Découvrez, ce dimanche, l’histoire de deux meilleurs amis, Kaushik Purmessur et Mehfouz Peerbaccus. Ils ont co-écrit « Humans of Moris », un livre dévoilant les histoires de gens aléatoires de l’île. La recette des ventes ira à la Humans of Moris Foundation créée en 2020 pour soutenir l’éducation des enfants en difficulté.
Photos : Humans of Moris
Leur parcours, façonné par des défis personnels et des victoires collectives, illustre la puissance de l’amitié et de la persévérance. Ce lien a donné naissance au projet littéraire et social « Humans of Moris ». Ce dimanche, faisons la connaissance des meilleurs amis Kaushik Purmessur et Mehfouz Peerbaccus qui écrivent sur les autres.
Kaushik Purmessur, avocat d’entreprise, réside au Luxembourg. De son côté, Mehfouz Peerbaccus, Portlouisien, travaille pour une entreprise du secteur immobilier. Tous deux ont 31 ans. Le mercredi 16 août, nous les avons rencontrés au domicile de Radha, la mère de Kaushik Purmessur, à Curepipe, avant que ce dernier ne prenne l’avion pour retourner au Luxembourg le vendredi 18 août. Autour d’une tasse de thé, ils nous ont raconté leur incroyable aventure pour concrétiser leur projet « Humans of Moris ».
Inspiré par « Humans of New York », un blog photographique américain lancé en 2010 par le photographe et écrivain Brandon Stanton, Mehfouz Peerbaccus propose de mettre en lumière les habitants de Maurice. « Nous sommes allés faire du camping. Je me promenais sur la plage à Péreybère avec Mehfouz. Et c’est là qu’il m’a parlé de son idée », se remémore Kaushik Purmessur, qui rejoint l’initiative. C’est ainsi que « Humans of Moris » a vu le jour en 2016.
Les deux amis souhaitent donner une voix à ceux dont les histoires sont souvent passées sous silence, tout en célébrant la diversité et la résilience de l’expérience humaine. Munis de stylos et d’appareils photo, ils consacrent leurs week-ends à parcourir l’île en bus, explorant les endroits les plus célèbres ainsi que les coins plus reculés, et recueillant les récits de personnes ordinaires et aléatoires.
« Une fois, nous nous dirigions vers Flacq pour chercher une histoire. Nous avons fini par rassembler cinq personnes avec lesquelles nous avons eu des conversations intéressantes pendant le trajet. Cela a abouti à une rencontre très enrichissante ce jour-là et a également rendu le voyage agréable et amusant », se remémore Mehfouz Peerbaccus.
Une fois de retour de leur aventure, les deux amis réécoutent les enregistrements et rédigent leurs « Histoires humaines ». Après une consultation mutuelle, ils publient leurs récits sur leur page Facebook intitulée « Humans of Moris ». Celle-ci gagne rapidement en popularité.
Depuis 2016, les histoires s’accumulent sur leur page Facebook. C’est ainsi qu’ils décident naturellement de se lancer dans la publication d’un livre, dans le but de collecter des fonds pour leur fondation, la Humans of Moris Foundation, qui œuvre en faveur des enfants en difficulté. « Je savais que cela finirait par devenir un livre », confie Kaushik Purmessur.
« Malgré nos perspectives convergentes et nos opinions divergentes, nous partageons les mêmes valeurs profondes qui sous-tendent notre amitié. Ces valeurs se reflètent également dans notre engagement envers la communauté et notre désir commun de provoquer un changement positif à travers la Fondation Humans of Moris pour soutenir l’éducation des enfants en difficulté », ajoute-t-il.
Entre-temps, après avoir prêté serment en tant qu’avocat à Maurice en 2022, il se voit offrir une opportunité d’emploi qui nécessite toutefois qu’il s’installe au Luxembourg. Ainsi, c’est Mehfouz Peerbaccus qui poursuit l’aventure à Maurice.
Malgré la distance, leur collaboration pour « Humans of Moris » reste solide. Comment gèrent-ils le projet à distance ? « Nous nous parlons tous les jours », affirme Mehfouz Peerbaccus. Et qu’en est-il des dépenses liées au projet ? « Nous investissons une partie de nos salaires pour externaliser certaines tâches. Pour ce livre, nous avons fait appel aux services d’un photographe, Jordan Joumon, qui est également passionné d’astrophotographie. Nous avons également délégué la traduction du livre en kreol morisien », explique Kaushik Purmessur
D’autres publications à venir ? « Absolument », lance Mehfouz Peerbaccus. Actuellement disponible à la vente, Humans of Moris, qui est disponible en anglais et en kreol morisien, est au prix de Rs 700. Les revenus provenant des ventes contribueront aux efforts de la fondation en faveur de l’éducation des enfants défavorisés. Si vous souhaitez soutenir ce projet social ou obtenir plus d’informations, rendez-vous sur la page Facebook « Humans of Moris ».
Hommage à leur enseignant, Prem Burton
Dans chaque récit exceptionnel, des expériences partagées se dissimulent, façonnant les individus de manière unique. Au cours de leurs deux années d’études pour le Higher School Certificate (HSC), le destin a fait en sorte que Kaushik et Mehfouz suivent des cours particuliers de « General Paper » avec leur enseignant, Prem Burton. C’est sous son influence qu’est née une passion commune pour l’anglais et l’écriture chez les deux jeunes. Devenus aujourd’hui des professionnels dans leurs domaines respectifs, ils affirment que leur livre Humans of Moris est un hommage à cet enseignant qui n’est plus de ce monde.
