Les familles angoissées des nombreuses personnes toujours portées disparues après le pire incendie qu'ait connu Hong Kong depuis des décennies écument les hôpitaux vendredi à la recherche des leurs tandis que les pompiers achèvent d'inspecter les derniers appartements du complexe résidentiel dans lequel ont péri au moins 94 résidents.
Des immeubles de 31 étages du complexe en cours de rénovation de Wang Fuk Court ne s'échappent plus qu'un peu de fumée, vestige du gigantesque brasier dans lequel les tours ont été prises mercredi après-midi, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Ces journalistes ont vu dans la matinée les secours charger à l'arrière de véhicules au moins quatre sacs mortuaires, contenant semble-t-il des dépouilles extraites des décombres. D'autres sacs mortuaires ont été déchargés à la morgue de Sha Tin, à environ 30 minutes de trajet du complexe résidentiel, selon les constatations de l'AFP.
Les autorités doivent permettre aux proches de venir identifier les leurs à Sha Tin à partir de 14H00 locales (6H00 GMT), a appris une journaliste de l'AFP sur place.
Après avoir maîtrisé le feu dans les sept immeubles touchés sur huit, les soldats du feu, mobilisés par centaines jour et nuit depuis deux jours, comptaient avoir pénétré dans tous les logements au cours de la matinée, quitte à en forcer les accès, a dit le directeur adjoint du service de lutte contre les incendies, Armstrong Chan.
Les autorités ont porté jeudi soir à 94, dont un pompier, le nombre de personnes tuées dans le pire incendie qu'ait connu Hong Kong depuis 1948. Un nombre indéterminé de personnes sont toujours portées disparues.
La tragédie a donné lieu à d'innombrables et douloureux récits de l'épreuve subie dans la fournaise et la panique ou au moment de l'identification des victimes.
Mme Wong, 38 ans, raconte en pleurs faire le tour des hôpitaux à la recherche de sa belle-soeur et de la soeur jumelle de celle-ci.
Jeudi, elle s'est rendue en vain avec sa soeur à une opération d'identification à partir de photos des victimes. "J'ai le coeur fragile et je ne pensais pas être capable de regarder les photos" de ses proches si elles étaient décédées, rapporte-t-elle.
Elle a repris un peu d'espoir en entendant parler de victimes inconnues admises en soins intensifs à l'hôpital Prince of Wales.
Mais "on est toujours sans nouvelles", se lamente-t-elle.
Le drame a causé un choc dans le territoire à statut spécial de la Chine, et rappelé sa vulnérabilité due à sa densité. Il a déclenché un vaste élan de solidarité.
Il a aussi provoqué un examen des conditions de construction et la promesse d'une enquête pour corruption. L'usage d'échafaudages en bambou et l'emploi de matériaux synthétiques aisément inflammables a probablement accéléré la propagation du feu.
Plus de 50 personnes sont toujours hospitalisées, dont 12 dans un état critique et 28 dans un état grave.
Des habitants du complexe de près de 2.000 logements inuaguré en 1983 dans le quartier de Tai Po, dans le nord de Hong Kong, ont dit à l'AFP n'avoir entendu aucun signal d'alarme, et avoir dû frapper aux portes pour prévenir leurs voisins.
"Le feu s'est propagé si vite...", a dit un homme nommé Suen. "Sonner et frapper aux portes, leur dire de s'enfuir - c'était comme ça", a-t-il dit.
La police a annoncé avoir arrêté trois hommes, soupçonnés de "grossière négligence", après la découverte de matériaux inflammables abandonnés lors de travaux et qui ont permis au feu de "se propager rapidement", par vent soutenu. Le niveau exact de leur implication dans le départ du feu n'est pas clair.
Le dirigeant John Lee a annoncé une inspection de tous les grands chantiers de rénovation de la ville. Le numéro deux du gouvernement de Hong Kong, Eric Chan, a pour sa part jugé "impératif d'accélérer la transition complète vers les échafaudages métalliques".
L'incendie pourrait aussi avoir des conséquences sur la passation et l'exécution des marchés du bâtiment.
"Vu le retentissement immense dans l'opinion, un groupe de travail a été mis place pour lancer une enquête approfondie sur de possibles faits de corruption dans le grand projet de rénovation de Wang Fuk Court à Tai Po", a déclaré la Commission indépendante contre la corruption de Hong Kong dans un communiqué.
La société de courses hippiques de Hong Kong, une institution centenaire, a annoncé vendredi que ses courses de dimanche à Sha Tin se dérouleraient huis-clos et que les jockeys porteraient des brassards noirs en signe de deuil.
Hong Kong, qui compte 7,5 millions d'habitants, affiche une densité moyenne de plus de 7.100 habitants au kilomètre carré. Un chiffre jusqu'à trois fois supérieur dans les zones les plus urbanisées.
En raison de l'exiguïté du territoire, une profusion de tours d'habitation pouvant compter plus de 50 étages ont été construites.
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