Live News

Hôpitaux publics : dialogue de sourds entre le corps médical et le ministère

La polémique a éclaté après une visite « surprise » du ministre Bachoo au SAJ Hospital, la semaine dernière.

Sous forte pression face à la crise au SAJ Hospital, le ministère de la Santé recrute. Mais la situation est loin d’être apaisée, la tension montant entre les soignants et le ministère.

Publicité

Patients en attente, soignants épuisés… la crise au SAJ Hospital a contraint le ministère de la Santé à annoncer le recrutement de 125 médecins supplémentaires, ainsi que quarante généralistes et spécialistes sous contrat. Reste à voir si ces mesures suffiront à alléger la pression à court terme.

Pour le Dr Meetheelesh Abeeluck, président de la Government Medical and Dental Officers Association (GMDOA), ce n’est pas gagné. « Ena enn santenn medsin ki pe al etidie a letranze », a-t-il rappelé. Un départ confirmé par le Senior Advisor du ministère, le Dr Vasantrao Gujadhur. Ce dernier a précisé que malgré le manque chronique de personnel, leur « release » a été accordé afin qu’ils puissent parfaire leurs connaissances.

Le recrutement annoncé ne convainc pas non plus le négociateur syndical de la Federation of Civil Service and Other Unions, Narendranath Gopee. Lors d’une conférence de presse, le 3 septembre 2025, il a estimé que cela ne représenterait « qu’une goutte d’eau dans un service de santé déjà malade ».

Les propos tenus par le ministre sur sa page Facebook ont accentué la tension. Selon le Dr Abeeluck, « l’ensemble du personnel des hôpitaux est démoralisé ». Même constat du côté du Dr Vinesh Sewsurn, président de la Medical and Health Officers Association (MHOA) : « Sa bann parol-la pe mont dimounn kont bann medsin ek kont sekter medikal piblik, lopital ek dispanser. » Il a dénoncé les termes employés par le ministre : « brebis galeuses », « médecins négligents ».

Selon lui, il n’appartient pas au public ou à un ministre de décider de la compétence des médecins : « Personne n’est habilité à dire qu’un médecin est négligent ou une brebis galeuse. Seules des instances comme le Medical Council peuvent se prononcer en cas de faute médicale. »

Le Dr Sewsurn a aussi rappelé que tous les fonctionnaires de la santé sont soumis à un Performance Management System (PMS). « Si bann dimounn-la inn pas zot PMS, kouma kapav vinn apel zot ‘brebis galeuse’ ? » a-t-il souligné.

Pour lui, ces propos ont créé « une frustration et un mécontentement énormes » au sein du corps médical, ajoutant que certains médecins « craignent pour leur vie » en consultation. « Nou espere ki bann agresion verbal-la pa vinn agresion fizik », a-t-il mis en garde.

Le ton est également monté du côté de Narendranath Gopee : « Le ministre n’a pas affaire avec des ‘ninport’ mais avec des professionnels.’ Li bizin aret rod lamerdman, sinon sa kapav fini bien mal’. »
Il a demandé au ministre de « ne pas leurrer la population » ni chercher à faire de la politique pour récolter du capital de sympathie.

Un ancien cadre du ministère de la Santé estime, de son côté, que le manque de dialogue a conduit à une situation malsaine. Selon lui, le ministre aurait dû rencontrer les médecins et l’administration du SAJ Hospital avant de publier son constat sur Facebook.

Cela se traduit aujourd’hui par un véritable « tug of war » où ministère et personnel soignant s’affrontent par déclarations interposées. « Déjà que le public avait un manque de confiance dans l’hôpital, cette situation n’a fait qu’envenimer les choses », a regretté cet interlocuteur, jugeant ces propos « dangereux pour la sécurité du personnel ».

Tensions autour des heures supplémentaires

Le Dr Vinesh Sewsurn rappelle que le système de santé publique repose sur les heures supplémentaires faute de personnel suffisant. Or, selon lui, la présentation du ministre, qui a dénoncé le refus de certains médecins d’assurer l’overtime au SAJ Hospital, donne l’impression qu’il s’agit d’une « faveur » faite aux médecins pour arrondir leurs fins de mois. « Bann zeneralis dan servis piblik pena drwa fer pratik prive. Alor se enn fos lide pou dir ki zot pe gagn kas deor », a-t-il expliqué. Même analyse du syndicaliste Narendranath Gopee : « La façon dont le système d’overtime a été créé donne l’impression qu’on fait une fleur aux médecins. En réalité, c’est un paiement pour du travail supplémentaire. Mais la perception, ‘se ki bann medsin pe bien gagn kas, alor ki se parski pena ase medsin ki zot oblize fer overtime’. » Selon l’ancien cadre du ministère, avec les heures supplémentaires, un médecin peut percevoir jusqu’à un quart de salaire additionnel, ce qui n’est pas négligeable.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !