Il est, en ce moment, admis aux soins intensifs après avoir été dans le coma pendant des jours. Accro à la drogue synthétique et mis à mal par une très forte dose consommée, l’ado de 14 ans lutte pour survivre.
Depuis le 9 décembre 2019, la maman de Kevin est à son chevet, faisant le va-et-vient à l’hôpital de Flacq. « J’espère que très bientôt, il rentrera à la maison et que cette fois-ci, il comprendra qu’il a échappé à la mort et décide de changer », nous dit-elle en pleurs.
Kevin (prénom modifié), quant à lui, peine à parler, entubé et dans un état qui fait peine à voir. Les médecins ont expliqué qu’il avait besoin de récupérer et de rester sous observation pendant quelque temps, étant donné le nombre de jours qu’il a passés dans le coma. « Les médecins m’ont dit que mon fils était fort et a lutté pour vivre, m’expliquant qu’il a pris une très forte dose. à ce jour, le produit consommé n’a pu être identifié précisément. »
À l’heure où ses amis sont encore à contempler leurs cadeaux reçus pendant les fêtes de fin d’année, à rendre visite à leurs proches et à se préparer pour la rentrée scolaire, Kevin est cloué au lit aux soins intensifs de l’hôpital de Flacq depuis deux semaines.
Tout remonte au lundi 9 décembre, lorsque Meera, une habitante de l’Est, revient du travail. Elle constate que son fils est dans un état comateux, allongé sur le lit de sa chambre. « Monn apel li, monn kriye, li pa pe reponn mem. Telma mo ti pe kriye vwazin inn tann mwa e zot inn vini. »
Sortis en courant
Elle apprend alors d’eux que son fils est rentré un peu plus tôt, vers 14 heures, avec des amis. « Ils étaient au nombre de quatre. Toujours selon le voisin, une heure plus tard, ils sont sortis en courant, mais mon fils n’était pas avec eux. Je suppose que, le voyant dans cet état, ils ont eu très peur et ils se sont sauvés. »
À ce moment précis, Meera a très peur pour son fils, car elle sait déjà que cela est lié à la drogue synthétique. « En deux occasions, j’ai dû le transporter d’urgence à l’hôpital et une autre fois à l’hôpital Brown Sequard. Depuis un an environ, il fume et consomme de la drogue synthétique. Il a même été renvoyé du collège », dit-elle. « J’ai beaucoup prié pour mon fils, pour qu’il puisse sortir de ce fléau. Maintenant, je ne sais plus quoi faire. »
Kevin est l’aîné d’une fratrie de trois enfants. Ses deux sœurs ont 6 et 8 ans. « Depuis le départ de son père, qui a abandonné le toit conjugal depuis 15 mois, Kevin passe par un moment très difficile. Il a fugué à trois reprises et me reproche d’avoir laissé partir son père sans rien faire pour le retenir. C’est faux ! Cependant, je ne veux pas mêler les enfants aux problèmes de couple. Il est aussi en colère, car son père lui avait promis de venir les voir, mais jusqu’à présent, il n’est jamais venu et n’appelle que très rarement. »
Meera se culpabilse beaucoup également car, depuis le départ de son mari, elle a dû se résoudre à trouver du travail, femme au foyer qu’elle était. « Je travaille comme femme de ménage chez trois familles différentes. Je dois donner un peu d’argent à ma voisine pour qu’elle jette un coup d’œil sur mes deux filles quand elles reviennent de l’école. Par contre, mon fils ne veut pas se rendre chez la voisine. Ainsi, après l’école, il traîne avec ses camarades. Parfois, quand je rentre à 18 heures, il n’est pas rentré. Quand je lui parle, il s’énerve. Cependant, c’est mon fils et je ferai tout pour lui. »
Meera s’est aussi fait un devoir d’aller voir les parents des camarades de son fils pour les mettre en garde contre les dangers de la drogue qui guettent leurs enfants. Cependant, elle a été chassée par ceux-ci, qui avancent que leurs enfants ne consomment pas de drogue.
Meera, mère-courage, ne baisse pas les bras. Par amour pour son fils, elle continuera à se battre pour que Kevin s’en sorte avec le moins de mal possible. Et qu’il quitte à jamais cette drogue qui a bien failli avoir raison de lui.
Dr J. K. Aubdool : « Les parents cachent les travers de leurs enfants »
Le Dr J. K. Aubdool explique que de plus en plus de jeunes touchent à la drogue synthétique et cela devient un fléau presque ingérable. « Le problème, c’est aussi que de nombreux parents vivent dans le déni et refusent d’accepter que leurs enfants ont un problème. Ils ne veulent que cacher les travers de leurs enfants, au lieu d’aller chercher de l’aide. Ils ont peur du qu’en dira-t-on et du regard des autres et préfèrent garder le silence. Ils se culpabilisent et se disent qu’ils ont failli quelque part. Cela ne rend pas service aux enfants, puisqu’il faut des professionnels pour les aider. Il nous faut ne pas pointer du doigt tous ces jeunes, car ils ne sont que des victimes », explique le médecin.
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