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Imran Dhannoo : «Le ratio d’éducateurs et de travailleurs sociaux reste extrêmement faible»

Malgré les efforts des ONG et des autorités, la problématique de la drogue persiste. Quels sont les principaux défis que vous rencontrez dans la réhabilitation et la réinsertion des personnes dépendantes ?
Les défis sont multiples : chez nous, il existe deux catégories de patients. D’une part, ceux qui se joignent au programme de la méthadone. On a noté que, parmi ce groupe, une fois sous méthadone, ils ne sont pas réguliers dans leur suivi au centre, ce qui rend difficile l’entame d’un programme de réhabilitation.

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D’autre part, certains commencent par une cure avant d’entamer leur période de réhabilitation, en fonction de leur niveau de dépendance. Il arrive toutefois qu’ils fassent preuve d’irrégularité, notamment parce qu’ils travaillent et ne peuvent pas être assidus à leur programme de réhabilitation.

Au niveau de la réinsertion, le principal problème réside dans la difficulté qu’ils rencontrent pour obtenir un emploi après avoir terminé leur cure et leur période de réhabilitation. Il faut garder à l’esprit que la quasi-totalité des consommateurs de drogues illicites ont un casier judiciaire chargé, ce qui joue contre eux.

Les structures actuelles d’accompagnement sont-elles suffisantes pour assurer une réinsertion durable des anciens toxicomanes ? Que faudrait-il améliorer ?
Sans nul doute, il faudra augmenter le nombre de structures disponibles pour faciliter la réhabilitation des usagers de drogues. Au fil des années, ce nombre a significativement augmenté, mais les services existants peinent à répondre à leurs besoins grandissants.

Il sera donc nécessaire d’accroître la capacité des structures actuelles en leur allouant des moyens financiers supplémentaires. À Maurice, le nombre de personnes travaillant dans les centres de réhabilitation est inférieur à une centaine, tandis que le nombre de consommateurs problématiques est estimé entre 100 000 et 150 000. Ainsi, le ratio d’éducateurs et de travailleurs sociaux par rapport aux toxicomanes reste extrêmement faible.

Comment évaluez-vous l’impact des politiques publiques sur votre travail de réhabilitation ? Les autorités apportent-elles un soutien suffisant aux ONG engagées dans ce combat ?
Nous sommes très reconnaissants envers l’État pour sa contribution financière à notre programme de réhabilitation. Sans son apport, nous ne serions pas en mesure de mener à bien notre travail. Évidemment, il sera nécessaire d’augmenter davantage sa contribution et d’investir considérablement dans nos ressources humaines.

Sans ressources humaines du côté des centres, nous ne pourrons pas accomplir cette tâche ni retenir notre personnel dans ce domaine très technique et exigeant. Si nous voulons professionnaliser les programmes de réhabilitation, il faut investir. Nous appelons le secteur privé à s’engager davantage dans ce combat. En réhabilitant les personnes, nous renforçons le capital humain de la population, qui est notre ressource clé dans le pays.

 

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