La campagne contre l’Independent Broadcasting Authority (IBA) Act, telle qu’elle a été adoptée au Parlement le mardi 30 novembre, s’internationalise. Les activités et autres citoyens Mauriciens ne reculent pas face à cette loi controversée.
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« Nous souhaiterions rencontrer l’un des représentants de votre organisation afin d’aborder les violations des droits auxquelles nous sommes confrontés à Maurice. » C’est la demande faite par Mauritius Global Diaspora (MDG) par le biais de son Président, Covilen Narsinghen, dans une lettre adressée à pas moins de 30 organisations internationales (Voir la liste plus loin).
Auparavant, l’ONG avait adressé une lettre au Président de la République pour lui demander de ne pas soutenir cette loi. « M. le Président… nous vous appelons aujourd’hui à votre courage et surtout à votre sens de l’honneur pour que vous puissiez vous dissocier des agissements d’un gouvernement négligent face à la mort. » Des lettres ont aussi été envoyées aux députés.
Cette ONG qui milite pour la promotion de la démocratie et des droits humains demande aussi aux organisations citées plus haut de prendre position en publiant « une déclaration officielle ou une réponse pour soutenir la diaspora mauricienne dans sa lutte pour la liberté et la démocratie ». Elle rappelle que l’actuel gouvernement avait promis de venir de l’avant avec la Freedom of Information Act. Le projet de loi sur la cybersécurité et la cybercriminalité est mentionnée au passage et les changements au niveau de l’ICTA qui « inclut de nouveaux crimes potentiels sans définition appropriée, laisse une marge d’interprétation qui aboutira sûrement à l’abus de la liberté d’expression ». Le gouvernement mauricien est sévèrement critiqué. « Nous observons des tentatives de l’État pour contrôler l’information et s’engager dans la répression ».
Ces amendements sont considérés par l’ONG comme « des pas de géant en arrière », car le fait de « restreindre d’urgence la diffusion d’informations cruciales et authentiques dans une démocratie est qualifiée d’anticonstitutionnel et criminel par plusieurs spécialistes, compte tenu du contexte actuel ».
Les membres de l’ONG ne comptent pas s’arrêter là. Ils promettent des déplacements à l’étranger pour mobiliser les organisations internationales afin de contrer ce qu’ils qualifient de violations des droits humains.
La semaine prochaine Dev Sunnasy de Smart Citizen compte organiser un forum en ligne avec la presse internationale. Rama Valayden et Rajen Nursinghen comptent eux aussi informer les instances internationales et mener plusieurs autres actions.
La presse internationale en parle
L’Inde, l’île de la Réunion, l’Afrique du Sud, la France, l’Angleterre… Le monde a les yeux fixés sur l’île Maurice en ce moment. Ce n’est pas uniquement la pandémie qui est en la cause. La BBC, les journaux internationaux, les blogs, les réseaux sociaux, tout le monde parle de ces amendements. Intervenant dans une émission spéciale sur Réunion Première, l’association DIS-MOI a tenu à exprimer sa solidarité envers le peuple mauricien.
Le site Mauritius rapporte les propos de Faizal Jeeroburkhan, membre fondateur de Think Mauritius. « This is aimed at private radio stations, because licenses have to be renewed soon. There are machiavellian mind behind it », peut-on lire.
Sur les réseaux sociaux, c’est le buzz. Les internautes d’ici et d’ailleurs commentent et critiquent acerbement ce projet de loi.
La liste des ONG
1. V-Dem (Varieties of Democracy)
2. European Federation of Journalists
3. Ethical Journalism Network
4. Global Forum For Media Development: GFMD
5. Committee to Protect Journalists
6. Freedom House
7. The Global Network defending and promoting freedom
8. Article 19 – Defending freedom of expression and information
9. Global Investigative Journalism Network
10. Reporters Committee for Freedom of the Press
11. Center for media Freedom and Responsibility
12. Freedom of the Press
13. International Center for Journalists
14. The Media Institute of Southern Africa (MISA)
15. Electronic Frontier Foundation
16. Civicus
17. Forbidden Stories
18. ICIJ: International Consortium of Investigative Journalists
19. Amnesty International
20. Inter Press Service
21. National Endowment for Democracy
22. Open Society Foundations
23. Internews
24. Reporters Sans Frontières (RSF)
25. United Nations Human Rights Council
26. FATF Secretariat
27. European Commission (chief spokesperson)
28. International Federation for Human Rights
29. Human Rights Foundation
30. European Centre for Press and Media Freedom
La demande de RSF au Président de la République pas considérée
Les Mauriciens, la diaspora et autres organisations locales et internationales avaient placé leur espoir sur le Président de la République. Mercredi le 1er décembre, RSF a demandé à Prithiviraj Roopun de ne pas promulguer cette nouvelle loi « qui durcit les sanctions, menace le secret des sources et l’indépendance du journalisme dans le pays ».
Cependant, il n’a pas fallu attendre pour que ce dernier donne la réplique à tout le pays. Il a donné son assentiment ce même jour, comme le rapportait le Government Gazette.
Publiant la photo des parlementaires du gouvernement debout pour adopter ce projet de loi, le responsable du bureau Afrique de RSF a avancé : « Ce nouveau texte présente de nouvelles dispositions très dangereuses pour l’exercice d’un journalisme libre, pluriel et indépendant à Maurice ».
Quelle place occupera Maurice dans le classement mondial de la presse en 2022 ?
Les amendements apportés à l’IBA Act vont-ils faire chuter Maurice dans ce classement. « C’est une certitude », avancent certains journalistes. À savoir que sur la publication de Reporters Sans Frontières, Maurice occupait la 61ème sur 180 places au classement mondial pour la liberté de la presse 2021.
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