Fardeen Okeeb, 38 ans, présente ses excuses à la population mauricienne, après avoir publié une vidéo à caractère communal sur les réseaux sociaux. Par la suite, il a été kidnappé par « un groupe sectaire » avant d’être sauvagement agressé. Il raconte sa mésaventure au Défi-Plus.
Cet habitant du nord de l'île affirme avoir agi sous l'influence de l'alcool et avoir répondu aux provocations en ligne. L'ancien détenu a été entendu par le CCID jeudi 14 janvier, lorsqu'il a fait état de son enlèvement et de l'agression sauvage qu’il a subie. Il pointe du doigt des membres des groupuscules sectaires. Se confiant au Défi Plus et Téléplus, Fardeen Okeeb dit présenter ses plates excuses à la communauté visée et à la population mauricienne en général. « Mo présente excuse sincèrement à tout ban dimune ki mo kav offenser ek sa vidéo la », dit-il.
Toujours traumatisé par les séquelles de son enlèvement et de son agression, et souffrant toujours des blessures que ses kidnappeurs lui ont infligées, Fardeen dit qu’il revient de loin. De très loin.
Fardeen revient sur ces moments fatidiques. Il raconte qu'il se trouvait à son domicile à Petit-Raffray et s’apprêtait à aller se coucher lorsqu'il a entendu quelqu'un l'appeler. Il est sorti pour voir qui le cherchait à cette heure tardive. Il a vu un inconnu devant le portail. Dès qu’il s’est approché de l’étranger, d’autres personnes l’ont rejoint. Un des individus muni d’un appareil ressemblant à une torche électrique lui a envoyé une décharge le paralysant instantanément. Il ne pouvait voir et comprendre ce qui se passait. Ils l’ont traîné sur la route jusqu’à une fourgonnette. Le véhicule a démarré en trombe et s’est dirigé vers un lieu isolé où ils l’ont reproché d'avoir publié une vidéo portant atteinte à une communauté. « To bizin presente exkiz ek mauricien », ont déclaré les individus à Fardeen. Il a obéi aux ordres de ses kidnappeurs. Après ses excuses, Fardeen a été reconduit à son domicile.
Un instant plus tard, raconte Fardeen, trois autres hommes se sont présentés à son domicile. « Zot ine défonce la porte, zot rentrer et tap mo papa ene calot, zot dir : "kot Fardeen ?" ». Fardeen est alors contraint à accompagner les individus. Dans un premier temps, il a essayé de résister à ses agresseurs. Ils l’ont immobilisé une nouvelle fois avec une torche électrique paralysante et embarqué dans une fourgonnette. À bord du véhicule, Fardeen affirme avoir reconnu l'un des occupants. Il a imploré ces individus de le laisser en paix puisqu’il a déjà reconnu son erreur. Ils ne voulaient rien entendre. « Nou pu bizin sott to deux poignets ek to sexe », lui ont-ils déclaré.
Le véhicule roulait vers Flic-en-Flac avec Fardeen à son bord. Mais en cours de route, les kidnappeurs ont reçu un appel téléphonique leur demandant de se rendre à Cottage.
Arrivé au village, le véhicule se dirige vers un sentier bordé de champs de canne. Là, d’autres personnes faisant partie de la même bande l’attendaient. Parmi, il a remarqué un homme costaud, de teint clair. « Li bel, costaud, clair, et mone dir li mo abitier chat ar li lor messenger ». Sans prononcer un mot, l'homme a pris une batte de baseball et a assené des coups à Fardeen. Avec la complicité d’autres membres de la bande, le présumé chef a dévêtu Fardeen et s'est mis à filmer cette scène de violence. Alors que le chef de la bande enregistrait la scène sur vidéo, Fardeen a été soumis à des actes de violence.
Contraint à prononcer des paroles sur vidéo ...
