Guy-Noël Verny : l’homme qui fait parler le bois

Chacune de ses sculptures a un nom, une image ainsi qu’une histoire basée sur la réalité de la vie. Guy-Noël Verny, âgé de 51 ans, exerce son art au Coin des artisans, au Caudan Waterfront, à Port-Louis. Rencontre avec un sculpteur qui fait feu de tout bois.

Ses œuvres laissent penser qu’il est un produit des beaux-arts. Mais en réalité, Guy-Noël Verny n’a reçu aucune formation. Son grand secret est qu’il sait communiquer avec le bois. « Dans chaque tronc d’arbre, il y a une forme qu’il faut savoir lire et découper », dit-il. Ce qui explique qu’il ne va pas travailler le bois aussi longtemps qu’il n’a pas trouvé la forme de la sculpture à donner.

Certains de ses travaux décrivent la dure réalité de la vie. À travers son œuvre Change ton regard, par exemple, il dénonce les hommes qui agressent physiquement les femmes. « À travers cet ouvrage, la femme fait comprendre à l’homme qu’elle n’est ni un vase à fleurs, ni un pot, mais qu’elle est elle aussi un être humain avec des muscles », explique-t-il.

Guy-Noël Verny nous présente aussi Notre première demeure. Une sculpture montrant une femme portant une couronne et 31 enfants dans son ventre. « C’est une représentation de la femme qui met un enfant au monde chaque jour. Dans un mois, cela fait 31 enfants qui viennent au monde. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai couronné la femme », explique l’artiste.

Un autre de ses travaux qui attire tout autant l’attention s’intitule La fierté. Il s’agit d’une sculpture qui explique que malgré les hauts et les bas, un couple a su rester uni. Mais la femme est un peu plus élevée que l’homme parce que c’est elle qui se lève le soir pour allaiter son bébé.

La collection de Guy-Noël Verny comprend aussi l’œuvre Un moment de détente, qui montre une main tenant une boule de pétanque. À travers cet ouvrage, il fait comprendre que malgré les épreuves de la vie, l’homme trouve toujours un moment de loisirs. Parmi ses autres œuvres, on retrouve un buste de Nelson Mandela, des guitares, Mère Teresa et plusieurs autres sculptures miniatures à l’effigie des dodos.

Une autre œuvre qui frappe l’imagination montre la déchéance des jeunes qui sont livrés à eux-mêmes tandis que leurs parents sont au travail. Elle montre une adolescente de 15 ans, enceinte et cachant son visage de honte avec un bébé qu’elle porte dans les bras.

Comment lui est venue l’idée de se lancer dans le domaine de l’art sans aucune formation ? « Je me trouvais dans une scierie quand j’ai vu un morceau de bois avec une certaine forme et le propriétaire me l’a donné. C’est à partir de là que j’ai développé mes talents en matière de sculpture », raconte Guy-Noël Verny.

L’artiste se lève très tôt pour se rendre dans la forêt ou à la scierie afin de chercher du bois. Il travaille surtout avec le bois de camphre, le tecoma, le bois de badamier et le cyprès. Il faut dépenser entre Rs 150 et Rs 150 000 pour se procurer une pièce de ce sculpteur hors pair. Chacune de ses œuvres est unique.