Les caractéristiques de l’hôtel Anantara à Le Chaland sont uniques. L’hôtel qui se situe dans le sud-est de l’île mise sur la protection de l’environnement et la promotion de la culture locale et des pratiques saines.
Dix ans. C’est le nombre d’années qui sépare l’octroi du premier permis EIA du projet qui date de 2009 et le soft launch de l’hôtel le 1er septembre 2019. Après trois mois d’opération, le groupe a décidé d’inviter la presse mauricienne pour une visite guidée des lieux. Lors de cet exercice de communication, l’emphase a été mise sur les mesures prises par le groupe et la direction de l’hôtel afin d’éliminer l’impact de leur opération sur l’environnement immédiat du site.
Se trouvant dans le parc marin du sud-est de l’île, l’hôtel Anantara n’autorise pas les activités nautiques impliquant des hors-bords et autres moteurs. Aucuns produits chimiques ou autres déchets en plastique ne sont utilisés. Le plus important, c’est que le projet respecte les conditions de son rapport EIA, soit aucune construction dans les 100 mètres à partir du high water mark. Et ce, contrairement à d’autres hôtels dont la distance est de seulement 30 mètres. De plus, la plage est restée publique, la partie existante de végétation en bordure de plage est restée vierge. Sur la plage, il n’y a ni transats ni d’objets apparte-nant à l’hôtel. Selon la direction de l’hôtel, les Mauriciens peuvent librement y circuler.
Le General Manager d’Antara Mauritius, Coetzer Deysel, précise que « la plage n’est pas le plus grand atout de l’hôtel. C’est plutôt le côté écolo, c’est-à-dire la protection de l’environnement et la promotion de la culture locale et des pratiques saines ». Ce dernier tient à faire ressortir que c’est la nouvelle clientèle. « Les touristes sont très concernés par la protection de l’environnement. D’ailleurs, les nombreux commentaires que nous avons reçus de la part de nos clients sont positifs sur les caractéristiques uniques de l’hôtel », explique Coetzer Deysel.
La piscine commune est un exemple des mesures phares de l’hôtel pour protéger l’environnement. L’eau est traitée avec de l’ozone et non avec du chlore, cela afin de ne pas affecter la flore et la faune du site. De plus, les crèmes solaires et autres lotions utilisées dans le spa ne contiennent aucuns produits chimiques.
À savoir que cet hôtel cinq-étoiles dispose de 164 chambres qui se différencient en trois catégories : les suites avec vue sur mer ou sur jardin. Les chambres doubles et les chambres simples. Huit villas sont tou-jours en construction à l’entrée de l’hôtel. Elles seront prêtes au début du second trimestre de 2020. L’hôtel est doté d’un spa, d’un restaurant principal, de deux bars et d’un restaurant « Sea. Fire. Salt. » L’établissement emploie 138 personnes, dont plus de 100 résidents dans la région du Sud-Est.
Un projet qui a suscité de nombreuses contestations
Le projet a subi beaucoup de contestations depuis l’octroi de son premier permis EIA en 2009. Les choses se sont corsées en 2015 quand le groupe Currimjee a obtenu son Building and Land Use Permit. Georges Ah-Yan, du Forum Citoyens Libres, a alors demandé une injonction contre le projet devant le tribunal de l’environnement. En décembre 2016, le jugement du tribunal donne gain de cause au groupe Currimjee. Georges Ah-Yan fait alors appel en Cour suprême. Il essuie un nouveau revers en 2017. Entre-temps, le Collektif Aret Kokin Nou Laplaz fait lui aussi appel au tribunal de l’environnement. De ce fait, le projet accuse un retard de 19 mois avec des pertes estimées à Rs 200 millions. D’ailleurs, une affaire traîne toujours : un des contestataires veut porter le cas devant le Privy Council.
Dinesh Burrenchobay, Managing Director du Chaland Resort Village : «Les épreuves juridiques nous ont permis de grandir»
L’hôtel est opérationnel depuis septembre 2019. Quelle analyse faites-vous de ces trois mois ?
Le début a été un peu lent, mais il y a eu une progression durant les mois de novembre et décembre. Peu après son ouverture, cela prend du temps à un hôtel de se faire connaître sur le marché. Cependant, je suis persuadé qu’en 2020 nous allons faire de meilleurs chiffres.
La construction à 100 mètres du « high water mark » est-il un désavantage ?
Le feedback que nous recevons est que le touriste mauricien ou étranger ne voit aucun inconvénient de ne pas pouvoir se prélasser sur un transat sur la plage. D’ailleurs, tous nos transats se situent à l’extérieur de la zone de 100 mètres. Ce qui nous permet d’aménager des espaces de relaxation à l’ombre des filaos. Quand les touristes ont envie d’aller nager, ils peuvent le faire comme tout Mauricien. À ce stade, il y a plus de feedbacks positifs que négatifs sur cette question.
Et quel a été l’impact des contestations juridiques ?
En tant que groupe, nous regardons résolument vers l’avenir. Nous avons eu 19 mois de retard sur le projet à cause des contestations. À ce jour, toutes les affaires en cour ont été rayées, sauf celle d’un contestataire qui souhaite se rendre au Privy Council. Cependant, ces épreuves nous ont renforcis en tant que groupe hôtelier. Les choses que nous avons a apprises seront mises en pratique. Nous n’utilisons pas de pailles en plastique et ne proposons pas d’activités motorisées dans le lagon. D’ailleurs, il n’y a pas de demande pour cela.
L’hôtel se dit eco-friendly...
Oui. En sus des mesures que j’ai mentionnées plus haut, nous traitons les eaux usées que nous produisons, mais aussi celles de la Coast Guard Training School. En 2020, nous envisageons de traiter les eaux usées de la plage publique. Cette eau sera réutilisée pour l’irrigation. Nous faisons aussi beaucoup de recyclage. Nous sommes résolument différents des autres hôtels. Comme produit, nous présentons l’authenticité du sud-est de l’île. D’où la protection de cette authenticité. Nous travaillons avec deux gros ONG mauriciennes : Reef Conservation et la Mauritius Wildlife Foundation. De plus, on éduque les clients sur la nécessité de protéger l’environnement.
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