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Ils sont en quarantaine : pas de dérogation pour visiter leur père mourant

Christophe et Bruno avec leur père Louis Teddy Gerie.
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Un dernier adieu à leur père mourant. C’est le vœu le plus cher de Christophe, Bruno et Roselyne. Ces derniers sont en ce moment en quarantaine alors que leur père, qui est atteint d’un cancer généralisé, vit ses derniers jours selon son médecin traitant. Ses enfants lancent un cri de cœur pour pouvoir le voir pendant au moins une heure. 

12 000 kilomètres. C’est la distance parcourue par les trois enfants de Louis Teddy Gerie pour le voir. Ils ont pris l’avion de France et sont en ce moment en quarantaine. Leur père de 81 ans est en ce moment dans une clinique privée. Selon son médecin, il n’y a malheureusement plus rien à faire. Le patient qui souffrait d’un cancer de la prostate depuis deux ans, avait arrêté la chimio et était rentré au pays. Il disait à ses enfants qu’il voulait mourir dans son île natale et être enterré auprès de ses parents. 

Cela fait donc quelques mois que Teddy était de retour à Maurice. Séparé de son épouse, il habitait à Tranquebar. Il y a quelques jours, le 4 janvier, il est tombé très malade. Il essaie de contacter sa fille via videocall cependant, avant même de pouvoir lui expliquer ce qu’il a, il s’effondre. Paniquée Roselyne appelle immédiatement quelques personnes qui vivent aux alentours et ces derniers passeront au-dessus du mur pour découvrir le vieil homme au sol. Il a tout de suite été conduit à la clinique. 

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Roselyne envoie un SOS.

Depuis, il est aux soins intensifs. « Selon le médecin, le cancer de la prostate s’est généralisé et il a fait une crise. Malheureusement elle sera mortelle, puisque les médecins avancent qu’il va s’en aller dans les jours à venir. Lorsque ma mère nous a fait part de la mauvaise nouvelle, nous avons tout de suite entrepris les démarches pour rentrer à Maurice », explique Christophe, la quarantaine. Ce dernier habite en France ainsi que son frère, alors que sa sœur qui habite l’île La Réunion était en vacances en France. 

Roselyne a donc pu rentrer à Maurice dès le 5 janvier tandis que les deux frères sont arrivés le 7 janvier. Depuis, ils sont tous en quarantaine et prient que leur père tienne le coup. « Comme ma mère a 76 ans, elle est trop âgée pour se rendre à la clinique tous les jours. Elle habite à Flic-en-Flac. Nous avons donc contacté une association pour prendre soin de lui. À travers elle, nous arrivons à avoir de ses nouvelles plusieurs fois pendant la journée. Nous savons qu’il attend que nous venions le voir. Nous avons déjà évoqué le sujet avec lui. Il nous avait dit qu’il souhaiterait nous tenir la main pendant les dernières heures de son existence et savoir qu’il est mort entouré de ses enfants. » 

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Christophe et Bruno lancent un appel au ministre.

La mort a déjà frappé cette fratrie il y a deux ans. Elle avait perdu un de ses frères, ce qui leur a laissé un très mauvais souvenir. « Quand nous sommes arrivés, il était déjà dans un cercueil. Aujourd’hui, nous ne voulons pas voir notre père dans un cercueil sans avoir eu l’occasion de lui dire au revoir. Ce serait vraiment très dur. Savoir que nous étions à 12 000 km et que maintenant nous ne sommes qu’à 30 minutes, nous ne pourrons pas accepter cela. » 

Ainsi les trois enfants ont adressé une demande pour une dérogation au ministère de la Santé. « Nous avons adressé un courrier au ministère et une lettre au ministre. Nous ne demandons pas de ne pas faire de quarantaine. Nous tenons à préciser que nous comprenons très bien les mesures sanitaires imposées par le gouvernement et nous saluons tous les efforts qui sont faits pour que Maurice demeure une île sans Covid-19. Nous ne demandons pas non plus que les autorités mettent fin à notre quarantaine. Sachant que d’autres personnes ont obtenu une dérogation pour assister aux funérailles de leurs proches, nous voulons simplement en avoir une pour voir notre père pendant au moins une heure. »

Christophe explique qu’ils sont prêts à suivre toutes les conditions qui seront exigées par le ministère :  « Nous savons que des préposés et des policiers avaient accompagné les personnes pour les funérailles. Nous sommes d’accord s’il faut porter des combinaisons, des gants, des bottes, tout ce qu’il faut pour que personne ne soit en contact direct avec nous. Nous ferons absolument tout pour le voir avant qu’il ne meure. Je saurai alors que je l’ai vu, que j’ai pu lui dire au revoir et je reviendrai tranquillement à l’hôtel pour terminer ma quarantaine par la suite. »

Kavish Pultoo du ministère de la Santé : « Aucune exception ! »

En l’absence du Dr Catherine Gaud, Kavish Pultoo, attaché de presse au ministère de la Santé a tenu répondu à nos questions. Il explique que la quarantaine est obligatoire,  pour toute personne qui foule le sol mauricien et ce, jusqu’à nouvel ordre. « De plus, d’autres conditions bien strictes sont exigées.  Par exemple, il faut que la personne fasse un test PCR 7 jours avant son départ pour Maurice et que le test soit négatif ». dit-il. 

Il explique qu’un arrivant à Maurice, toutes les personnes sont une nouvelle fois soumise à des tests PCR, le jour de leur arrivée, puis après 7 jours et après 14 jours. « Si le test est positif, la personne est immédiatement dirigée vers le centre de traitement. En ce moment, il y a 21 cas actifs à Maurice ».

Pour la quarantaine, l’attaché de presse explique qu’aucun exception n’est faite, sauf pour les ambassadeurs et  diplomates. «  Ils sont eux  régis par les conventions internationales et nous n’avons pas le droit de les retenir en quarantaine. Cependant, ces personnes sont assignées à leur domicile pendant ces 14 jours et il y a une surveillance accrue de la police pour s’assurer que tout se passe bien ». précise-t-il. 

Kavish Pultoo explique qu’effectivement à deux reprises, des personnes en quarantaine ont obtenu une dérogation pour assister aux funérailles de leurs proches. « Cette decision avait été prise sur une base humanitaire. Il y a des situations comme cela où il faut agir avec davantage d’humanité. Le ministère avait alors  établi un protocole pour leur permettre d’assister aux  funérailles. Ils étaient protégés de la tête au pied et accompagnés des officiers du ministère de la Santé et de la police ». Il ajoute  que cette logistique a un coût : « Il y a eu beaucoup de critiques même si nous avons pris toutes les précautions pour éviter tout risque ».

Ainsi, il explique qu’il a  été décidé par la suite de ne plus accorder cette dérogation. « Aucune autorisation ne sera accordée. La personne doit effectuer sa quarantaine jusqu’à la fin. Si le papa est malade, il vaut mieux qu’il obtienne tous les soins nécessaires dans un établissement adéquat. Si une telle autorisation est donnée, cela peut être risquant pour le malade également. De plus, comme expliqué, les coûts pour un tel déploiement sont trop élevés ».

 

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