Habitant de Cité Malherbe, Curepipe : le ministre Stéphan Toussaint raconte son enfance difficile

La fidélité de Stéphan Toussaint envers le Mouvement socialiste militant (MSM) ne date pas d’hier. Après plus d’une décennie au sein du parti soleil, il a été justement récompensé pour son engagement, et a été nommé ministre de la Jeunesse et des Sports, lundi. Il nous ouvre son cœur et partage avec nous une tranche de sa vie et évoque son enfance …

C’est dans la simplicité que Stéphan Toussaint nous a reçus dans sa demeure à Cité Malherbe à Curepipe. Le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports ne cache pas pour autant son enfance difficile. Né dans les années 1970 à Camp-Bouvette à Curepipe, Stéphan a fréquenté l'école primaire Notre-Dame-de-la-Confiance. Il se souvient que ses parents n'avaient pas les moyens pour lui acheter une paire de chaussures. « Je portais les savates l'éponge Dodo pour aller à l'école », dit-il. Son père, Jean Toussaint, était peintre, mais dans la grisaille curepipienne de cette époque, il n’arrivait pas à trouver du travail tous les jours. Sa maman, Séverine, qui était bonne à tout faire, aidait à faire bouillir la marmite pour nourrir ses trois enfants. Stéphan se rappelle encore de la grande solidarité qui régnait au sein de la famille.

«J’apprenais à l’aide d’une bougie car il n’y avait pas d’électricité.»

Stéphan se remémore souvent des moments pénibles de son enfance. La famille Toussaint vivait comme locataire dans une grande cour de la famille Kheedeer. « J’apprenais à l’aide d’une bougie car il n’y avait pas d’électricité. Pour aller à l’école, ma mère me donnait du pain avec ‘gros di beurre Mil ki couma la graisse’ », raconte-t-il. Pour le dîner, la famille n’avait d’autre choix que les brèdes chouchou qui tapissaient le fond de la cour. « Un jour, on faisait cuire les brèdes et le lendemain le chouchou. Quand ma maman préparait le riz, nous ajoutions du piment à l’eau bouillie pour en faire un bouillon », se souvient le ministre.

«Je portais les savates l'éponge Dodo pour aller à l'école.»

Le théâtre et le social

Après ses études secondaires au collège St-Joseph en 1993, Stéphan prend de l’emploi au collège Notre-Dame comme enseignant de français et de comptabilité. C'est dans ce même établissement qu'il se lance dans le théâtre. Il monte des pièces en français et participe au Festival d'art dramatique organisé par le ministère de la Jeunesse et des Sports. De 2001 à 2013, il joue dans plusieurs pièces et multiplie les bonnes performances. En 2013, il remporte le titre du meilleur acteur dans la catégorie française. Il rend grâce à Lise Juganaikoo de l'Atelier Pierre-Poivre qui l'a enseigné les rudiments de l’art scénique. Stéphan Toussaint est également actif dans le domaine du travail social. Son engagement a débuté alors qu'il était encore au collège. Quelques amis et lui venaient en aide aux enfants du primaire.

Toujours en 1993, il se rendait dans les faubourgs de Curepipe pour aider à éduquer les enfants défavorisés. D'ailleurs, il avait participé avec des élèves du collège Notre-Dame au programme Outridge  qui avait pour but d’aider les enfants pauvres à s'instruire. Pendant quatre ans, il s'est engagé à donner des leçons gratuitement aux enfants défavorisés. Au niveau de son engagement paroissial, Stéphan faisait partie d'un groupe de la paroisse Sainte-Helen pour le programme « Trait d'union ». Entre temps, Stéphan fait la rencontre d'une belle jeune fille qui allait devenir son épouse et partager sa vie. En effet, le 20 avril 1995, Stéphan et Patricia ont scellé leur union.

«Un jour, on faisait cuire les brèdes et le lendemain le chouchou. Quand ma maman préparait le riz, nous ajoutions du piment à l’eau bouillie pour en faire un bouillon.»

« Une récompense pour ma fidélité et mon honnêteté »

C’est en 2003 que Stéphan Toussaint débute son apprentissage politique. Des agents du MSM l'avaient invité à assister à une réunion à Curepipe. De simple agent, il allait gravir les échelons pour faire partie du bureau politique. « Mo fine colle l'affiche dans Curepipe dans la pluie en hiver. Mo fine faire porte à porte pendant deux élections dans banne moments difficiles », laisse-t-il entendre.

De par son engagement sur le terrain et sa vision pour faire du MSM une force dans les régions urbaines, Stéphan tape dans l'œil de Pravind Jugnauth. Il est élu comme secrétaire de la régionale de Curepipe. Aux élections générales de 2005, il participe activement à la campagne et prend la parole lors des réunions nocturnes. Après les élections, il donne un coup de main pour faire élire des conseillers municipaux à Curepipe. Le leader du MSM était au courant de l'engagement de Stéphan, mais il n'a jamais laissé transpirer un mot à quiconque. En 2014, cerise sur le gâteau. Pravind Jugnauth lui offre un ticket pour les élections générales. Selon Stéphan, ce geste du leader du MSM ne peut avoir qu’une explication: « li fine récompense moi pou mo fidélité et mo  honnêteté ».

Stéphan est élu comme député dans la circonscription No. 17 (Curepipe-Midlands). Le 23 décembre, il est nommé PPS. Il continue ainsi d’abattre un travail formidable sur le terrain et s’occupe de plusieurs projets d'infrastructure. Le 23 janvier 2017, c'est la consécration après plus d’une décennie d'engagement au sein du MSM. Il est nommé ministre de la Jeunesse et des Sports. Une nomination qu'il a accueillie avec émotion, fierté et joie. Mais il n'a pu s'empêcher de verser une larme lors de la cérémonie de prestation de serment en pensant à ses parents. « Grâce à mo papa et mo maman ki mo fine gagne l'éducation », dit-il tout ému.

Sa nomination comme ministre est synonyme d’espoir. « Ene zenfant pauvre dans cité fine nommé ministre et demain n'importe qui sanla capave faire couma moi », dit-il. Stéphan fait comprendre que malgré les difficultés dans la vie, vous pouvez réussir si vous avez la détermination. La famille est également un élément important pour Stéphan. « Sans la famille, narnien pas capave faire, c'est la béquille. » Stéphan regrette que ses parents ne sont plus de ce monde pour assister à sa consécration, mais se dit heureux d’avoir ses beaux-parents à ses côtés. Le ministre a aussi une relation très proche avec Dieu « Jésus est présent dans tout ce que je fais. » Il remercie le Premier ministre, Pravind Jugnauth, pour sa confiance, Showkutally Soodhun et Nando Bodha pour leur soutien et ses amis PPS, les membres du comité régional de Curepipe, les mandants de sa circonscription, sa famille et tous ceux qui l'ont soutenu dans des moments difficiles. Désormais, le ministre Toussaint se penchera sur l’organisation des Jeux des Îles 2019 à Maurice. « Je compte faire de ces jeux une grande fête de famille où tous les Mauriciens trouveront leur place », ambitionne-t-il.