Le fonctionnement du Parlement est désespérant, selon le Senior Counsel Hervé Duval. Il a exprimé son avis lors de l'émission Au Cœur de l’Info avec Nawaz Noorbux sur Radio Plus, hier, intervenant par téléphone.
L'avocat n'a pas mâché ses mots pour exprimer son désarroi vis-à-vis des travaux parlementaires : « Le spectacle offert sur Parliamentary TV est désespérant. (...) Il est évident qu'il s'agit d'un dysfonctionnement grave de la démocratie, car celle-ci est en panne », a-t-il déclaré.
Hervé Duval se demande si une intervention de la Cour suprême ne serait pas nécessaire dans une telle situation : « Étant donné que c'est si évident et flagrant, pouvant être constaté par tous, je me demande si la Cour suprême devrait examiner non seulement si ce qui se passe remet en cause une section de la Constitution, mais aussi si la démocratie fonctionne réellement et si Maurice demeure un État démocratique avec l'état actuel du Parlement », s’est-il interrogé.
Selon le Senior Counsel, au moins deux personnes sont responsables de cette situation. D'abord, le Speaker de l'Assemblée nationale, Sooroojdev Phokeer. « When you cannot shoulder a responsibility, the only responsible thing to do is to resign », a-t-il avancé. Le deuxième responsable serait le Premier ministre lui-même. « C'est le Premier ministre, en tant que chef du gouvernement et de la majorité, qui décide de la nomination du Speaker de l'Assemblée nationale », a-t-il rappelé. Hervé Duval estime que le Speaker ne sait pas ce qu'il fait, tandis que le Premier ministre tolère cette situation.
Hervé Duval souligne qu'aucun système ou principe ne peut pallier la mauvaise foi d'une personne : « Vous pouvez avoir tous les systèmes ou principes qui existent, mais si une personne qui incarne une institution n'a ni la compétence ni la volonté de faire son travail de manière transparente et honnête, aucun garde-fou ne pourra protéger contre sa mauvaise foi », a-t-il conclu.
Limites dépassées
Présent sur le plateau, Prithviraj Putten, ancien Deputy Speaker, parle d'une situation sans précédent et estime que toutes les limites en matière de gestion des travaux parlementaires ont été dépassées : « Il n'est pas possible pour un Speaker de gérer le Parlement selon ses caprices », a-t-il soutenu. Deux éléments sont avancés pour justifier cela : d'une part, le langage employé, comme « rest in peace » ou « correct this man », « look at your face », et d'autre part, son comportement dans l'hémicycle. « Il est déjà descendu de son perchoir pour argumenter avec un parlementaire, ce qui est très grave et inacceptable dans un Parlement, surtout de la part du Speaker », estime-t-il.
Prithviraj Putten est également d’avis que Sooroojdev Phokeer fait preuve d'abus d'autorité et agit en dehors des Standing Orders. À l'appui de ses dires, il cite le rejet de questions qu'il considère comme valables et des modifications apportées à des questions sans en avertir les auteurs.
Pour le député du Parti travailliste, Mahend Gungapersad, également présent sur le plateau, il est faux de dire que c'est l'opposition qui provoque le Speaker. Il compare la présidence du Deputy Speaker, Zahid Nazurally, aux rares moments où il a présidé les travaux : « Lorsqu'il préside, le courant passe. Il agit avec dignité et nous respectons son autorité parce qu'il nous respecte. Donc, il est facile de dire que c'est nous qui provoquons. Mais en voyant le comportement du Speaker, on se demande qui provoque qui », a-t-il commenté.
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