Madun et Dina Randheersingh avaient informé leurs deux filles de 10 et de 5 ans de l’arrivée d’un petit frère dans la famille. Hélas, leur rêve s’est brisé brutalement le vendredi 13 novembre. L’enfant n’a pas survécu à cause de la négligence alléguée d’une gynécologue.
Elle est assise, accablée, dans un fauteuil. Le visage défait, Dina, le coeur meurtri, fait l’effort de nous accueillir chez elle à Curepipe. Son mari, un commerçant, nous rejoint rapidement. Leurs filles sont à leurs côtés, véritables sources de réconfort pour les parents effondrés. La maman commence à parler, la voix tremblotante. Mais elle ne peut poursuivre et laisse son époux, Madun, nous raconter leur drame.
Jeudi 12 novembre. Dina, 35 ans, se rend à l’hôpital Victoria, Candos, pour un examen gynécologique. Elle attend son troisième enfant. La gynécologue lui confirme que tout se passe bien et que le cœur du petit garçon bat normalement. Elle lui demande de revenir le lendemain pour une échographie. Son premier bébé est né par césarienne. La gynécologue veut s’assurer que toutes les conditions sont réunies pour une deuxième césarienne.
Le lendemain, vendredi 13 novembre, Dina et son mari arrivent à l’hôpital à 9 h 45 et la gynécologue vers 11 h 30, alors que le rendez-vous était fixé pour 10 heures.
Aucune explication
La gynécologue demande à l’époux d’attendre à l’extérieur de la salle. Après examens, elle déclare à Dina qu’elle peut rentrer chez elle et de revenir le 19 novembre. « Ma femme lui a confié que depuis le matin, elle ne sentait plus le bébé bouger dans son ventre. Elle a alors subi une échographie et l’avis de plusieurs médecins a été sollicité. D’autres tests suivent. Puis, la terrible nouvelle tombe : le bébé est mort. On m’a fait venir pour m’annoncer la nouvelle. On m’a montré les images de l’échographie. Je n’y comprenais rien. Les médecins ont dit qu’il fallait extraire le bébé mort le plus vite du ventre de ma femme. Elle a été emmenée au ‘Labour Ward’. Depuis, je ne l’ai plus vue ce jour-là », explique le mari désemparé. Madun rentre chez lui. L’opération est prévue vers 1 heure du matin. Après l’accouchement, il découvre le visage du son fils mort-né. Accablé de chagrin, l’époux s’inquiète de l’état de santé de sa femme. « J’ignore ce qu’ils lui ont fait. Je l’ai vue bien plus tard. Son état était pitoyable. » Il ne mâche pas ses mots à l’égard des médecins. « Ils se sont comportés comme de véritables bourreaux ».Par voies naturelles
« Les médecins, insiste le couple, nous avaient affirmé que le fœtus ne pouvait être enlevé par voies naturelles à cause de sa taille. Une césarienne s’imposait. Pourtant, ils l’ont fait passer par les voies naturelles. Dina a vécu un véritable martyre », s’insurge Madun. « Quand j’ai demandé comment était mort mon enfant, personne n’a pu me donner une réponse », déplore-t-il. « Je le maintiens : ma femme aurait dû accoucher au moment où il le fallait. Notre bébé serait vivant aujourd’hui. La gynécologue n’a jamais prévu de date pour l’accouchement. Chaque fois, elle repoussait l’échéance. Nous avons perdu notre enfant parce qu’on a trop attendu », se lamente le père.Gynéco en tenue civile
Madun dénonce le comportement de la gynécologue. « Elle avait revêtu des vêtements de ville quand elle a examiné, elle ne portait pas la blouse blanche. Dimanche matin, c’était encore plus drôle. Elle a plaisanté avec les infirmières, vérifié son propre poids sur une balance, puis elle s’est éclipsée sans voir qui que ce soit. Moi, j’attendais qu’elle me dise si ma femme devait rester à l’hôpital... J’ai dû élever la voix auprès des membres du personnel pour qu’un médecin vienne signer le papier de discharge », relate-t-il. « Après l’accouchement, personne n’a fait un check-up à Dina, jusqu’à dimanche, à 14 h. Le plus inconcevable, c’est qu’on l’a placée dans la salle avec les futures mamans. Imaginez dans quel état mental elle se trouvait au milieu de ces femmes heureuses d’être mamans. Dina aurait pu être gravement perturbée psychologiquement », estime Madun. Face à une telle indifférence du personnel, Madun a emmené son épouse consulter un médecin privé. « Je ne sais ce qu’on lui a fait au bas-ventre. Elle avait des bleus sur les mains, comme si elle avait été frappée. » Dina explique que ces marques sont apparues « car les infirmières avaient du mal à trouver mes veines. Elles m’ont traitée brutalement. L’une d’elles m’a même demandé si je me droguais », s’insurge-t-elle.Poursuites
Meurtrie jusqu’au plus profond de son âme, Dina ne cesse de pleurer. « J’ai attendu neuf mois avec l’espoir de pouvoir serrer mon fils dans mes bras. Si tout s’était bien passé, mes filles seraient en train de jouer avec lui… » Autre attitude qu’elle jugeait saugrenue : l’hôpital de Candos lui a demandé de récupérer le dossier de naissance de sa fille aînée, vieux de dix ans, à l’hôpital de Rose-Belle « car le médecin qui m’avait traitée là-bas serait mieux placé pour prendre de nouveau soin de moi ». « Cette gynécologue manquait-elle autant de confiance en elle ? » s’interroge Dina. Le Défi Quotidien a sollicité la version de l’hôpital et s’est adressé au ministère de la Santé. La secrétaire du Dr Oree, directeur de l’hôpital de Candos, confirme avoir reçu notre courrier et nous a promis d’initier une enquête. Le couple a contacté un homme de loi et envisage des actions judiciaires.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !