Le lundi 21 décembre 2015, six jeunes âgés de 16 à 25 ans sont morts dans un accident à Beaux-Songes. Rohan Ramchurn, l’un des trois rescapés, s’est livré à Le Dimanche/L’Hebdo. Son frère aîné et son cousin lui manquent...
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Vacoas. 15 h 30. La pièce faisant office de salon est sombre. Le téléviseur allumé fait un bruit assourdissant, mais c’est le seul objet qui anime le lieu.
Une fenêtre entr’ouverte procure l’aération et la lumière du jour. Nous patientons près de 45 minutes, afin de pouvoir rencontrer le rescapé, car il est sorti avec des amis.
« Excusez mon retard. J’ai fait une virée avec mes amis. Aujourd’hui, c’est mon jour de repos… », explique-t-il. Le jeune homme de 17 ans prend place et entame son récit…
« Ce matin-là, on revenait d’une fête, tenue la veille à Flic-en-Flac. J’étais en compagnie de mon cousin Parvish et de mon frère aîné Navnish. Il était convenu que mon frère et moi prenions l’autobus tôt le lendemain, mais mon cousin avait ses entraînements et devait rentrer à la maison. Au même moment, nous avons appris qu’un 4x4, qui allait faire le même trajet que nous, s’apprêtait à démarrer. J’avais peut-être bu quelques verres, mais je n’étais pas ivre. Je ne connaissais pas les autres occupants du véhicule. Nous étions quatre sur la banquette arrière : mon frère, mon cousin, une jeune femme et moi. Il était environ 4 h 45 quand, à hauteur de Beaux-Songes et en empruntant la Link Road menant vers les hautes Plaines-Wilhems, j’ai vu un autobus venant à vive allure dans notre direction. L’instant d’après, c’était le chaos. La scène était indescriptible. Des membres de corps humain jonchaient l’asphalte et il y avait du sang partout. C’était l’horreur ! » se remémore notre interlocuteur.
L’autobus, dit-il, a heurté de plein fouet le 4x4, arrachant violemment le toit du véhicule. « Quand j’ai repris connaissance, je me suis rendu compte que j’étais surtout blessé au visage et au torse. J’ai immédiatement pensé à mon frère et à mon cousin. Celui-ci respirait encore quand je l’ai extirpé du véhicule. Je suis resté sur la route, tenant mon frère dans les bras, en attendant l’arrivée d’une voiture pouvant alerter les secours. Je suis venu en aide à au moins trois autres personnes se trouvant dans le 4x4 », dit-il. Il doit son salut au fait qu’il était assis sur le côté gauche du véhicule.
«Mon frère était toute ma vie»
Rohan Ramchurn confie que les images de cet accident ne cessent de le hanter. « Je n’y peux rien, lâche-t-il. Il m’a fallu neuf longs mois pour surmonter cette épreuve. Je suis étonné d’être en vie. J’ai même pensé mettre fin à mes jours, car mon frère était toute ma vie. Mais j’ai réalisé que je devais veiller sur mes parents et mon frère cadet. J’ai également une vie à mener. Parfois, je me demande pourquoi la vie nous a réservé ce triste sort. J’ai vu mon frère et mon cousin mourir à l’hôpital », laisse entendre ce stagiaire en cuisine.
Son plus grand rêve, dit-il, est de devenir chef cuisinier afin d’aider sa famille. Le message de ce rescapé à ceux qui prennent la route en état d’ivresse est simple : « Kan ou bwar, pa kondir. Bann paran pran byen kont zot zanfan ».
Six victimes parties à la fleur de l’âge
La collision entre le 4x4 et l’autobus de la National Transport Corporation (NTC) a fait six morts et quatre blessés. Les six victimes sont Navnish Ramchurn et Parvish Ramchurn, de Vacoas, Andy Chowrimootoo et Cédric Bozelle de Résidences-Kennedy, ainsi que Aurélie Charlot et Élodie Ramchurn, d’Henrietta. Ils sont décédés des suites de leurs multiples blessures.
Navnish Ramchurn
Parvish Ramchurn
Élodie Ramchurn
Aurélie Charlot
Andy Chowrimootoo
Cédric Bozelle
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