Mehfouz Peerbaccus : « Je souhaitais redonner à la communauté ce que j’avais reçu »
Après avoir achevé ses études secondaires au Royal College de Port-Louis, Mehfouz Peerbaccus a poursuivi des études en comptabilité. Son père, Jamsid Peerbaccus, décédé en 2021, travaillait alors en tant que gardien de sécurité, tandis que sa mère, Shireen, était femme au foyer. Faisant de nombreux sacrifices, ils n’ont ménagé aucun effort pour ce qui est de son éducation, car ils croyaient en son potentiel. Cela a conduit sa mère à occuper des emplois à temps partiel pour contribuer au foyer.
Afin de ne pas les surcharger davantage, Mehfouz a choisi de travailler et d’étudier en parallèle, évitant ainsi de leur imposer un fardeau supplémentaire. « Ce choix m’a permis d’acquérir des connaissances pratiques et de découvrir la dynamique du monde des affaires. Au fil du temps, ma fascination pour la gestion opérationnelle a commencé à s’épanouir, renforçant mon désir d’approfondir ces domaines. »
En ce qui concerne ses passions, il précise que les subtilités de la politique l’ont toujours intrigué, car il est captivé par le paysage complexe du pays. Sur une note plus légère, il est un fervent supporter du légendaire club Manchester United.
Pourquoi l’idée de créer « Humans of Moris » ? « Naviguant entre les défis et les victoires de la vie, j’ai ressenti une impulsion de redonner à la communauté ce que j’avais reçu. Ma conviction envers la responsabilité sociale a nourri cette initiative philanthropique, dont l’objectif est d’offrir un avenir meilleur aux enfants défavorisés », répond-il. Il confie également que la perte de son père, il y a deux ans, a apporté son lot de défis, mais a aussi marqué le début d’un nouveau départ.
Bien que Mehfouz n’ait pas été profondément impliqué dans des initiatives caritatives par le passé, l’engagement envers le don et le partage a toujours fait partie intégrante de ses valeurs. « Mon parcours m’a appris que chaque interaction, chaque choix et chaque geste peuvent avoir un impact durable, même s’ils semblent modestes au départ. En fin de compte, ce qui compte le plus, c’est l’héritage que nous laissons derrière nous », avance-t-il.
Son histoire, comme celle de tant d’autres, est façonnée par les expériences vécues, les choix effectués et les relations construites. « À travers ces fils entrelacés, nous tissons une tapisserie unique qui raconte qui nous sommes et comment nous avons façonné le monde qui nous entoure », conclut Mehfouz.
Kaushik Purmessur : « Je savais déjà que je serais avocat »
Kaushik Purmessur envisageait de poursuivre ses études en Angleterre. Cependant, en raison de contraintes financières, sa mère lui a conseillé de débuter ses études à la branche mauricienne de Middlesex University, puis de considérer compléter sa dernière année en Angleterre. « Dès que j’ai franchi les portes de cet établissement pour étudier le droit, j’ai su que je deviendrais avocat », confie le jeune homme. Il ajoute qu’il reste déterminé à donner le meilleur de lui-même dans toutes ses entreprises.
En entendant ces paroles, sa mère, Radha, ne peut retenir ses larmes. Pour cette mère de famille, qui a fait de nombreux sacrifices pour élever ses enfants seule, c’est une immense fierté de voir son fils devenir avocat. Avec la publication du livre Humans of Moris, elle se dit encore plus fière. « Tout cela s’est déroulé dans mon salon les week-ends. Ils l’ont vraiment accompli », dit-elle en souriant.
C’est à l’âge de 13 ans que Kaushik Purmessur perd son père. Son grand frère Manish, qui avait l’ambition de poursuivre des études en Australie, doit renoncer à l’idée de partir à l’étranger. Il commence des études au Charles Telfair Institute à Maurice et se met à travailler pour subvenir aux besoins de la famille. Grâce à cela, Kaushik peut poursuivre sa scolarité en toute quiétude. Aujourd’hui, Manish travaille dans le domaine des ressources humaines.
La petite famille s’est agrandie avec l’arrivée de la femme et de l’enfant de Manish. « Nous sommes désormais une famille encore plus soudée », se réjouit Radha Purmessur en essuyant ses larmes d’un geste de la main.
Kaushik a terminé ses études en droit à l’université Middlesex de Londres. Il a obtenu son diplôme avec mention en 2014 et a été admis au barreau d’Angleterre et du Pays de Galles à l’Honourable Society of Lincoln’s Inn en 2018. « J’ai prêté serment en tant qu’avocat à Maurice en 2022. »
Au cours des dernières années, il a été très actif dans le domaine du droit des sociétés et du secteur des affaires internationales. Il a également acquis de l’expérience en droit et en conformité au sein d’une société de gestion réputée à Maurice. En tant que membre agréé de la Commission des services financiers de Maurice, Kaushik possède une expérience à la fois locale et internationale, et il travaille actuellement au Luxembourg.
Ses passions sont le football, la politique, l’écoute de podcasts et le visionnage de documentaires axés sur la vie réelle. Sa philosophie de vie : vivre, aimer, rire et laisser un héritage.
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