La dépression tropicale Carlos s’en est allée. Elle laisse derrière une trainée de nuages, bénéfiques pour l’agriculture et les réservoirs. L’économie en sort gagnant, d’autant plus que le mauvais temps n’a eu aucune incidence sur les affaires.
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« Depuis 10h15, ce mardi, Maurice n’est plus en alerte cyclonique. Et ces deux derniers jours, la plupart des entreprises ont pu gérer l’impact de Carlos sur leurs affaires. Il n’y a pas eu d'arrêt économique dans le pays », affirme Pradeep Dursun, Chief Operating Officer de Business Mauritius, organisation représentant le secteur privé, dans un entretien accordé dans la journée du mardi 7 février.
Et d’ajouter : « En moyenne, un jour de perdu à cause des intempéries ou autres raisons représente un manque à gagner de quelque Rs 650 millions. Mais encore là, il faudrait que tous les services - incluant le port et l’aéroport - soient fermés. Force est de constater que ces retards peuvent être rattrapés grâce à l’étroite collaboration entre la direction et les employés. »
Maurice possède une économie avec un Produit intérieur brut (PIB) estimé à quelque Rs 435 milliards cette année, selon Statistics Mauritius. Le pays disposait d’une main-d’œuvre de 536 300 à la fin du troisième trimestre de 2016. Les principaux secteurs économiques sont ceux des services - tourisme, administration et finances - avec peu d’exposition aux intempéries. De fait, les sociétés peuvent assurer la continuité des opérations.
« Avec la modernisation des entreprises et l’adoption de nouvelles normes, les entreprises ont commencé à concevoir et mettre en place des protocoles et des plans de travail dépendant du niveau d’alerte dans le pays. Ces protocoles, visant à assurer la continuité dans les affaires, sont désormais en écrit et communiqués aux différents départements », fait ressortir Pradeep Dursun.
« De par sa position géographique, Maurice est toujours à la mercie d'intempéries tels que les cyclones et des inondations en cas de fortes pluies. Que ce soit le public ou les entreprises, nous sommes habitués à ces situations en période estivale. Le pays dispose de diverses organisations et instances qui se rencontrent et qui communiquent au public l’évolution du temps à intervalles régulières. Et personne ne peut venir affirmer, aujourd’hui, qu’elle a été prise au dépourvu par le temps inclément. »
La dépression Carlos est la première à avoir eu une incidence sur le train-train quotidien en jour de semaine, dont la fermeture des établissements pré-primaires, primaires et secondaires pendant deux jours. Et les bulletins venant de la station météorologique n’ont pas été à la satisfaction de tout un chacun, créant une certaine incertitude.
« Les prévisions météorologiques évoluent d’heure en heure. Le système actuel, malgré ses mérites, a beaucoup de limitations. On souhaiterait quand même que ce service public s’améliore en se dotant des derniers équipements et adopter les technologies de pointe pour répondre aux attentes. Le pays en sortira gagnant encore plus », estime le COO de Business Mauritius.
Industrie sucrière : la pluviométrie, une épée à double tranchant
Si les pluies apportées par le cyclone Carlos sont bénéfiques aux plantations de canne se trouvant dans certaines régions de l’île notamment dans le Nord, elles sont, toutefois, néfastes dans d’autres endroits du pays.
Tous les planteurs et producteurs sont unanimes. Les champs de canne avaient bien besoin d’une bonne dose de pluies après plusieurs mois de sècheresse. « Les pluies actuelles ne peuvent qu’être bénéfiques. Jusqu’à présent, on manquait d’eau dans les champs. Ce qui a d’ailleurs affecté l’élongation de la canne – qui est de 40 % moins élevée comparativement à la même période en 2016 – dans certaines régions du pays. Toutefois, il est encore trop tôt pour savoir si ces pluies permettront à l’industrie de rattraper le retard de l’an dernier », explique Jacques D’Unienville, le CEO d’Omnicane.
Si dans le Nord, on se réjouit de la pluie, ce n’est toutefois pas le cas dans d’autres régions. « La pluie devient néfaste quand elle est en excès. Ce qui est le cas dans le Sud. La stagnation d’eau pourrit les racines, affectant du coup la production », explique Madhoosoodhun Motah, un planteur de canne qui compte une trentaine d’années d’expérience. Ce dernier, dont la plantation est étendue sur une trentaine d’arpents, prévoit une production réduite de l’ordre de 25 % avec la pluviométrie enregistrée ces derniers jours. Salil Roy, le président de la Planters Reform Association, a les mêmes appréhensions. « Il y a en effet un excès de pluies dans le Sud, l’Est et sur les plateaux. Cela aura un impact sur le rendement de la canne », prévient-il.
« Ce sont les conséquences de trop de pluies en peu de temps. C’est un problème majeur qui sera sujet de consultation », ajoute, pour sa part, Jacques D’Unienville.
Au niveau de la Chambre d’Agriculture, on indique que toutes les données sur les effets de la pluie dans les champs seront recueillis cette semaine. Or, ce n’est qu’au mois de mai qu’elle fera connaître ses prévisions pour la récolte de 2017. À savoir que l’an dernier, 385 757 tonnes de sucre avaient été produites (données provisoires) contre 366 070 en 2015.
La production des fleurs affectée à 50 %
Carlos a certes été bénéfique pour nos réservoirs de par son apport en eau, mais il n’en reste pas moins que les cultures de légumes et de fleurs ont été plus ou moins affectées.
La production locale des fleurs a été affectée à 50 % et pourrait atteindre 75 % si le mauvais temps persiste, se plaint Sudesh Mahadewa, marchand de fleurs au marché de Rose-Hill et dont la plantation se trouve à St-Pierre. Il estime ses pertes à Rs 300 000, mais pourraient être plus conséquentes si les grosses pluies persistent.
Les fleurs les plus affectées, dit-il, sont, entre autres, le guinda, l’hortensia. Deux fleurs qui sont les plus utilisées pour le Cavadee, fait-il remarquer. Il craint une pénurie de ces fleurs pour cette fête tamoule. Il explique que les prix sont passés de Rs 20 à Rs 25. « Je ne veux pas pénaliser les dévots », dit-il.
Sudesh Mahadewa se plaint aussi qu’une grande partie de ses serres ont été endommagées et qu’une grande partie de ses fleurs, dont les roses et les gerberas, ont été abimées. Il n’écarte pas qu’un bouton de rose puisse coûter entre Rs 75 et Rs 100 pour la Saint-Valentin alors que normalement, il devrait coûter Rs 50.
Toutefois, notre interlocuteur ne prévoit pas de hausse de prix pour les fleurs importées par avion. Toutefois, dit-il, en raison du cyclone, il y a eu un retard dans la livraison.
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