Le réveil sera brutal pour certains le mercredi 16 mai avec les nouveaux prix à la pompe – Rs 52 pour le litre d’essence et Rs 41,90 pour le diesel. Cette majoration des prix des carburants ne sera pas sans conséquence. Nos trois intervenants font le point.
Ganessen Chinnapen, économiste : « Les options pour atténuer la hausse ne manquent pas »
« La hausse des prix est inévitable. Mais une telle augmentation représente un coup de massue avec des effets dévastateurs sur l’ensemble de l’économie. La population se voit déjà affectée par l’effet domino de la hausse. Des secteurs-clés, comme le tourisme, devront passer la forte majoration à leurs clients. Le pays aurait pu s’en passer d’une telle situation. Les options ne manquent pas. Voyons ce qu’a fait la State Trading Corporation.
Elle a adopté dans son intégralité un mécanisme de fonds de stabilisation, commun dans les pays en voie de développement. Dès que le fonds arrive à un niveau de déficit, on passe l’intégralité de la hausse aux consommateurs. On aurait pu mettre en place un système qui est plus adapté aux spécificités mauriciennes. Par exemple, la hausse aurait pu être de 5 %. Dans une telle conjoncture, on aurait dû éliminer des prélèvements pour la Road Development Authority, par exemple.
Or, nous avons opté pour un modèle trop rigide. D’autre part, le gouvernement devrait préciser le fond de sa pensée sur l’utilisation de ces diverses taxes et prélèvements. Est-ce que l’argent sera utilisé pour subventionner le Metro Express ou rembourser les lignes de crédit obtenues de l’Inde pour ce projet ? »
Suttyhudeo Tengur, président de l’APEC : « La classe moyenne le grand perdant »
Président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC), Suttyhudeo Tengur, affirme d’emblée que la classe moyenne prend « un sale coup en pleine figure ».
« La classe moyenne est le poumon de toute l’économie. Avec la hausse, elle s’asphyxie. Prenons l’exemple des parents qui cotisent pour envoyer les enfants à l’école par taxi. Il y aura une révision à la hausse. La classe moyenne souffrira. Avec 10 % de majoration, les prix seront revus. Certains s’en serviront comme prétexte pour augmenter les prix à leur guise. Maurice est entré dans un cycle infernal, une crise. Si nous ne faisons pas attention, les dégâts seront conséquents à l’avenir. La colère au sein de la population enfle. Une hausse de 10% a un effet multiplicateur sur l’ensemble du pays. Les producteurs seront contraints de passer le coût additionnel aux consommateurs et la classe moyenne sera le grand perdant. La croissance économique prendra un sacré coup ».
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