Fardeen affirme avoir été contraint de dire des paroles, contre sa volonté sous les menaces de ses assaillants. « Si to pa dir nu coup coupe twa la », lui ont fait comprendre ses agresseurs. À un moment, l'un des assaillants a ordonné d’arrêter l'agression, craignant que Fardeen puisse y laisser la vie. « Avoy li merde, prend li touni nu atass li lor ene rond-point », a-t-il déclaré à ceux qui continuaient de frapper Fardeen. À cet instant, certains ont fait remarquer au chef qu'il n'y avait pas de corde pour l'attacher. « Zot ti pe rod kass mo deux lipied, kan zot ine ale prend la pelle, mone ressi sauver », raconte Fardeen. Il doit son salut à trois jeunes habitants de la localité qui l'ont aidé, après avoir pu se libérer des griffes de ses agresseurs. « Zot ine donne mwa ene T-shirt ek delo pou boir après zot ine alerte la police », dit un Fardeen tout reconnaissant.
Ses mauvaises plaisanteries au goût amer
Fardeen Okeeb, 38 ans, est issu d’une fratrie de deux enfants. Il accumule les condamnations. Après une condamnation pour cambriolage, il se retrouve en prison pour crime d’incendie. Le 12 mars 2017, Fardeen bénéficie d'une grâce présidentielle et recouvre la liberté après avoir purgé une peine de trois ans. Il sombre petit à petit dans l’alcool. Il gagne sa vie comme marchand ambulant. Mais il joue au pyromane en utilisant les réseaux sociaux.
Le 22 avril 2010, il téléphone à la réception du Kapu Kai, à Pointe-aux-Canonniers, pour annoncer une bombe dans le complexe. Les démineurs sont mandés sur les lieux. Ils passent le complexe au peigne fin et arrivent à la conclusion que les alertes étaient fausses. Une enquête est initiée par la police qui a procédé à l'arrestation de Fardeen. Il était ivre et n’a pas pensé aux conséquences de son acte. Du coup, il écope d'un an de prison en 2011.
En novembre 2013, il est arrêté par la police de Grand-Baie pour Breach of ICTA après avoir lancé un faux appel de détresse sur la hotline de la police à savoir le 999. Il nous revient que le farceur n'est pas à son premier coup. Par le passé, il avait déjà lancé de fausses alertes à la bombe.
Le 19 juin 2020, Fardeen est arrêté par la MCIT dans le sillage de l’enquête portant sur une vidéo publiée sur Facebook. La police lui reproche d’avoir publié une vidéo à caractère diffamatoire et dénigrant, sur le réseau Facebook. Il est arrêté et libéré pour Breach of ICTA.
«Mo promett zamai mo pu retouss l'alcool»
Ce calvaire a marqué à jamais la vie de Fardeen qui affirme avoir vécu pas mal de situations incommodantes, surtout lors de son passage dans le milieu carcéral. L'homme de 38 ans affirme avoir fait une promesse. « Mo promett zamai mo pu retouss l'alcool », lâche-t-il d'une voix déterminée. Il se dit conscient des implications de son erreur, et dit reconnaître que ce n'est pas sa première gaffe, qu'il commet dans un état second. L'habitant du nord de l’île affirme regretter son geste.
Expliquant sa décision de diffuser son enregistrement vidéo controversé, Fardeen raconte que les faits remontent au jeudi 7 janvier. Après avoir pris quelques verres dans la journée, il a voulu faire une vidéo en mode selfie, pour s'exprimer sur des commentaires apparus sur sa page Facebook. Fardeen affirme avoir publié cette vidéo uniquement en réplique à une publication qu'il qualifie d'une incitation à la haine raciale. À cet instant, l’habitant de Petit-Raffray soutient avoir voulu donner la réplique aux détracteurs sur sa page Facebook. « Mo dir plito mo fer ene video live, dans plass pu ale ekrir boku », explique l'homme de 38 ans. Mais étant sous influence de l'alcool, Fardeen concède s’être laissé emporter lors de son vidéo-live.
Désormais, Fardeen Okeeb devrait aussi faire face aux enquêteurs du CCID pour les propos incendiaires qu’il a tenus à l’encontre d’une communauté. Il a retenu les services de Me Assad Peeroo. L'homme de loi, a laissé entendre jeudi, qu'il sera de nouveau au CCID très prochainement, pour que Fardeen Okeeb donne sa version des faits, à la Cybercrime Unit au sujet de son post à relent communal...
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