Igor Valère : un précoce du droit à 22 ans

Me Igor Emmanuel Valère est devenu le plus jeune avocat de sa promotion. Après avoir décroché son baccalauréat à 17 ans, il a enchaîné avec un LLB, puis un Master en droit qu’il a obtenu avec distinction. Portrait.

Réveil à 5 heures du matin. Trajet quotidien entre Grand-Gaube et Curepipe. Pendant des années, Me Igor Emmanuel Valère a avalé les kilomètres et les heures de sommeil en moins. Le 26 septembre 2025, devant la Cour suprême, cette détermination a pris tout son sens : à 22 ans, il devient le benjamin des 45 nouveaux avocats mauriciens assermentés.

Chez les Valère, on ne manque pas de matière à débat. Son père, Josian, journaliste, reçoit régulièrement des confrères et des hommes de loi. Sa mère, Esther, consultante en recrutement, apporte son regard sur les parcours professionnels. Dans ce climat d’échanges passionnés, le jeune Igor affirme tôt son choix : il sera avocat.

« Dès l’âge de 13 ou 14 ans, j’ai exprimé le désir de devenir avocat. Mon père m’a expliqué les enjeux de cette profession, et nous avons beaucoup échangé à ce sujet », raconte-t-il. Son frère aîné préférera le journalisme. Lui prend une autre direction.

Au lycée La Bourdonnais, pas question de se laisser distraire. Conscient des sacrifices financiers consentis par ses parents, Igor mise tout sur le travail. Le résultat ? Un baccalauréat avec d’excellents résultats à 17 ans, suivi d’un LLB à Middlesex University Mauritius obtenu avec distinction en 2023. Direction ensuite Northumbria University au Royaume-Uni, d’où il revient en 2024 avec une licence (LLB) et un master (LLM) en droit, tous deux décernés avec distinction.

Avant même de prêter serment, il accumule les expériences : mini-pupillages chez Juristconsult Chambers, dans le bureau de Me Deepak Sooghbur, chez Lallah Chambers, et à l’Attorney General’s Office. Droit civil, pénal, commercial, de l’emploi, arbitrage : il explore tous les terrains. « Ces expériences m’ont permis de développer le sens de la rigueur, mais aussi d’acquérir une meilleure compréhension de l’éthique et de la déontologie, essentielles dans la profession », confie-t-il.

Aujourd’hui installé au Collendavelloo Chambers aux côtés de Me Ivan Collendavelloo, Senior Counsel, le jeune homme a des idées précises sur son métier. Pour lui, l’avocat n’est pas qu’un plaideur. « Sa mission première est de représenter le client et de veiller à l’application de la vérité et de la justice. Mais l’avocat doit aussi réfléchir, s’exprimer et débattre dans l’espace public afin d’éclairer la population sur les enjeux juridiques », soutient-il.

Sa boussole ? L’éthique et la défense des plus vulnérables : « Un avocat doit rester fidèle au code d’éthique et soutenir ceux qui n’ont pas les moyens de se défendre. »

Formé en anglais dès le secondaire, il insiste sur la nécessité de maîtriser les deux langues à Maurice : « C’est indispensable pour lire et interpréter le Code civil et le Code pénal. »

Sur le tatami du club national de judo, Igor trouve un écho à sa pratique professionnelle. « Le judo, c’est se préparer chaque matin à affronter la vie comme sur un tatami », dit-il. Discipline, respect de l’adversaire, persévérance : des valeurs qu’il transpose du sport au barreau.

Quand le stress monte, il décroche sa guitare ou s’installe au piano. Francis Cabrel, Ed Sheeran, Les Anonym… « Jouer me permet de relâcher la pression, surtout le week-end », affirme-t-il.

Son ambition à terme ? Se spécialiser dans les crimes financiers, un domaine en pleine expansion à Maurice. Mais pour l’instant, il préfère explorer : civil, pénal, pratique de terrain. « Je préfère ne pas trop me projeter, mais ce qui est sûr, c’est que je me battrai toujours pour la vérité et la justice. »

Son message aux aspirants avocats est sans détour : « Travaillez dur et visez l’excellence. » Il en est convaincu : il y aura toujours de la place pour de bons avocats à condition de travailler pour.

À 22 ans, Me Igor Emmanuel Valere n’a pas fini de faire parler de lui.