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Hector Tuyau : «Les crimes ont tendance à être plus crapuleux»

Crimes et autres délits : faut-il avoir peur ? C’était le thème de l’émission Au Cœur de l’info, animée par Jugdish Joypaul, sur Radio Plus, vendredi.

« Qu’est-ce qui a changé dans notre société ? » Ashitah Aujayeb Rogbeer, criminologue, estime qu’il y a aujourd’hui plus de « motivated offenders » dans la société, un des trois éléments principaux pour l’avènement d’un crime. La criminologue est d’avis qu’il y a aussi plus de « suitable targets », une deuxième condition favorisant la criminalité. Elle cite en l’occurrence une population vieillissante et parfois isolée. « Nou nepli vey zafer dimounn (rires). Saken res dan so kwin », souligne-t-elle. Et enfin, Ashitah Aujayeb Rogbeer estime que l’effectif de la police pourrait être insuffisant.

L’ancien Assistant Surintendant de Police, Hector Tuyau, estime, lui, qu’il n’a pas noté de grand changement en ce qui concerne la société. « Certes, nous avons eu plusieurs meurtres dans un délai assez rapproché mais à la fin de l’année, lorsque nous allons prendre connaissance des statistiques, nous allons constater que le nombre est plus ou moins le même. Il n’y a donc pas de grand changement en tant que tel », considère-t-il, soulignant cependant que « les crimes ont tendance à être plus crapuleux ».

Échecs

Et pour Hector Tuyau, le fléau de la drogue serait la cause principale de la criminalité. « Les auteurs de la majorité des cas de vols sont des drogués, pour financer leur consommation. (…) Zot pa travay. Zot travay se cokin », dit-il. S’il avance que ces « habitual criminal » sont généralement connus de la police, il concède toutefois qu’ils peuvent parfois échapper à la vigilance des forces de l’ordre. « Zot sorti dan zot landrwa zot al kokin dan lezot landrwa », dit-il
Zaid Ameer, membre de Neighbourhood Watch, parle « d’échecs » à plusieurs niveaux. D’abord en ce qui concerne les toxicomanes, surtout lorsqu’ils sont envoyés en prison. « Notre système pénitentiaire n’a pas apporté les résultats voulus », estime-t-il. Le programme de méthadone n’aurait, selon lui, pas donner les résultats escomptés. « Ils sont des victimes de la société. Mais lorsqu’ils doivent trouver de l’argent pour leur drogue, ils commencent à voler chez eux, puis chez les voisins et ensuite à travers l’ìle », dit-il.

Neighbourhood Watch

Zaid Ameer est d’avis qu’il faut une collaboration étroite entre la population et la police à travers la création de Neighbourhood Watch dans chaque région, regroupant les habitants. « Chez nous, nous organisons des réunions dans chaque quartier. La police est invitée à venir sensibiliser les habitants sur les précautions à prendre, notamment où garder son téléphone portable et son portemonnaie lorsqu’on marche dans la rue ou encore les personnes âgées sont priées de s’assurer qu’elles soient accompagnées lorsqu’elles vont récupérer leur pension », dit-il.

Ministre de l’Intérieur

Quant au sociologue Chandra Rungasawmy, il est d’avis qu’un ministre de l’Intérieur dédié à cet effet serait l’une des solutions. « Dans beaucoup de pays, nous avons des ministres de l’Intérieur qui sont à l’écoute de ce qui se passe et des craintes de la population. Or, notre Premier ministre semble porter trop de chapeaux. Nou bizin enn minis linteryer a plin tan ki a lekout », suggère-t-il.

Le sociologue dit aussi noter que l’adaptation des lois est lente face à une évolution rapide de la société. « Nous constatons que la société évolue rapidement, mais que nos lois tardent à s’adapter en conséquence. Aussi, nos lois sont souvent calquées sur des modèles européens. Or, les Mauriciens sont d’origine asiatique et africaine. Nous n’avons pas la même culture de respect des lois que les Européens. Il aurait fallu que nous nous inspirions davantage de ce qui se fait en Chine ou en Arabie saoudite lors de l’élaboration de nos lois », dit-il.

 

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