Interview

Hairi Zainal, Trade Commissioner à la Haute-Commission malaisienne en Afrique-du-Sud : «Il faut que Maurice fasse sa promotion en Malaisie»

Hairi Zainal

En visite pour la première fois à Maurice, Hairi Zainal était dans les locaux du Défi Media Group. Il est le chargé d’affaires de la Haute-Commission malaisienne non seulement pour l’Afrique du Sud mais aussi pour l’Afrique de l’Est. Il revient sur les avenues à explorer en termes de coopération Maurice-Malaisie. Il souligne que Maurice pourrait devenir une plaque tournante pour l’Asie du Sud-Est vers les pays de la SADC et du Comesa. 

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Y a-t-il un moyen d’accroître la coopération entre Maurice et la Malaisie ?
Une coopération doit d’abord être basée sur une relation fondée sur la confiance et la fiabilité des deux partenaires. Il y a beaucoup d’avenues à explorer en ce qu’il s’agit de coopération entre ces deux pays : commerciales, culturelles et services, entre autres. 

Est-ce que le commerce entre Maurice et la Malaisie est fructueux ?
Je dirais que le commerce est stable avec un volume import/export tournant autour de 19 millions de dollars américains par année. Durant les cinq dernières années, le commerce entre les deux pays n’a cessé d’augmenter. Toutefois, ce commerce est basé principalement sur l’exportation par la Malaisie vers Maurice. La Malaisie exporte principalement des confiseries, du bois, des meubles, des vêtements et des matériaux ou d’outils de construction. 

Y a-t-il d’autres domaines de coopération entre les deux pays ?
Il y a, bien entendu, des avenues à explorer. La Malaisie vise à accentuer sa présence sur le marché mauricien en ce qu’il s’agit des produits pharmaceutiques et des appareils médicaux. Nous offrons une alternative aux produits européens. Idem en ce qu’il s’agit de la haute technologie dans le domaine de la construction. 

Outre les produits, vous proposez aussi une coopération en termes de services ?
Nous venons surtout avec l’industrie du halal. Durant quarante ans, la Malaisie a établi et perfectionné cette industrie. Aujourd’hui, elle est régie par les lois sur la sécurité et l’hygiène alimentaire. Le secteur halal pèsera $ 14 milliards comme contributions au Produit intérieur brut (PIB) de la Malaisie l’année prochaine. Le secteur touche à tout : la finance et l’alimentation, entre autres, et le modèle est adopté par les pays du Moyen-Orient. 

Le secteur halal pèsera $ 14 milliards comme contributions au PIB de la Malaisie»

Comment cela pourrait être un secteur de coopération entre Maurice et la Malaisie ?
Nous pouvons établir le modèle du tourisme halal (NdlR : dans l’Islam, le mot halal désigne tout ce qui est autorisé par la charia, la loi islamique. Cela ne concerne pas seulement la nourriture et les boissons, mais également les habitudes de vie, la morale musulmane). Surtout dans l’alimentation en ce qu’il s’agit de la norme hygiénique des cuisines par rapport au halal. Cela pourrait attirer plus de touristes venant des pays islamiques. L’Afrique-du-Sud a adopté cette norme pour certains de ses hôtels. 

Nous notons que plusieurs jeunes choisissent la Malaisie comme destination pour des études. Pourquoi ce choix ?
Nous voulons établir des « joint venture colleges » avec Maurice. Des antennes sur le sol mauricien liées à des universités malaisiennes. C’est une opportunité pour Maurice de devenir un « hub » pour l’éducation et cela demande un certain effort. Maurice doit promouvoir sa destination, que ce soit en termes d’éducation, de commerce ou de technologie. En ce qu’il s’agit du domaine de la technologie, notre secteur de fabrication et d’exportation de matériaux aérospatiaux augmente de 20% par année. Maurice pourrait en bénéficier en tant que tremplin vers l’Afrique.  

Que pouvons-nous exporter vers la Malaisie ?
D’abord, il faut que Maurice fasse sa promotion en Malaisie, car nous sommes ouverts aux coopérations. La Malaisie est au centre de l’Asie du Sud-Est. Nous avons de bonnes relations avec les pays autour de nous et nous avons des accords de coopération avec ces pays. Maurice pourrait utiliser la Malaisie pour promouvoir ses produits et sa destination. L’Asie du Sud-Est compte 600 millions de gens. 

Qu’en est-il de la connectivité et la ligne aérienne directe entre Maurice et la Malaisie ?
Encore une fois, il faut que Maurice fasse sa promotion et vienne avec des propositions. Il faut créer la demande en s’appuyant sur d’autres destinations et d’autres partenaires. C’est comme le partage de la technologie, Maurice doit proposer ses idées et venir avec des campagnes de promotion. Il faut un planning et s’appuyer sur des événements internationaux pour promouvoir le label mauricien. 

Pensez-vous qu’il y a d’autres domaines de coopération qui ne sont pas exploités par Maurice ?
La Malaisie veut promouvoir le tourisme médical et Maurice aussi. Cela ne veut pas dire que nous sommes en compétition. Loin de là. Nous pouvons nous appuyer sur nos forces et avantages pour une coopération dans le même domaine. Par exemple, lorsque les pays du Moyen-Orient mettent en place des projets de grande envergure, ils font appel à la Malaisie pour fournir certains matériaux sous une forme sous-contractuelle. Maurice a des ressources et la meilleure c’est votre main-d’œuvre et votre intelligence. Nous explorons aussi la possibilité d’avoir une collaboration dans le domaine de l’exploitation des produits de la mer.

La demande pour les produits de la mer en Malaisie, en Asie du Sud-Est, en Afrique de l’Est ne cesse d’augmenter et, pour fournir un tel marché, il faut aller puiser très loin. Maurice a les ressources nécessaires avec une zone économique exclusive très vaste. La demande porte sur des espèces spécifiques et je pense qu’avec la coopération, nous pouvons fournir les marchés régional et continental. Il faut que Maurice se concentre aussi sur l’industrie des franchises. Il y a des marques asiatiques qui ne demandent qu’à être représentées à Maurice. 

 

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