Le bureau du Premier ministre enquête sur 11 cas de mariage blanc entre des Mauriciens et des étrangers, enregistrés entre janvier et juillet 2017. Au niveau du Passport and Immigration Office, l’assistant surintendant de police Narendrakumar Boodhram explique qu’un « profiling » strict est fait avant l’octroi des permis de résidence. Enquête.
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Les mariages blancs, aussi connus comme des mariages de complaisance, gagnent du terrain à Maurice. Si certains échappent aux filets des autorités, notamment du Passport and Immigration Office (PIO) et du Prime Minister’s Office (PMO), les moins chanceux, en revanche, se font prendre immédiatement durant les interrogatoires qui ont lieu lors de l’octroi du Residence Permit. Ce permis de résidence est d’une durée indéfinie, jusqu’au décès d’un des partenaires.
Des sources au PMO confient que 11 cas soupçonnés d’être des mariages blancs (contractés entre de jeunes Mauriciennes et des quadragénaires, quinquagénaires et sexagénaires étrangers) ont été enregistrés entre janvier et juillet de cette année. Ces étrangers, qui n’ont pu fournir des renseignements clairs aux officiers de l’immigration, n’ont pas obtenu de permis adéquats les autorisant à séjourner pendant longtemps aux côtés de leurs « épouses » à Maurice. Ils sont d’origine française, belge ou nigériane. Les officiers du PMO soulignent qu’une bonne partie des étrangers qui contractent des mariages blancs avec des locaux se sont séparés de leurs conjoints.
« Le mariage blanc n’est pas un délit en soi, car c’est un phénomène mondial. C’est plutôt un délit moral dans le sens où il s’agit d’un mariage de complaisance permettant à un étranger de résider sur une terre étrangère », explique-t-on au PMO. À Maurice, précise nos sources, avant l’octroi des permis de résidence, les officiers de la sécurité nationale mènent une enquête approfondie sur la future belle-famille de l’étranger, ainsi que sur le milieu dans lequel ils évoluent.
Avant cela, poursuit-on, les officiers des services de l’immigration affectés au Spouse Section effectuent un travail de fourmi en cherchant, à travers Interpol, toutes les informations relatives à l’étranger. « Grâce à ces données, les officiers vérifient notamment si le ressortissant étranger a déjà eu des démêlés avec la justice de son pays et si son temps de séjour a été respecté », précise le bureau du Premier ministre.
Selon nos recoupements, ceux qui ont tendance à contracter des mariages blancs à Maurice sont des Indiens, des Nigérians, des Belges et des Français. Les serveurs des services de l’immigration ont également enregistré 69 cas de divorce depuis le début de l’année. Certains étrangers sont déjà retournés dans leur pays natal, tandis que d’autres sont toujours à Maurice et se sont remariés avec des Mauriciennes.
À chacun sa ruse
Des officiers basés auprès dudit organisme expliquent, sous le couvert de l’anonymat, que les étrangers qui contractent des mariages blancs dans le pays sont principalement des Africains et des Européens. « Ils ont chacun leur mode opératoire », disent les officiers. Les Occidentaux, poursuivent-ils, arrivent à l’aéroport de Plaisance avec des visas de touristes et entament les démarches nécessaires auprès de l’état civil et du PIO pour les procédures de mariages.
Plusieurs facteurs
« Mais les Africains emploient une autre astuce. Ils sont principalement originaires du Nigeria. Un, voire plusieurs de leurs compatriotes domiciliés à Maurice agissent comme des facilitateurs. Une fois à Maurice, les Africains dégotent des visas d’étudiants. Ils vont à la rencontre de leurs contacts et ces derniers s’arrangent pour leur trouver des épouses. En retour, les étrangers déboursent entre Rs 20 000 et Rs 50 000 pour les procédures entourant le mariage », explique-t-on.
Rencontré à son bureau, l’assistant surintendant de police (ASP) Narendrakumar Boodhram, patron du PIO, avance qu’il y a plusieurs facteurs pouvant justifier le phénomène des mariages blancs au pays. Il y a, précise-t-il, la stabilité économique à Maurice, des opportunités d’emploi et la possibilité pour que des étrangers fassent du business.
« Les officiers de l’immigration effectuent un contrôle rigoureux lors des exercices entourant l’octroi des permis de séjour nécessaires à l’aéroport de Plaisance. Le ressortissant étranger est soumis à une salve de questions et tous ses documents sont vérifiés. Les officiers de la sécurité nationale s’occupent également du dossier en menant une enquête approfondie sur la personne qui a été promise en mariage. Ces renseignements sont transmis au bureau du Premier ministre et ledit organisme se réserve le droit d’annuler toute union qui paraît louche », explique le patron du PIO.
De janvier à ce jour, l’état civil a enregistré 22 cas de mariages comprenant des Mauriciens avec des ressortissants étrangers. La majorité des étrangers qui se sont unis pendant ce laps de temps sont originaires de France, d’Italie, de Suisse, de Belgique, du Nigeria, d’Afrique du sud, d’Inde et de Chine.
Permis de résidence et citoyenneté
L’article 5 (1) C de l’Immigration Act est clair concernant les mariages entre Mauriciens et étrangers. Une fois les procédures d’union complétées, les services de l’immigration octroient un permis de résidence permanent (Resident Permit ; NdlR) au ressortissant étranger ou à la ressortissante étrangère.
Mais ce dernier ou cette dernières a un délai de six mois pour plier bagages en cas de divorce. Passé ce laps de temps, les étrangers deviennent des clandestins et les officiers du Passport and Immigration Office se réservent le droit d’enclencher les procédures de rapatriement.
En revanche, l’article 7 du Mauritian Citizenship Act stipule qu’un ressortissant étranger est éligible à postuler pour obtenir la citoyenneté mauricienne après quatre ans. Le bureau du Premier ministre se réserve aussi le droit d’accepter ou de rejeter sa demande.
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