Le président du Mauritius Labour Congress (MLC), Haniff Peerun, trouve que 2024 sera une année de grands défis pour les fonctionnaires. Cela, en raison des élections générales.
Dans quel esprit les fonctionnaires vont-ils aborder 2024 ?
C’est la dernière année avant la tenue des élections générales. 2024 sera donc une année de grands défis pour les fonctionnaires. Il se pourrait qu’ils subissent des pressions de la part des ministres et autres conseillers politiques pour effectuer des travaux sans respecter les procédures. Ils doivent rester très vigilants, car la moindre erreur pourrait leur coûter très cher. Parallèlement, le climat est propice pour des revendications, comme une demande de promotion en particulier pour les fonctionnaires qui n’ont toujours pas été promus après des années de service.
Quelles sont les pressions qui pourraient être exercées sur eux ?
Comme avant chaque échéance électorale, des ministres et des conseillers pourraient accentuer des pressions dans le but d’accélérer la concrétisation des projets dans leurs circonscriptions respectives sans nécessairement suivre les procédures. Et si le scandale éclatait au grand jour, l’histoire a prouvé que, dans la grande majorité des cas, les fonctionnaires étaient toujours poursuivis devant la justice et sanctionnés. À cet effet, je leur demande de ne pas exécuter des ordres donnés verbalement et d’exiger qu’ils soient écrits noir sur blanc et portant la signature de leurs chefs hiérarchiques.
Il y a aussi des pressions pour le recrutement de fonctionnaires par la délégation de pouvoir de la Public Service Commission (PSC) pour des postes de chauffeurs, de Health Care Assistant et ‘attendants’, entre autres. Qu’on le veuille ou non, le recrutement par délégation de pouvoir aura toujours un parfum de suspicion. D’où ma demande pour que la PSC ne délègue pas son pouvoir aux ministères pour des recrutements durant la période qui précède des élections générales.
En tant que syndicaliste, j'ai constamment plaidé en faveur d'une transparence totale et d'une stricte méritocratie lors des recrutements au sein de la Fonction publique.
Comment assainir la situation dans la Fonction publique ?
Le Mauritius Labour Congress a constamment plaidé en faveur de la mise en place d'un Public Service Bill, visant à établir une frontière claire entre les prérogatives des politiciens et celles des fonctionnaires. Cette initiative vise principalement à minimiser toute ingérence politique indue dans les affaires administratives.
Par ailleurs, je tiens à souligner l'importance d'accorder au directeur du Bureau de l'Audit les compétences nécessaires pour engager des poursuites judiciaires à l'encontre des fonctionnaires identifiés dans ses rapports pour des infractions telles que le gaspillage de ressources publiques ou d'autres irrégularités dans l'exercice de leurs fonctions.
De plus, je suis d'avis que ce sont les fonctionnaires reconnus coupables par la justice pour des fautes professionnelles graves qui devraient assumer le paiement des amendes ou verser des compensations financières à leurs victimes, et non l'État. Cette mesure les inciterait à plus de responsabilité et à une plus grande conscience professionnelle dans l'exercice de leurs fonctions.
Comment voyez-vous 2024 sur le plan économique ?
Le fait marquant en 2023 dans le monde du travail est la hausse du salaire minimum à Rs 15 000 et l'octroi d'une compensation salariale allant de Rs 1 500 à Rs 2 000. C'est un pas positif dans le combat de la classe syndicale pour un salaire décent, en vigueur depuis le 1er janvier 2024. Cela dit, je plaide auprès du gouvernement pour prendre des mesures préventives contre une éventuelle montée des prix en 2024, ce qui pourrait sérieusement affecter le pouvoir d'achat des consommateurs.
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