veulent pas s’aventurer. En termes de points d’embarquements, (il y a celui de) Yiwu qui fait la route avant d’atteindre le port de Guangzhou. Sinon, les embarquements pour Maurice se font principalement sur Shanghai, Ningbo, Xingang, et bien sûr Hong Kong. Lorsqu’il y a (une) limitation sur les vols, les connexions aérienne et maritime, cela a un impact lourd sur le commerce international. »

 

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