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Hausse des taxes sur les véhicules : jusqu’à 72 % d’augmentation sur le prix d’une voiture

les prix des voitures connaîtront une hausse substantielle.

Les concessionnaires ont fait les comptes. Les prix des véhicules neufs vont drastiquement augmenter après le 1er juillet 2025 à cause de la nouvelle fiscalité. Les prix monteront de 18 % à 72 % par exemple. 

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Une Toyota Corolla hybride passera de Rs 1 465 000 à Rs 2 210 000, c’est-à-dire une augmentation de Rs 745 000, ou 51 %. Une Kia Picanto passera de Rs 795 000 à Rs 936 000, soit une hausse de Rs 141 000 ou 18 %. Un Kia Sportage hybride passera de Rs 1 935 000 à Rs 2 516 000, soit un surcoût de Rs 581 000 ou Rs 30 %. Enfin, un Toyota Rav 4 hybride passera de Rs 2 095 000 à Rs 3 600 000, soit Rs 1 500 000 d’augmentation ou 72 %. « Nous demandons une prolongation du moratoire. Trois semaines (avant la hausse des taxes), ce n’est pas faisable économiquement. Des entreprises vont faire des pertes avec des augmentations entre Rs 200 000 et Rs 3 millions, ce n’est pas possible », soutient Mrinal Teeluck, secrétaire général de la Motor Vehicle Dealers Association (MVDA), dans une déclaration au Défi Plus.

Les concessionnaires s’attendent donc à une chute des ventes, comme désiré par le gouvernement. « On ne sait pas comment on va vendre les véhicules neufs. Une Toyota Corolla hybride à Rs 2 210 000, il n’y aura pas preneur », constate Mrinal Teeluck. Le secrétaire général de la MVDA pense que les acheteurs vont tenter d’anticiper leurs achats avant le 1er juillet 2025.

Pour rappel, le gouvernement donne un sérieux coup de frein aux ventes de véhicules à Maurice. Pour cela, il augmente les droits d’accises sur les véhicules thermiques et les réintroduit pour les véhicules hybrides et électriques. Les frais d’enregistrement pour la première immatriculation de véhicules n’y échappent pas non plus avec une augmentation de 30 %. Le Negative Excise Duty Scheme de Rs 200 000 est aboli. Seule bonne nouvelle, les frais d’enregistrement deviennent payables qu’une seule fois dans la vie d’un véhicule. Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, justifie ces mesures par la saturation du réseau routier et le déficit de la balance commerciale.

Véhicules taxés : certaines incohérences notées

Les réactions s’enchaînent après les mesures budgétaires sur les taxes automobiles. ONG, syndicats et professionnels du transport dénoncent des incohérences, un manque de clarté et l’absence de soutien au transport scolaire ou collectif.

Alain Jeannot, de l’ONG Prévention routière avant tout (Prat), se dit dérouté par les mesures budgétaires concernant l’augmentation des droits d’accises sur les véhicules thermiques et leur réintroduction pour les véhicules hybrides et électriques. « Je parviens difficilement à réconcilier ces mesures avec les défis environnementaux », confie-t-il. Il rappelle que Maurice émet plus de 4 millions de tonnes de CO₂ par an, dont 1,2 million est attribué au secteur du transport. Dans ce contexte, l’augmentation des taxes sur les véhicules électriques lui semble incohérente.

Selon lui, ces mesures pourraient certes réduire le nombre de véhicules à quatre roues sur les routes, mais elles risquent aussi d’encourager certains usagers, faute de moyens, à se tourner vers les deux-roues motorisés. « Ce qui pourrait accroître le nombre d’accidents graves sur nos routes. » Pour éviter cette dérive, Alain Jeannot plaide pour une refonte du système de transport en commun qu’il souhaite plus accessible, ponctuel, confortable et sûr.

Le responsable de Prat insiste aussi sur l’importance de renforcer le contrôle technique des véhicules, anticipant un allongement de la durée de vie des véhicules d’occasion. Il réclame une étude sérieuse sur l’usage des véhicules à Maurice, afin de mieux cerner les besoins de la population et de s’adapter aux changements profonds survenus durant ces dernières années. Il déplore par ailleurs la hausse des frais d’enregistrement pour la première immatriculation des véhicules, une autre mesure jugée pénalisante.

Pour Barlen Munusami, expert en sécurité routière, les hausses des droits de douane ne devraient pas avoir d’impact notable sur les embouteillages. 

« Ceux qui ont décidé d’acheter un véhicule trouveront toujours un moyen de le faire », affirme-t-il.

