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Incendie de L’Amicale : les proches des victimes se confient

Incendie de L’Amicale
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Les proches des sept victimes qui ont péri dans l’incendie de L’Amicale se sont confiés au Défi Quotidien. Sanjeev Luckoo, dont le père est mort dans les flammes, était un des témoins du sinistre. Il était le croupier de service ce soir-là. L’homme de 48 ans estime qu’il s’agissait d’un incendie criminel.

Jacqueline Sophie : « Difficile de faire le deuil de ma fille »

Jacqueline Sophie

Jacqueline Sophie a du mal à digérer le départ tragique de sa fille. Jeannette Rambhoro était enceinte et devait accoucher deux semaines plus tard. Hélas, le destin en a décidé autrement. C’est dans sa modeste demeure que Jacqueline Sophie reçoit Le Défi Quotidien jeudi après-midi. Écrasée par le chagrin qui la ronge depuis 19 longues années, le regard perdu et la langue nouée, elle se remémore péniblement les dernières heures passées avec sa fille ce dimanche fatidique.

« Pourtant, je ne voulais pas qu’elle aille travailler ! » confie  Jacqueline avant de fondre en larmes. Avec le passage du temps, a-t-elle fait le deuil de sa fille ? « L’absence de Jeannette est ressentie quotidiennement au sein de la famille. C’est difficile de faire le deuil de ma fille. Si les quatre protagonistes sont à l’origine de l’incendie, ils paieront pour leurs actes devant Dieu. Au cas contraire, je demande à la police et aux autorités d’ouvrir les enquêtes nécessaires pour mettre la main sur les coupables qui courent peut-être encore dans la nature », exhorte Jacqueline Sophie.

Ramona Sophie et Laura Prudence, les sœurs cadettes de la victime, abondent dans le sens de leur mère : « Nous ne savons pas si les quatre individus sont coupables ou pas. Dieu est grand. Nous sommes convaincus que justice nous sera rendue un jour. »

Naseem Bohorun : « La plaie reste ouverte »

Naseem Bohorun
Naseem Bohorun, la sœur de Mohamad Fawzee Abdool Hakim.

Nassem Bohorun pleure toujours la perte de son frère aîné dans l’incendie de L’Amicale. Cette mère de famille de 45 ans réclame la réouverture de l’enquête afin de pouvoir regarder en face les coupables qui ont ôté la vie à ces sept personnes, y compris son frère.

« Je n’ai rien contre ceux qui ont été libérés. Mais la plaie reste ouverte. Quelqu’un est à l’origine de cet incendie meurtrier qui a coûté la vie à tant de personnes innocentes ! À quand la réouverture d’une enquête pour mettre la main sur les vrais coupables ? » se demande Nassem Bohorun.

Hayat, la sœur de Mohamad Fawzee Abdool Hakim.
Hayat, la sœur de Mohamad Fawzee Abdool Hakim.

L’habitante de Vallée-des-Prêtres relate que la disparition de son frère aîné a eu un impact considérable sur la famille. « Mes parents et une de mes sœurs, ravagés par la tristesse, ont perdu la vie quelques années plus tard. »

Mohamed Fawzee Abdool Hakim
Mohamed Fawzee Abdool Hakim

Mohamed Fawzee Abdool Hakim, alors âgé de 41 ans, est décrit comme un célibataire qui adorait la vie. « Mon frère était croupier. Il considérait la maison de jeu L’Amicale comme sa deuxième maison. Le jour de l’incendie, selon des témoins, mon frère plaisantait avec tout le monde, y compris avec Jeanette Rambhoro », explique Naseem Bohorun.

Sanjeev Luckhoo : « Le but de l’incendie était de tuer »

Sanjeev Luckhoo

Le fils de Babooram Luckhoo, Sanjeev, est l’un des témoins de l’incendie de L’Amicale. Le croupier, âgé de 29 ans à l’époque, relate que 200 personnes auraient pu perdre la vie ce soir-là. « Une trentaine, voire une quarantaine d’émeutiers avaient prit d’assaut la maison de jeu. Ce n’était pas un acte d’intimidation. Le but de l’incendie était de tuer. Je suis de ceux qui ont échappé à la mort », martèle-t-il.

Selon ses dires, le feu a éclaté vers 18 heures. En quelques minutes, l’immeuble s’est embrasé. Une épaisse fumée a envahi les lieux. « Nous avons pris l’escalier de secours. Nous avons forcé les volets roulants pour nous échapper. C’est une fois en dehors de l’édifice que je me suis rendu compte que mon père était resté prisonnier des flammes. »

« Les policiers présents m’ont interdit de retourner dans la maison de jeu pour sauver mon père », se souvient Sanjeev Luckhoo, avec regret. « J’espère que les vrais coupables seront derrière les barreaux un jour. L’incendie de L’Amicale a été un acte inhumain et impardonnable. Les coupables n’échapperont pas à la colère de Dieu », dit-il.

Sanjeev Luckhoo estime que l’enquête policière a mal débuté : « Les policiers auraient dû se baser sur les images des caméras CCTV placées en dehors de la maison de jeu pour assurer le bon déroulement de leurs investigations. »

Difficile de mettre la main sur Jean-Noël Lai Yau Tim

Le Défi Quotidien a vainement tenté de mettre la main sur Jean-Noel Lai Yau Tim, propriétaire de L’Amicale de Port-Louis. Il restait injoignable à son domicile. « Misie Lai Yau Tim pa la. Okenn so fami pa la », a répliqué un homme qui se présentait comme le vigile.

Des commerçants de China Town consternés

La libération des quatre condamnés n’enchante pas tout le monde. Certains commerçants de China Town se disent « déçus » et « consternés » que les détenus ont recouvré la liberté. Pour plusieurs d’entre eux, les quatre accusés ne sont pas aussi « innocents » qu’ils le prétendent.

Sous le couvert de l’anonymat, un commerçant raconte que le jour de l’incendie de L’Amicale, un client a interpellé l’un des accusés qui versait de l’essence sur son véhicule pour y mettre le feu. Ce qui lui a valu une protection policière pour assurer sa sécurité. « Comment peuvent-ils prétendre qu’ils sont innocents ? »

Une autre commerçante, qui a aussi été témoin de l’attaque, craint désormais pour la sécurité à China Town. « Sept personnes ont perdu la vie dans cet incendie. Avec la montée de la violence en raison de la drogue, le pays risque d’être davantage sens dessus dessous », déplore-t-elle.

 

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