L’activiste Nishal Joyram, qui avait fait une grève de la faim visant à réclamer la baisse des prix du carburant en décembre dernier, prévoit de porter plainte lundi après-midi à l’Independent commission against Corruption (Icac) en compagnie de l’avocat Sanjeev Teeluckdharry.
Publicité
«Nous comptons porter plainte concernant une éventuelle caisse noire que nous suspectons à la State Trading Corporation (STC). Malgré maintes requêtes auprès des autorités pour nous fournir des éclaircissements sur certains points par rapport au prix d’achat des carburants, c’est-à-dire entre le prix de référence utilisée par la STC et le prix réel d’achat, nous n’avons eu aucune explication », avance Nishal Joyram. Il s’élève contre la hausse de Rs 3,10 le litre d’essence et Rs 5,45 le litre de diesel en vigueur depuis samedi soir après une rencontre du Petroleum Pricing Committee samedi après-midi.
L’activiste demande la plus grande transparence au niveau du prix d’achat des produits pétroliers, car il est ici question de plusieurs milliards de roupies. Au niveau de la STC, tout comme au niveau du ministère du Commerce, sous la responsabilité duquel tombe la STC, l’on s’est toujours défendu de toutes maldonnes tout en assurant travailler dans la transparence.
Dans son communiqué de samedi soir, la STC a justifié cette hausse du prix des carburants par le fait que le prix du baril de pétrole est en hausse depuis le début de l’année et que le déficit du Price Stabilisation Account (PSA) qui est « estimé à Rs 5,2 milliards ». Ce lourd déficit du PSA, qui est habituellement utilisé pour mitiger la hausse du prix du baril pour éviter de tout répercuter sur les consommateurs, l’empêche d’injecter de l’argent pour stabiliser davantage les prix qui sont passés à Rs 72,10 le litre pour l’essence et Rs 69 le litre de diesel.
Cela dit, comme le règlement 5 (3)(b) de la Consumer Protection (Control of Price of Petroleum Products) Regulations 2011 empêche des hausses de prix de plus de 10%, toute la hausse n’est pas répercutée pour ce qui est du diesel. Dans son communiqué, la STC explique que la hausse pour le diesel aurait dû être de Rs 9,60 le litre au lieu de Rs 5,45. En d’autres mots, la STC vend chaque litre de diesel avec une perte de Rs 3,61.
Réactions
Raffick Bahadoor, président de la Taxi Proprietors’ Union : «On ne comprend plus l’orientation politique du GM»
« Comme tout le monde, on a été choqué d’apprendre l’ampleur de la hausse du prix des carburants. C’est incompréhensible d’autant plus que le gouvernement avait décidé de faire baisser l’essence de Rs 5,10 le 2 juin dernier, mais cette tendance de mettre la main dans ‘pos dimounn’ a repris. Aussi, le gouvernement a décidé de donner Rs 20 000 à ceux qui ont 18 ans indistinctement de leur situation familiale et maintenant il vient avec de fortes hausses du carburant. On ne comprend plus l’orientation politique du gouvernement qui prétexte la hausse des prix à l’international. Quand le monde éternue, Maurice est malade », ironise Raffick Bahadoor, président de la Taxi Proprietors’ Union.
Celui-ci avance que les chauffeurs de taxi ne peuvent plus monter davantage les tarifs. « Le gouvernement fait tout pour finir la classe des chauffeurs de taxi. On se demande qu’est-ce qu’il nous reste », avance-t-il avant d’affirmer que les taximen comptent prendre part à la manifestation organisée par l’Association des consommateurs de l’Ile Maurice (Acim) le samedi 7 octobre.
Viraj Nundlall : « Si le gouvernement ne compense pas, il y aura une hausse du prix du ticket »
Le directeur de Triolet Bus Service (TBS), Viraj Nundlall, affirme être dans l’attente. « Le Bus Company Recovery Account (BCRA), existe depuis 2004 et est utilisé pour compenser les hausses du prix du ticket. Mais comme cette hausse du diesel est substantielle, on ne sait pas si ce fonds pourra servir pour nous rembourser. On doit attendre pour savoir quelle décision prendra le gouvernement. S’il ne compense pas, ce sera un gros fardeau et il faudra appliquer une hausse du prix du ticket », déclare-t-il. Le diesel représente 22 à 25% du budget des compagnies de bus.
Pravind Jugnauth : « On n’a pas le choix »
Lors de la fonction dimanche matin à Pailles lors de la Journée internationale des personnes âgées, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a avancé que « certains disent qu’ils vont protester, mais le problème est qu’on importe tout. Quand les prix augmentent à l’international, on doit payer. On n’a pas le choix ».
Naseer Mohabee, président de l’Association des propriétaires de boulangeries : «On n’a plus qu’à fermer boutique»
« C’est encore un coup de massue pour nous. Depuis janvier, tous nos intrants ont augmenté. On n’a plus qu’à fermer boutique. Depuis janvier, on a eu à composer avec une hausse du tarif d’électricité et deux compensations salariales, entre autres. Il y a un dégoût parmi nos membres pour ouvrir les boulangeries », dit Naseer Mohabee, président de l’Association des propriétaires de boulangeries.
Il précise que deux semaines de cela, l’association a demandé une hausse des prix du pain maison de 100 grammes au ministère du Commerce. « Maintenant on devra amender notre costing pour le soumettre de nouveau aux autorités. On attend que le ministère nous appelle », dit l’intervenant.
Naseer Mohabeeo a l’intention de réunir ses membres pour décider d’une éventuelle participera à la manifestation du 7 octobre. « Nous examinons aussi d’autres options Dès lundi, nous allons consulter nos membres. On va tenir une assemblée générale bientôt. »
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !