Le choix de se travestir lui vaut bien des difficultés. Fidji, Andrew Gopal pour l’État civil, galère pour trouver du travail. S’il assume ce mode de vie, il souhaite cependant que les gens cessent de se moquer de lui et qu’il cesse de subir cette exclusion sociétale. Le travesti veut trouver un emploi.
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Il a 22 ans et habite Vacoas. Andrew Gopal, Fidji de son pseudo de travesti, affiche ouvertement sa « féminité ». Mais cela, non sans conséquences… Il peine à trouver un travail et ne sait plus à quelle porte frapper. « Cela fait des années que ça dure. Mon apparence physique joue contre moi. À chaque interview, c’est la même rengaine. Dès que l’on comprend que je suis un travesti, je suis déjà disqualifié pour le job. Lerla zot pou dir ou : « Désolé, on ne recrute pas », ou swa kareman « On ne peut vous embaucher, car ça donnera une mauvaise impression à nos clients”. Il m’est difficile de trouver une place dans une entreprise avec mon look », dit Fidji.
Andrew Gopal est l’aîné de sa famille. Il explique que son penchant pour les « trucs de filles » remonte à son enfance. « Cela m’a porté préjudice. À l’école, j’étais le souffre-douleur de mes camarades de classe. J’ai même été agressé quand j’étais en Form I. J’ai quitté l’école contre l’avis de mes parents », poursuit Fidji. C’est à l’âge de 16 ans qu’il décide de jouer cartes sur table. « Au départ, mes parents n’arrivaient pas à accepter cet état de choses. Ils avaient certes des doutes depuis longtemps, parce que je n’avais jamais eu de petites amies. Par contre, quand je voyais un beau mec, je leur disais : « Enn zoli garson sa… » Ils trouvaient ça bizarre », poursuit-il. Ses parents ont toutefois dû composer avec son choix quand il a atteint sa majorité. Fidji délaisse ses vêtements d’homme pour se glisser dans ceux des femmes, sans oublier le maquillage et autres accessoires. Une fois transformé, il est difficile, au prime abord, de savoir que derrière son apparence se un jeune homme.
Commentaires blessants
Selon Fidji, une fois sa majorité atteinte, il a voulu se lancer dans la coiffure. Il s’est inscrit à des cours de coiffure. « Après six mois de formation, j’ai décroché mon certificat. Mais à ce jour, je n’ai toujours pas pu trouver un salon pour des séances pratiques. On me regarde de haut et on refuse de me prendre. Ils disent : “Non bann klian pa pou kontan. Li pa pou bon pou repitasion nou salon.” Ce sont des commentaires qui blessent », se désole-t-il.
Son ambition, c’est d’ouvrir son propre salon de coiffure. Fidji concède, cependant, que l’avenir est sombre pour lui. Il doit vivre aux crochets de ses parents, car ses démarches pour un emploi sont vaines. Il nous raconte une expérience qui l’a marqué : « J’avais envoyé mon CV dans un call-centre. Quand je me suis présenté, un monsieur m’a dit : “Ki ou mem sa Andrew la ? Nou ti krwar enn garson”. Quand je leur ai dit que je suis un travesti, ils m’ont de suite recalé. Zot dir pena job, pa pe pran dimoun. » Et d’ajouter : « Une fois, j’ai pu trouver un job dans un centre d’appels, mais j’ai dû partir après deux jours de travail. Le personnel se moquait de moi et les commentaires me blessaient. »
Il lance un appel au ministre du Travail et aux membres du public. « Je souhaite avoir ma chance. Tout le monde me juge et me dénigre parce que j’ai choisi ce mode de vie. Je suis un humain avant tout. Nous sommes dans un pays de droit et d’égalité. Pa kapav ki zis bann travesti ki exkli… »
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