Les membres du personnel hospitalier sont fatigués. Fatigués de devoir tout le temps aller quémander du matériel médical dans une autre salle ou département, car le matériel est disponible au compte-gouttes ou n’est pas livré en quantité suffisante. Pour ces employés, c’est une perte de temps et cela gêne la bonne marche du travail.
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Gants, sets de transfusion sanguine, thermomètres, le fil pour suturer les plaies, masques faciaux pour nébuliseurs, scalpels, poches à urine stériles, sondes urinaires, lancettes stériles pour le prélèvement de sang.... Du matériel médical est souvent « indisponible » pour le traitement des patients.
Cette situation qui perdure depuis plusieurs mois commence à agacer les membres du personnel. Ils sont las de devoir faire une requête à l’agent d’approvisionnement pour différents items. Pis, de devoir passer d’une salle à une autre ou d’un département à l’autre pour en avoir en « emprunt ». Cela pour la bonne marche du travail.
Auparavant, ils pouvaient prendre un quota de matériel pour la semaine en fonction des besoins de leur salle ou département. « La quantité qu’on nous donne a diminué, ce qui fait que nous devons faire une nouvelle demande deux jours après. C’est une perte de temps pour nous », explique un infirmier. Un chirurgien ajoute que plusieurs numéros de scalpels ne sont pas disponibles, ce qui fait que dans certains cas l’incision est plus longue alors qu’elle aurait pu être plus petite avec la lame appropriée. « C’est un problème tant pour le chirurgien que pour le patient, car il est moins facile de faire une petite incision avec une grosse lame. Cela laisse une plus longue cicatrice pour le patient. Ce qui aurait pu être évité si l’instrument requis était disponible », dit-il.
Il en est de même pour les lancettes stériles pour le prélèvement de sang pour vérifier le taux de diabète. « Faute de lancettes, nous devons utiliser une aiguille, ce qui est plus douloureux pour certains patients », explique un autre infirmier. Il ajoute que compte tenu de l’indisponibilité de sondes urinaires appropriées, certains patients doivent en porter une qui ne correspond pas à leur taille.
« C’est moins confortable pour eux, mais nous n’avons pas d’autres choix », dit-il. Une infirmière évoque elle le manque de gants dans l’établissement où elle travaille. « Nous devons parfois utiliser les mêmes gants pour changer un patient. Ce n’est pas hygiénique, mais nous n’avons pas le choix car nous n’en n’avons pas en grande quantité », soutient-elle.
diligence
D’un hôpital à l’autre, c’est le manque de prévoyance qui est déploré. « Aucun matériel de base ne devrait manquer dans un établissement hospitalier », font ressortir nos interlocuteurs. Pour eux, il faudrait mettre de l’ordre dans le département concerné afin que le personnel fasse preuve de diligence. « Nous ne pouvons plus nous contenter de la note « not available » qu’ils nous sortent à chaque fois. C’est trop facile », martèle un infirmier.
Une source proche du dossier au ministère de la Santé soutient, pour sa part, que le ministère subit lui-même les aléas des fournisseurs avec les commandes qui arrivent en retard pour diverses raisons. « Cette situation est indépendante de la volonté du ministère », nous a fait comprendre notre interlocuteur.
Par crainte de représailles, aucun de nos interlocuteurs n’a souhaité que son nom soit cité et encore moins l’hôpital où ils exercent.
Manque d’intérêt
Le problème d’approvisionnement découlerait aussi du manque d’intérêt des médecins ou des spécialistes de siéger sur le Procurement Board afin de ne pas être taxés de favoriser une entreprise au détriment d’une autre. Certains ont été « épinglés » par l’Independant Commission against Corruption (Icac) récemment. Cela aurait refroidi plus d’un. Un consultant est d’avis que les spécialistes préfèrent profiter de leurs privilèges pour la double pratique et s’occuper de leurs patients dans le privé que de s’asseoir dans un Board où ils n’ont rien à gagner.
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