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Incendie mortel à Pailles : le feu a éclaté dans un atelier inoccupé avant de s’étendre

Divers produits utilisés par la firme Lab 51 étaient très inflammables. En médaillon : Anouchka Seetohul Gokhool, Serge Riou et Fabrice Maurice
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Les causes de l’incendie responsable du triple décès au Lab 51 sont indéterminées jusqu’ici ; il a éclaté dans un atelier inoccupé, vers 17h57, jeudi, avant de se propager au bâtiment. Anouchka Seetohul Gokhool, 32 ans, Serge Riou, 54 ans, et Fabrice Maurice, 22 ans, effectuaient alors des heures supplémentaires. Ils sont morts par asphyxie causée par l’inhalation de fumées toxiques, selon l’autopsie.

Après avoir recu l’alerte à 17h57, les sapeurs-pompiers sont arrivés sur place vers 18h15.  L’incendie aurait éclaté dans un atelier du Lab 51, près d’une machine en surchauffe. A cet instant, ce département était déjà fermé et les employés n’y étaient pas présents. Mais l’incendie se serait propagé jusqu’au lieu où se trouvaient les trois victimes. Ces dernières, elles, travaillaient et se trouvaient à leurs postes respectifs sur une mezzanine. Le bâtiment est en dur mais la présence des cloisons en bois et des faux plafonds a contribué à la propagation rapide des flammes et des fumées toxiques. Ce bâtiment stockait aussi des produits hautement inflammables tels que du thinner et de la peinture, entre autres.   

Une fois sur place, les soldats du feu ont quadrillé le bâtiment. Mais il semble que l’accès à ce bâtiment ne fut guère aisé à cause de l’émanation des fumées toxiques. Même les casernes de pompiers de Curepipe ont été mises à contribution.  « En l’espace de 9 minutes, les pompiers étaient sur place et nous savions qu’il y avait des gens piégés. Nous avons déployé des moyens importants et sollicité l’aide des sapeurs-pompiers de Curepipe. 20 hommes étaient engagés dans les recherches. La situation était difficile, ils sont entrés et sortis à de multiples reprises en raison des fumées toxiques. Même s’il faisait encore jour, l’intérieur était complètement noir », explique Dorsamy Ayacootee, Chief Fire Officer.

Dans la journée du vendredi 6 mars, des sapeurs-pompiers qui avaient été présents sur les lieux ont participé à une reconstitution des faits. Ils ont expliqué comment ils ont pénétré dans le bâtiment, jusqu’à ce qu’ils découvrent les cadavres des victimes. Les pompiers ont indiqué l’endroit exact, deux pièces séparées, où les corps calcinés se trouvaient. Serge Rioux était dans un bureau, alors qu’Anouchka et Fabrice étaient, eux, dans deux autres pièces.

L’enquête de la CID a déjà établi qu’au moment des faits, quatre employés étaient de service. Mais l’un d’eux avait quitté les lieux peu avant le drame pour aller chercher son repas.

À son retour, il n’a pu que constater que l’irréparable s’était produit. Leur lieu de travail, le Lab 51, spécialisé dans la fabrication des enseignes publicitaires, était la proie des flammes. Le vigile de service, qui était en poste à l’extérieur du bâtiment, a assisté, impuissant à cet incendie mortel. « Monn truv dife pe pran monn telefon biro pu dir zot banla in alert pompie », a-t-il expliqué lors de son audition aux policiers des Line Barracks après le drame.

Pas de Fire Certificate pour le Lab 51.

L’absence de sorties de secours sur les lieux du drame a été décriée par les enquêteurs. Ils pourraient retenir une charge de négligence et d’homicide involontaire contre les responsables. Les infrastructures abritaient, dans ce lieu engagé dans la réalisation d’enseignes, des produits hautement inflammables nécessaires à la production de ce matériel.

Selon les premières retombées de l’enquête policière, le feu aurait éclaté dans un atelier avant de se propager aux endroits où se trouvaient les trois victimes. Plusieurs poches d’incendie ont d’ailleurs été retrouvées par les sapeurs-pompiers dans la soirée du jeudi. L’enquête est menée par les casernes centrales et la Fire Investigation Unit (FIU).

Le bâtiment abritant le Lab51 ne détenait pas de Fire Certificate depuis bientôt une année. Alors que Caudan Development Ltd avait déjà complété toutes les procédures auprès du Mauritius Fire and Rescue Service (MFRS) en avril 2019, le dossier est introuvable. Des anomalies avaient été  notées lors d’une visite en 2019 par la Fire Safety Division.

Les pompiers avaient sommé ladite compagnie d’effectuer des mesures correctives pour satisfaire au Fire Certificate. Lors d’une deuxième visite, les pompiers avaient constaté que les changements nécessaires avaient été apportés. Cependant, Caudan Development Ltd n’avait jamais reçu le Fire Certificate.


Trois familles affligées par le même drame

Anoushka Gokhool
Anoushka Gokhool était passionnée de séga.
Fabrice Maurice
Fabrice Maurice avait 22 ans.

Trois vies différentes, unies dans le malheur. Ils laissent derrière eux leurs familles affligées par cette soudaine et brutale disparition.

Anoushka Gokhool venait tout juste de souffler sa 32e bougie le 13 février dernier. Originaire de Le Hochet à Terre Rouge, elle est décrite par ses proches comme une personne courageuse, qui croquait la vie à pleines dents. « Elle était une bonne vivante », nous dit Cédric, un cousin de la jeune femme. Passionnée de sega, elle ne manquait jamais une occasion de jouer de la ravanne. La dernière fois que la famille s’était réunie, c’était pour fêter son anniversaire.

Serge Rioux
Serge Riou était père de famille.

« Nous lui avions fait une surprise ce jour-là. Sa mère lui avait dit qu’elle avait remporté un jackpot dans une maison de jeu et qu’il fallait qu’elle passe à la maison prendre sa carte d’identité pour pouvoir récupérer la cagnotte. Mais en revenant chez elle, nous l’attendions tous pour lui faire la surprise. Elle était toute heureuse », se souvient Cédric. Ses proches ne tarissent pas d’éloge à son sujet. « Elle avait le cœur sur la main.  D’ailleurs elle était dans un groupe caritatif qui aidait les personnes en détresse et les jeunes », ajoute son cousin.

Il explique qu’Anoushka a toujours gardé le sourire malgré les imprévus subis dans sa vie professionnelle. « Au fil des années, elle a fait plusieurs boulots. Elle était malchanceuse car, en au moins deux occasions, alors qu’elle venait d’entamer un nouveau travail, elle avait été victime d’un accident de motocyclette. Elle a même un temps fait partie des sapeurs-pompiers mais a dû tout arrêter à cause d’une grave blessure », poursuit Cédric. La jeune femme, une fois rétablie, revenait à chaque fois encore plus forte, « elle ne baissait jamais les bras ». Il y a un an environ, elle a été embauchée au sein de la société Lab 51, une compagnie de publicité et de signalétique. Nul n’aurait pu présager que cette jeune femme allait périr dans de telles circonstances.

« Mo fami ki mo pu fer aster ! Kan monn tann sa monn telefone Anouska li pa pe reponn », ne cesse de répéter Mireille Martin, la mère de la victime, en larmes. Elle est dévastée par cette tragédie.

À Résidence La Caverne, à Vacoas, où habitait Fabrice Maurice, la famille du jeune homme est également désespérée par cette douloureuse perte. Ses proches se sont abstenus de tout commentaire.

Serge Riou, quant à lui, exerçait au département des ressources humaines au sein de la compagnie Lab 51. D’origine Française, le quinquagénaire, marié et père de famille, habite depuis quelques temps dans l’île. Son épouse est aussi sous le choc. Ses obsèques ont eu lieu vendredi, tout comme celles de Fabrice Maurice.

 

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