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Il poursuit le SIFB pour licenciement injustifié : le long combat de Premchandra Bissonauth

Premchandra Bissonauth (au centre) a saisi le Conseil Privé pour la deuxième fois. Il est représenté par Me Teeluckdharry (à droite). Premchandra Bissonauth (au centre) a saisi le Conseil Privé pour la deuxième fois. Il est représenté par Me Teeluckdharry (à droite).

Depuis 20 ans, Premchandra Bissonauth mène un combat juridique pour obtenir gain de cause contre le Sugar Insurance Fund Board (SIFB) qu’il accuse de l’avoir licencié injustement. Après toute une série de défaites juridiques, il a fait appel au Privy Council pour la deuxième fois. Le 22 novembre 2018, son nouvel appel a été entendu par Lord Wilson, Lady Black et Lord Kitchin. En attendant la suite, voici son histoire.

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Premchandra Bissonauth avait 50 ans en 1996 lorsqu’il a été licencié par son employeur, le SIFB. Cela, selon ses dires « injustement, sans comité disciplinaire », après 28 ans de « unblemished service ». Le motif, affirme-t-il, est « an unrelated incident to work which occurred 5 years earlier in 1991 on a non-working day, 11 miles away from his place of work ». Aujourd’hui âgé de 72 ans, il est un homme aigri, mais il poursuit sans relâche son combat contre le SIFB.

Son appel a été entendu le jeudi 22 novembre 2018 devant les Law Lords. Il était représenté par Me Sanjeev Teeluckdharry et l’avoué Robin Lloyds, assisté de Me Anoup Goodary. Pendant sa plaidoirie, qui a duré une heure et demie, son avocat a mis de l’avant la « la mauvaise foi » du SIFB tout au long de cette affaire.  Il a également souligné les failles dans le système judiciaire à Maurice. Le SIFB était représenté par Me Rishi Pursem, assisté de Me David Miles, Me André Robert, Me Bilshan Nursimulu et Me Raymond d’Unienville, Queen’s Counsel.

Il avait déposé une plainte en janvier 1997 en cour industrielle pour réclamer une compensation de Rs 4 209 228,20 pour licenciement injustifié, « severance allowance at punitive rate ».

Affaibli, mais pas brisé

Les défaites encourues n’ont nullement entamé la détermination de Premchandra Bissonauth. « Toutes ces défaites juridiques m’ont affaibli, mais elles n’ont pas pu me briser. Au contraire, je n’ai pas abandonné. J’ai toujours eu le courage pour continuer. (…) Je suis physiquement épuisé, mais j’ai toujours eu le moral pour continuer ma croisade contre le SIFB et contre l’injustice, affirme le septuagénaire. La justice coûte vraiment très cher. Heureusement, mon avocat Me Sanjeev Teeluckdharry a accepté de me défendre pro bono. »

Marié et père de deux enfants, Premchandra Bissonauth raconte que sa vie a été chamboulée du jour au lendemain suite à son limogeage. Après avoir perdu son emploi, en décembre 2002, il a obtenu la somme de Rs 570 299,75. « Cela a été très difficile de subvenir aux besoins de ma famille, d’autant que mes enfants étudiaient. Il y a eu des jours où j’étais désespéré. J’étais lourdement endetté envers mes proches et mes amis », raconte-t-il.

Premchandra Bissonauth se dit, toutefois, fier que ses deux enfants aient pu traverser ces épreuves et soient désormais des professionnels aujourd’hui.

Il ne cache pas qu’il a cherché en vain d’autres boulots après son licenciement. « Les employeurs à qui j’ai eu affaire n’ont pas voulu me proposer un travail sous prétexte que j’étais surqualifié. Dans le secteur public, on recrute seulement ceux qui ont moins de 35 ans et dans le secteur privé, les employeurs recrutent des jeunes de 20 à 30 ans », dit-il.

Premchandra Bissonauth explique qu’il a pu compter sur le soutien de ses proches, voisins et amis pour mener son combat et nourrir sa famille. « Mon épouse et moi avons souffert un calvaire inimaginable pendant toutes ces années », déplore-t-il.


Cheminement

Né dans le village de Nouvelle-Découverte, d’un père boutiquier et d’une mère femme au foyer, Premchandra Bissonauth a toujours été bien encadré. Troisième d’une fratrie de cinq enfants, il a bénéficié d’une bonne éducation, malgré la situation précaire dans laquelle vivait sa famille. À 17 ans, il a été sélectionné parmi 17 candidats pour intégrer le collège de l’agriculture. À 20 ans, il a complété ses études supérieures et a ensuite travaillé comme Senior Test Chemist. En 1969, il a intégré le SIFB et en 1994, il est devenu Deputy General Manager de cette institution.

 

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