Raffick Bahadoor, président de la Taxi Proprietors Union, s’interroge pour sa part sur l’enregistrement des véhicules de seconde main. « S’agit-il de véhicules reconditionnés venant de l’étranger ou de véhicules achetés localement pour éviter de payer les droits ? », demande-t-il. Il regrette également l’augmentation des taxes sur les véhicules hybrides et électriques, qui va, selon lui, à l’encontre de la vision d’une île verte. « Cette mesure ne va pas encourager les gens à opter pour des véhicules moins polluants », déplore-t-il. À ses yeux, d’autres solutions auraient pu être envisagées pour mieux contrôler le parc automobile. « Le problème des embouteillages n’a pas été attaqué à la source », ajoute-t-il.

Du côté du transport scolaire, Shameem Sahadut, président de l’Association of School Bus Owners, souligne que les opérateurs de van scolaires ne bénéficient d’aucune subvention de l’État, que ce soit pour le permis ou les déclarations. « Nous payons Rs 5 000 par an pour le permis d’opération et Rs 3 000 pour la déclaration », indique-t-il, tout en précisant que leurs demandes, même auprès du gouvernement précédent, sont restées sans réponse.

Il espérait une baisse des frais d’opération dans ce budget, mais constate que les chauffeurs de taxi bénéficient de plus d’avantages que les opérateurs de transport scolaire. « Nous demandons à être traités avec la même considération », insiste-t-il. Il salue la disponibilité du ministre du Transport, Osman Mahomed, mais attend que des mesures concrètes soient prises. Il appelle à une rencontre autour d’une table pour faire le point sur leur situation.

Shameem Sahadut explique que toute augmentation de frais sera inévitablement répercutée sur les parents. Entre les primes d’assurance en hausse et l’obligation de souscrire une police couvrant 18 enfants, les coûts s’accumulent. « Pour l’instant, aucune hausse des tarifs n’est prévue, mais elle pourrait survenir à la prochaine rentrée scolaire si rien ne change. »

Droit d'accise, douane, enregistrement : ce qui change à partir de juillet

À partir du 6 juin 2025, de nouveaux taux de droits d’accise et de douane s’appliqueront aux véhicules, notamment aux voitures à moteur thermique, aux véhicules électriques et aux autres types de véhicules.

Toutefois, une disposition transitoire est prévue : les anciens taux continueront à s’appliquer aux véhicules qui, au 5 juin 2025, se trouvent déjà en entrepôt sous douane, ont déjà été expédiés ou disposent déjà d’un permis d’importation. Ces véhicules devront impérativement être dédouanés au plus tard le 30 juin 2025.

D’autre part, le Negative Excise Duty Scheme, qui concerne les véhicules électriques, prendra fin le 30 juin 2025 et ne sera pas reconduit.

En ce qui concerne les droits d’enregistrement, à compter du 1er juillet 2025, ils seront abolis pour la vente et le transfert de véhicules domestiques d’occasion. En revanche, ils seront majorés de 30 % lors de la première immatriculation d’un véhicule à Maurice.

Parmi les points à retenir :

  • À partir du 6 juin 2025, les droits d’accise sur les véhicules hybrides et électriques seront réintroduits.
  • Les taux de droits d’accise et de douane sur les véhicules thermiques seront augmentés à des niveaux compris de 45 % à 100 %.
  • Augmentation de 30 % des frais d’enregistrement à payer lors de la première immatriculation d’un véhicule à Maurice.
  • Suppression des frais d’enregistrement sur la vente et le transfert de véhicules domestiques de seconde main.
  • Augmentation du montant de la Road Motor Vehicle Licence, mieux connue sous le nom de « déclaration », variant de Rs 200 à Rs 4 000 selon le type de véhicule.
  • Le Negative Excise Duty Scheme, autrement dit le remboursement de Rs 200 000 par la MRA aux particuliers ayant acheté une voiture électrique, sera supprimé.

Raffick Bahadoor : « Rien pour les véhicules au gaz »

Le président de la Taxi Proprietors Union se dit déçu qu’aucune mesure n’ait été annoncée pour les véhicules roulant au gaz. Il regrette que les stations-service ne soient pas incitées à offrir ce type de carburant, comme c’est le cas pour l’essence ou les véhicules électriques. « Avec les restrictions sur le gaz ménager, aucune alternative n’a été proposée pour les véhicules utilisant ce mode de combustion », déplore-t-il. Il affirme attendre davantage de détails sur les mesures budgétaires 2025-2026.

 

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