L’ancien centre commercial reste dans les limbes administratives. Entre un projet de terminal urbain qui n’avance pas, un appel d’offres jamais lancé et des discussions institutionnelles qui s’éternisent, le bâtiment se dégrade au point de devenir dangereux.
Décembre 2023 : les autorités évoquent deux scénarios pour l’Atrium de Rose-Hill – démolition ou intégration au futur terminal urbain. Décembre 2025 : aucune décision n’a été prise. Entre-temps, l’ancien centre commercial, autrefois populaire dans les villes-sœurs, s’est tellement dégradé que des gravats se détachent de sa façade, menaçant passants et automobilistes.
« Vu que des gravats se détachent du bâtiment et que cela représente un véritable danger pour le public, nous avons entamé une opération de sécurisation », explique Gabriella Batour, maire de Rose-Hill. L’intervention a démarré le dimanche 21 décembre 2025, avec la collaboration de la police – qui a assuré une déviation sur la rue Sir Virgil Naz –, des pompiers et d’une équipe municipale. L’objectif immédiat : éviter un accident sur cet axe très fréquenté, surtout en période de fin d’année.
Mais cette opération d’urgence ne fait que traiter le symptôme. Le problème de fond demeure : que faire de l’Atrium ? Et surtout, qui décide ?
En décembre 2023, la logique semblait pourtant claire. Selon une source proche du dossier, malgré un consensus initial en faveur d’une démolition, le « demolition order » n’avait finalement pas été émis. L’idée était de laisser au promoteur sélectionné par l’État, dans le cadre du futur terminal urbain de Rose-Hill, le choix de conserver la structure pour l’intégrer au projet ou de la faire disparaître pour reconstruire à neuf.
Sous contrôle public
L’un des facteurs avancés à l’époque : le coût. Démolir un bâtiment de plusieurs étages, situé au cœur d’un environnement bâti dense, risquait de coûter plusieurs dizaines de millions de roupies, l’opération étant jugée complexe, et donc forcément onéreuse. Mieux valait, estimait-on, laisser cette décision au futur promoteur.
Sauf que le promoteur n’est jamais arrivé. « À ce jour, aucun processus n’a été enclenché et aucun appel d’offres n’a été lancé », confirme Gabriella Batour. Le « request for proposal » (RFP) évoqué en 2023 est resté dans les cartons.
Entre-temps, la situation juridique s’est pourtant clarifiée. L’Atrium est passé sous contrôle public après un exercice d’acquisition forcée (« compulsory acquisition ») mené par le ministère du Logement et de la Planification du territoire en 2024. Le bâtiment, géré par une société incorporée le 1er avril 1993, comptait environ 82 propriétaires et avait été laissé à l’abandon depuis plusieurs années, notamment après avoir été placé en redressement judiciaire.
Devenu propriété de l’État, l’Atrium aurait dû voir son sort se décanter. Mais la maire de Rose-Hill souligne que la mairie se trouve à ce stade en phase de discussions institutionnelles. « Normalement, le bâtiment relève du ministère des Collectivités locales, et un projet existait pour l’intégrer au terminal urbain de Rose-Hill. Nous devons reprendre les discussions à ce sujet afin de déterminer la marche à suivre pour ce bâtiment datant des années 90 », avance-t-elle.
Reprendre les discussions. L’expression dit tout : après deux ans, rien n’a véritablement avancé. Le bâtiment appartient à l’État, mais qui en a la charge ? Qui décide de son avenir ? Le ministère du Logement qui l’a acquis ? Le ministère des Collectivités locales dont il relève « normalement » ? La mairie qui doit gérer les conséquences de son abandon ? Le flou persiste.
Procéder par étapes
« Dans l’immédiat, la sécurisation est essentielle, car cette rue est très fréquentée par les passants et les automobilistes, surtout en cette période de fin d’année », insiste Gabriella Batour, repoussant à plus tard les questions structurantes sur l’avenir du bâtiment.
Détail moins connu : le bâtiment n’est pas totalement vide. « Il y a toujours deux locataires dans le bâtiment de l’Atrium et les dispositifs pour sécuriser le bâtiment sont aussi pour eux », indique la maire. « Des dispositions ont été prises pour ces locataires. Ils devront être relocalisés lorsque des décisions seront arrêtées quant à l’avenir du bâtiment », ajoute-t-elle, sans préciser ni leur situation exacte ni le calendrier de relogement.
En attendant une décision structurante, la mairie avance donc par étapes : d’abord sécuriser, ensuite relancer les discussions avec le ministère concerné, puis trancher le sort du bâtiment dans le cadre – ou non – du terminal urbain. Pour l’heure, un constat demeure : de décembre 2023 à décembre 2025, l’Atrium reste en sursis.
« Le bâtiment est en état de décrépitude », résume sobrement la maire. Une décrépitude qui s’accélère pendant que les institutions discutent. Il faudra probablement attendre 2026 pour savoir si ce bâtiment, symbole de l’abandon urbain, sera enfin intégré à un nouveau projet… ou définitivement effacé du paysage de Rose-Hill.





