Depuis qu’Armoogum Parsuramen, G.O.S.K., a confié les responsabilités de coordonnatrice de l’université du 3e âge à Hermene Félicité, le nombre de ses adhérents a doublé. Elle est la cheville ouvrière de l’institution.
Hermene Félicité habite à Phoenix, dans le quartier huppé qui fait face au centre commercial Jumbo. Ses voisins la connaissent. Elle a été mariée à un grand commis de l’État, Jacques Rosalie, mais elle s’est fait un nom toute seule.
Née au sein d’une fratrie de huit enfants, dont le père était policier, elle a été scolarisée du primaire au secondaire au collège Lorette de Port-Louis. Après ses études, elle prend de l’emploi au Bureau de l’emploi, avant de rejoindre le Mauritius Broadcasting Service (qui deviendra la MBC), où elle est affectée au Sales Department. Ensuite, elle prend de l’emploi chez la compagnie Leal.
Peu de temps après, elle part en France où, à Paris, elle suit des stages en coiffure, esthétique, et apprend à jouer du piano. « C’est là où je me suis épanouie, explique-t-elle. Ma famille habitait à Neuilly-sur-Seine, qui est un quartier chic, et on avait des célébrités comme voisins ».
« À la création de l’U3A, il y avait environ 400 inscrits, en 2017, nous en sommes à un millier. »
Après des années dans la capitale française, elle rentre à Maurice et ouvre à Quatre-Bornes un salon de coiffure avec des coiffeurs parisiens. Puis elle diversifie ses activités : horticulture, engagement social, handisport.
En 2013, elle croise l’ex-ministre de l’Éducation et ex-directeur de l’Unesco, Armoogum Parsuramen, qui vient de lancer l’University of 3rd Age (U3A). « Tout de suite, cela a accroché entre nous, si bien qu’il me confiera la responsabilité de coordonnatrice de l’association », raconte-t-elle.
Boule d’énergie
C’est sans doute cette boule d’énergie qui l’anime qui a séduit l’ex-ministre. « À la création de l’U3A, il y avait environ 400 inscrits, en 2017, nous en sommes à un millier », explique Hermene.
Comment expliquer un tel engouement pour la trentaine de cours offerts par l’U3A chez des personnes qui, à leur âge, devraient se couler une retraite paisible ? « Elles ont toutes en commun la soif d’apprendre, car elles ne veulent pas rester oisives », répond Hermene.
Et ce n’est pas un hasard si on retrouve le plus grand nombre d’inscrit pour le stage en technologies de l’information et de la télécommunication. « L’essor de l’informatique et de l’Internet à Maurice permet aujourd’hui d’effectuer des paiements en ligne. Puis, il y a les réseaux sociaux, Facebook, Viber. La connexion à l’Internet et le téléphone intelligent le permettent. C’est un univers nouveau qui s’ouvre à elles. Désormais, elles savent qu’elles peuvent parler et voir un ami, un parent, à l’étranger en temps réel. Ces personnes veulent tout logiquement en profiter, mais encore faut-il qu’elles soient initiées à l’outil informatique », fait-elle observer.
Stages appropriés
À l’inscription, en ce début d’année 2017, on se bouscule au portillon et le portable d’Hermene est constamment sollicité. « Les appels passent souvent par l’ex-ministre, mais c’est moi qui prends les inscriptions. Rien qu’à écouter les accents, les mots utilisés, j’arrive à déterminer le niveau des demandeurs. C’est très important, car cela permet de leur proposer des stages appropriés, mais en dernier lieu, la décision leur appartient », explique-t-elle.
Les demandeurs sont issus des professions les plus diverses : de l’enseignant au médecin, en passant par des infirmières. « Notre critère de sélection reste quand même la capacité de suivre ces cours. C’est la raison pour laquelle, il est difficile pour certaines personnes de s’inscrire, car il faut un minimum d’harmonisation de niveau pour comprendre les cours », indique-t-elle.
Cette année, l’U3A étendra ses activités au sud de Maurice, afin d’être plus proche de ses adhérents et d’élargir sa présence à travers le pays. « Avec un frais d’inscription à Rs 500, c’est un véritable cadeau, au vu du nombre de cours qui sont offerts. »
Grâce à la réputation de son président fondateur, mais aussi par ses stages, ses profs, tous bénévoles, l’U3A ne rencontre aucune difficulté à trouver des locaux pour s’y installer. « Des cours en informatique sont offerts à Ébène et dans des centres sociaux. Les cours en photographie ont lieu au collège Bhujoharry. Notre objectif est de trouver d’autres lieux, plus spacieux, afin d’enrichir davantage nos cours », ajoute-t-elle.
Carnet d’adresses
Véritable cheville ouvrière de l’U3A, elle fait jouer son carnet d’adresses, conjugué au riche passé d’Armoogum Parsuramen, pour trouver les professeurs. « Ce sont ces atouts que nous mettons à profit. Lorsqu’ils entendent le nom de l’ex-ministre, ils n’hésitent pas ».
Elle anime un stage d’anglais et a trouvé sa voie dans le talk-show, un peu à l’américaine, et sa classe se compose d’environ 90 personnes dans la tranche d’âge de 60 à 75 ans. Aux yeux d’Hermene, les activités de l’U3A relèvent d’un véritable processus continu de pédagogie, dont l’objectif est d’amener les personnes du 3e âge à rester en contact avec les réalités du quotidien.
« À sa retraite, il n’y a rien de pire que de se sentir seul, cela signifie l’exclusion de la société. L’état de solitude conduit souvent à la dépression. Or, les retraités quel que soit le métier qu’ils exerçaient aiment partager et se rencontrer. Dans les grands pays, ces structures existent déjà, elles permettent à des retraités de connaître une deuxième vie. À Maurice, qui devient petit à petit un pays développé, industriel et connecté à l’Internet, l’U3A remplit une fonction sociale fondamentale pour l’harmonie entre les communautés », dit-elle.
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