Interview

Haniff Peerun : «Aucune firme n’a fermé ses portes à cause du salaire minimal»

Haniff Peerun

À quelques heures du début des négociations pour le calcul de la compensation salariale, Haniff Peerun, président du Conseil des Syndicats (CDS), plaide en faveur de l’octroi d’un minimum de Rs 500 à tous les salariés, indistinctement.

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Ce jeudi matin a lieu au siège du ministère du Travail le démarrage des négociations tripartites en vue du paiement de la compensation salariale annuelle à partir de janvier prochain. Quelle est la compensation que va proposer le CDS ?
Au niveau du CDS, nous estimons qu’une compensation de Rs 500 à monter à tous les salariés indistinctement (across the board) est raisonnable pour rétablir leur pouvoir d’achat, qui ne cesse d’être grignoté par les hausses successives des prix.

Comment êtes-vous arrivé à ce chiffre ?
Nous nous sommes penchés principalement sur les différentes hausses des prix, dont ceux de l’essence et du diesel, et en nous basant sur le montant préconisé dans la Household Budget Survey de Statistics Mauritius pour qu’une famille mauricienne puisse vivre décemment. Au niveau du CDS, nous pensons que tous les salariés ont droit à une compensation salariale, car l’inflation ronge le pouvoir d’achat de tout le monde. Je pense qu’il est du devoir du gouvernement de veiller que le peuple qui l’a porté au pouvoir vive décemment.

Certes, je reconnais que ce gouvernement a pris des mesures pour améliorer le sort des plus démunis de la société avec le salaire minimal et l’impôt négatif, mais je pense qu’il doit faire davantage pour la classe moyenne, qui ne cesse de s’appauvrir, notamment avec la hausse successive des prix et ses autres dépenses, notamment pour l’éducation de leurs enfants, les soins médicaux et le remboursement de leurs emprunts pour la construction de leurs maisons et autres. À mon avis, on peut dire sans aucune exagération que la classe moyenne est devenue le parent pauvre à Maurice.

La classe moyenne est devenue le parent pauvre à Maurice.»

Mais le gouvernement doit aussi veiller aux intérêts des petites entreprises qui risquent de fermer leurs portes si leur fardeau financier est trop lourd ?
Je ne connais aucune entreprise qui a fermé ses portes en raison du paiement du salaire minimal et de la compensation salariale. Au contraire, on voit l’éclosion de nouveaux commerces un peu partout à Maurice. C’est déjà une preuve que les affaires marchent bien à Maurice. D’ailleurs, le pays est classé parmi les économies les plus florissantes sur le continent africain. Je pense que les travailleurs aussi doivent avoir une part équitable de la richesse qu’ils ont produite.

Du côté du patronat, on avance qu’il sera difficile de payer la compensation salariale avec l’introduction du salaire minimal. Pour moi, cet argument ne tient pas, car ce sont deux choses complètement différentes. Nous veillerons que les travailleurs aient droit au paiement de la compensation salariale comme cela a été le cas chaque année.

Dans le milieu patronal, on parle de la nécessité de venir avec un nouveau mécanisme salarial. Qu’en pensez-vous ?
C’est un argument qu’avancent les représentants du patronat depuis des années. Ils réclament une seule instance pour s’occuper de la question salariale. Ce qui, en d’autres mots, voudraient dire l’élimination du National Remuneration Board et du mécanisme de la compensation salariale. Je pense que tout syndicaliste, digne de ce nom, ne va soutenir pareil argument. Nous allons veiller qu’on ne touche pas au mécanisme de la compensation salariale qui existe depuis des décennies et qui a fait ses preuves. Sans le paiement de la compensation salariale, Maurice aurait connu des tiraillements constants entre employés et le patronat qui auraient nui à notre économie.

 

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