Le président du Mauritius Labour Congress (MLC) se prononce pour un mouvement syndical apolitique. Haniff Peerun revient sur le combat syndical en marge de la fête du Travail, le 1er mai.
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La Fête du travail est célébrée dans quelques jours. Quel est votre message aux travailleurs ?
C’est de rester unis derrière le mouvement syndical qui, malgré les nombreuses contraintes, continue de se battre pour l’amélioration de leurs conditions de travail. Malheureusement, la Fête du travail a été accaparée par les partis politiques qui se battent pour se faire passer pour des champions de la cause des travailleurs. Il est triste de constater qu’une majorité des travailleurs tombent dans leur piège et vont grossir les foules politiciennes au lieu de se rendre aux activités syndicales.
Je ne cesse d’exhorter, depuis des années, les partis politiques à rendre la Fête du travail aux travailleurs.
Pourtant, la classe syndicale est incapable de s’unir, ce jour-là, autour d’une activité commune…
C’est parce que certains dirigeants syndicaux s’identifient, ce jour-là, plus à des mouvements politiques de gauche. Ce qui n’est pas au goût des autres dirigeants syndicaux qui pensent que le combat syndical doit être apolitique.
Mais selon l’Histoire, les syndicats ont été étroitement associés aux partis politiques pour lutter pour l’amélioration des conditions de travail et de vie de la classe laborieuse. Le Mauritius Labour Congress, par exemple, était très proche du Parti travailliste (PTr)…
On ne peut occulter cette vérité historique. Pendant des années, des partis politiques dits « progressistes » avaient aussi leurs branches syndicales et ont été à la base de grandes avancées pour les travailleurs.
Une majorité des travailleurs vont grossir les foules politiciennes au lieu de se rendre aux activités syndicales"
On se souvient de la lutte menée par le MLC et le PTr pour l’amélioration des conditions de vie des travailleurs de l’industrie sucrière et, des années plus tard, par le MMM et la General Workers Federation (GWF). Ils ont mené un combat en faveur des travailleurs du port, du transport et autres secteurs. Ce qui explique que la grande majorité des travailleurs de l’époque s’identifiaient à ces partis politiques.
Mais l’Histoire retiendra aussi qu’une fois au pouvoir, ces mêmes partis politiques ont mené une politique différente de ce qu’attendaient les travailleurs. Ce qui a finalement poussé les syndicats à se séparer des partis politiques. Nous avons décidé que la lutte syndicale ne pouvait plus servir de tremplin à des politiciens qui, une fois élus, changent de langage pour défendre l’idée du grand patronat. En fait, ils n’ont vendu que du rêve aux travailleurs.
Toutefois, au niveau du MLC, chaque membre est libre de ses opinions politiques.
Comment évaluez-vous la situation de la classe laborieuse au cours de ces cinq dernières années ?
La situation des travailleurs s’est grandement améliorée, avec notamment les législations du travail, la hausse du salaire minimum et les allocations de la MRA, entre autres. Toutefois, en tant que syndicaliste, je suis d’avis qu’il y a encore du chemin à faire. Je pense notamment à la mise sur pied d’un organisme indépendant au sein du ministère du Travail pour se pencher sur la question de comité disciplinaire. Il est inconcevable que ce soit le patronat qui institue ce comité tout en nommant celui qui va la présider. Il ne peut, logiquement, être juge et partie dans une affaire aussi délicate qui concerne directement l’avenir d’un travailleur.
Le rapport sur le réajustement salarial se fait également attendre…
Effectivement. C’est un rapport qui avait été annoncé pour la fin de mars dernier et nous sommes à la mi-avril. Ce rapport est attendu avec impatience par les travailleurs, pour un rééquilibrage des salaires dans le secteur privé comme dans la fonction publique après la hausse du salaire minimum. Les fonctionnaires sont aussi impatients et attendent que leurs salaires soient réajustés dans les plus brefs délais.
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