«The right man in the right place». C’est en ces termes que des agents du service de renseignements qualifient la récente nomination de l’assistant-commissaire de police Mohunlall Madhow, au poste de directeur général du National Security Service. Qui est ce nouvel homme de confiance de Pravind Jugnauth ?
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L’ACP Mohunlall Madhow, 53 ans, n’est pas du genre à faire du ramdam. Son maître-mot: la discrétion. Le nouveau patron du NSS est certes peu connu du grand public mais son efficacité à gérer des dossiers, selon son entourage, lui permet souvent de faire mouche. Même au sein de la force policière, de nombreux officiers ignorent l’identité de cet intelligence officer. Toutefois, il a toujours su se faire respecter de ses pairs, confie une source.
Pourquoi le Bureau du Premier ministre a-t-il nommé ce quinquagénaire, relativement inconnu, à la tête du NSS ? En général, le chef du gouvernement fait appel à quelqu’un de son entourage pour occuper ce poste de confiance. Or, le nouveau directeur du service des renseignements n’a jamais semblé être proche du Mouvement socialiste militant (MSM). Et pourtant…
Fin analyste
Ce haut gradé a servi – il est vrai dans l’ombre – le gouvernement de sir Anerood Jugnauth en deux occasions. D’abord en 1991, puis entre 2000 et 2005. Durant le mandat à l’israélienne, l’actuel ministre mentor occupait le fauteuil de Premier ministre pendant trois ans avant de céder sa place à Paul Bérenger. Selon nos sources, Pravind Jugnauth aurait préféré faire appel à quelqu’un de compétent et qui a de l’expérience dans le domaine des renseignements, plutôt qu’à un officier sans expérience.
Connu comme un fin analyste, ayant déjà assumé les fonctions de desk research analyst, ce natif de Midlands aura pour tâche de récupérer les données auprès de ses agents de terrain, de contre-vérifier les informations, avant d’en faire part au Premier ministre.
Rigoureux, le nouvel homme fort du NSS ne laisse rien au hasard.
Rigoureux, le nouvel homme fort du NSS ne laisse rien au hasard. Un agent du service des renseignements le confirme: « Pendant la dernière campagne électorale, nous avions envoyé un papier au département d’analyses pour fournir les pronostics dans les circonscriptions 4, 5, 6 et 7. On avait donné le Parti travailliste gagnant. Mais M. Madhow était furieux contre nous. Il nous a demandé de retravailler sur nos renseignements glanés sur le terrain. Il avait, disait-il alors, des données exactes. La preuve : on sait ce qui s’est passé par la suite. »
Mohunlall Madhow a fréquenté le collège Royal de Curepipe. Il avait opté pour les sciences au Higher School Certificate (HSC). Il avait pour camarade de classe, de la Form I au HSC, un certain Étienne Sinatambou, aujourd’hui ministre de la Sécurité sociale. À la même époque, Pravind Jugnauth usait lui aussi ses fonds de culotte sur les bancs du même collège.
Son HSC en poche, Mohunlall Madhow décide de se joindre à la force policière. Le 8 septembre 1984, il franchit le pas et se rend à la Police Training School. Sur les 89 recrues de sa cuvée, il sort premier et est désigné « all-round best student ».
Le jeune policier est d’abord affecté à Curepipe, avant d’être transféré à la Special Support Unit (SSU), alors connue comme la Riot Unit. En 1986, il est muté à la Special Mobile Force (SMF). Il y restera jusqu’en 1991.
Mohunlall Madhow est promu sergent en 1992. Il est alors appelé à travailler dans une petite équipe « secrète ». L’objectif était d’obtenir des informations plus précises pour éclairer le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth. Depuis, l’ACP a conservé cette philosophie : toujours discret, ni vu, ni connu.
En 1995, Navin Ramgoolam arrive au pouvoir pour la première fois. Plusieurs mutations s’ensuivent au sein du NSS, mais Mohunlall Madhow, lui, reste à bord. Il s’occupe de l’ intelligence analysis. L’année suivante, il est une nouvelle fois récompensé pour ses efforts et est promu au rang d’inspecteur.
Quand, en 2000, le gouvernement de Navin Ramgoolam est battu par l’alliance MSM/MMM, Mohunlall Madhow reste à son poste. Il poursuit son travail de intelligence analyst sous la supervision du directeur général Peerun et, en 2002, il est promu chef inspecteur.
En 2008, lors de l’élection partielle à Moka/Quartier-Militaire, remportée par Pravind Jugnauth, Mohunlall Madhow travaille sur les renseignements recueillis sur le terrain. Il se fait alors remarquer par le leader du MSM.
Nouvelle étape
Mohunlall Madhow se retrouve pour la première fois sous les feux des projecteurs en 2014, quand il est promu au rang d’ACP. Lockdev Hoolash accède au poste de directeur du service de renseignements en janvier 2015 et ne tarde pas à faire transférer l’ACP. Ce dernier est affecté à Abercrombie, où il exerce comme Divisional Commander de Port-Louis Nord.
Cette semaine marque une nouvelle étape dans la carrière de Mohunlall Madhow. Il est, depuis le mercredi 6 septembre, le nouveau directeur du NSS, succédant ainsi à Lockdev Hoolash. Fidèle à lui-même, le nouveau patron du service de renseignements a pris ses nouvelles fonctions sans tambour ni trompette.
Mohunlall Madhow est marié à Asha. Le couple a deux filles. L’aînée, Hyasica, a fait ses études en Grande-Bretagne et est mariée à un Britannique. La benjamine Kessita suit des études en technologie informatique à l’Université de Maurice.
« Je dis un grand merci aux autorités pour avoir placé leur confiance en moi. Je ferai de mon mieux pour servir et assurer la sécurité ainsi que le bien-être du pays », a-t-il simplement déclaré au Défi Quotidien lorsqu’il a été sollicité pour une déclaration. Ses responsabilités ont changé, mais l’homme est resté discret.
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