Le prix de l’inhalateur Seretide est passé à Rs 906, une augmentation qui fait manquer d’air. Les prix de certains médicaments pour les troubles respiratoires ont grimpé jusqu’à 70 %.
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L’année dernière, le Seretide était disponible dans les pharmacies à environ Rs 506. Récemment, le prix était passé à Rs 536,88. Cependant, depuis cette semaine, le prix de cet inhalateur est de Rs 906,57. Ce qui représente une hausse de près de Rs 370, soit approximativement 70 %. Le Ventoline, un autre inhalateur, a également vu son prix passer de Rs 127 à presque Rs 195, soit une augmentation de Rs 68, environ 54 %.
Un médecin généraliste explique que les inhalateurs Seretide et Ventoline sont utilisés pour traiter divers troubles respiratoires, comme l’asthme, la bronchite et les difficultés respiratoires. « La Seretide est destinée à un traitement de longue durée, tandis que la Ventoline offre un soulagement immédiat », précise-t-il. Il ajoute que ces inhalateurs sont couramment prescrits à tous les âges, des enfants aux adultes, en raison de leur efficacité. Bien qu’il existe des alternatives, il souligne que leur efficacité peut ne pas être équivalente. « Ils sont de bonne qualité et donnent donc des résultats prometteurs. Ce qui fait qu’ils sont plébiscités par les patients », estime-t-il.
Laboratoire GSK
Les deux médicaments en question ont un point commun : ils sont fabriqués par GlaxoSmithKline (GSK). Selon des importateurs, le laboratoire a informé ses représentants et revendeurs à travers le monde, dès avril, de l’augmentation des prix de ses produits. En plus des deux inhalateurs mentionnés, le médicament antiallergique Zyrtec, toujours fabriqué par GSK, a également vu son prix grimper.
Deux principaux facteurs expliquent cette hausse des prix : l’augmentation des coûts des matières premières et celle des coûts de production. « Le laboratoire a souligné qu’il n’avait pas ajusté ses prix depuis plusieurs années, et qu’un réajustement était devenu impératif. »
Notre source indique qu’en moyenne, les augmentations des produits de GlaxoSmithKline varient de 50 % à 60 %. Ce réajustement, selon le laboratoire, vise à compenser les coûts croissants et à maintenir la qualité de ses produits.
Pharmaceutical Association of Mauritius - Chetan Dookun : «Proposer des solutions pour baisser les prix»
L’importante augmentation des prix de certains médicaments inquiète Chetan Dookun, président de la Pharmaceutical Association of Mauritius. « Si les gens sont malades, ils devront acheter ces médicaments parce qu’ils n’ont pas le choix », fait-il observer. Bien qu’il y ait des médicaments génériques, il avance que certains patients devront débourser des sommes conséquentes. « Si une personne est habituée à utiliser un médicament spécifique et le trouve efficace, il est difficile pour elle de changer ses habitudes », explique-t-il.
Selon lui, le « regressive markup » pour les médicaments n’a pas produit les résultats escomptés. « La ministre du Commerce avait annoncé une baisse des prix pour 80 % des médicaments. Cependant, je constate plutôt que le prix de certains médicaments a augmenté de près de 80 % », note-t-il. Chetan Dookun demande ainsi au gouvernement de proposer « des solutions efficaces ».
Le leader du Parti mauricien social-démocrate, Xavier-Luc Duval, a proposé de se tourner vers la compagnie étatique indienne HLL Lifecare Ltd pour se procurer des médicaments à meilleur prix. Mais Chetan Dookun est sceptique. « Il reste à voir si les Mauriciens accepteront ces génériques, surtout ceux qui sont habitués aux médicaments originaux », dit-il. De plus, il anticipe d’éventuels obstacles supplémentaires. « Il est crucial que cette compagnie accepte de livrer en petites quantités. Ce qui entraînera des coûts additionnels, notamment pour l’emballage. En ajoutant le fret et d’autres frais associés, je me demande si ces génériques seront bon marché. »
Des alternatives existent…
Les importateurs mettent en avant la disponibilité des alternatives aux médicaments coûteux. Seretide et Ventoline sont des médicaments originaux. Mais il existe des alternatives génériques sur le marché. « Le public a donc le choix. Un patient peut demander à son médecin de prescrire une alternative adaptée à son budget. De plus, les pharmaciens peuvent proposer des options moins chères qui contiennent les mêmes molécules », expliquent-ils. Cependant, tant que la roupie continuera à déprécier vis-à-vis des autres devises, les prix des médicaments augmenteront. « Que ce soit un médicament original ou générique, si la roupie continue à se déprécier, les prix continueront d’augmenter », ajoutent-ils.
Les médecins précisent que la prescription des médicaments est généralement faite en concertation avec le patient. « Pour la Seretide, nous informons le patient du coût. S’il accepte de payer, nous procédons à la prescription. Sinon, nous lui proposons une alternative », explique un médecin. Il précise toutefois que certains de ses confrères pourraient ne pas être aussi flexibles. « Certains médecins, en particulier les plus renommés, préféreront prescrire des médicaments originaux pour préserver leur réputation, indépendamment du coût. Zot pa pou anvi pasian dir ki zot inn al kot tel dokter, zot pann bien. »
Siddick Khodabaccus : « Li pa vre ki se inportater ki pe tini pri »
Pour Siddick Khodabaccus, président des petits et moyens importateurs, l’augmentation des prix des médicaments montre l’absence de contrôle des importateurs sur les coûts élevés en amont. « Les fournisseurs étrangers sont confrontés à divers défis. Il y a l’augmentation des coûts des matières premières, de la production et du transport. Certains laboratoires tentent parfois d’absorber ces hausses, mais lorsque la situation devient insoutenable, ils ajustent leurs prix. Ce qui entraîne une flambée », explique-t-il. Il précise que ce n’est pas la faute des importateurs si les prix augmentent. « Li pa vre ki se inportater ki pe tini pri », dit-il.
Siddick Khodabaccus continue de plaider pour l’importation parallèle de médicaments, estimant que cette pratique pourrait permettre d’obtenir certains produits à des prix plus abordables. « Il est également crucial de promouvoir les médicaments de substitution auprès du public. Il faut éduquer les gens sur le fait que les génériques sont tout aussi efficaces que les médicaments de marque. Car même si toutes les charges sur les médicaments étaient supprimées, les prix resteraient élevés. »
Le président des petits et moyens importateurs de médicaments recommande aussi que le gouvernement réalise une étude. Elle permettrait de comprendre pourquoi certaines personnes évitent les hôpitaux publics, bien que les médicaments y soient gratuits. « Il est nécessaire de mettre en place une aide financière pour permettre aux patients d’accéder à des médicaments dans le secteur privé en cas de rupture de stock ou de manque de génériques », conclut-il.
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