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Gunness et Keshina Bhuruth : quand l’amour de la terre dépasse les diplômes

Ils ont quitté des bureaux feutr╬és pour labourer la terre.

À 35 et 30 ans, Gunness et Keshina Bhuruth incarnent une jeunesse mauricienne qui ose rêver autrement. Lui, diplômé en Marketing Management d’une prestigieuse université ; elle, ancienne Finance Manager dans une compagnie d’assurance. Tous deux auraient pu mener une vie confortable dans un bureau climatisé. Mais ils ont choisi la terre, les champs, le soleil brûlant. Leur passion pour l’agriculture les a réunis et leur a donné un destin hors du commun.

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À l’Est de l’île, les 300 arpents de terre familiale respirent l’histoire. « Depuis tout petit, j’ai grandi dans ces champs, j’ai vu mes parents et mes grands-parents travailler la terre. Pour moi, la canne n’est pas qu’une plante, c’est une partie de mon identité », raconte Gunness, le regard tourné vers ses sillons bien alignés.

Malgré ses études en Marketing Management, il n’a jamais envisagé un avenir loin des champs. « Je me suis formé en marketing parce que je voulais avoir les outils pour mieux développer l’exploitation familiale. Mais dans mon cœur, je savais que je retournerais toujours à la terre. »

De son côté, Keshina, 30 ans, a grandi dans un tout autre univers. Diplômée en finance, elle avait décroché un poste de Finance Manager dans une compagnie d’assurance. Une carrière prometteuse s’ouvrait devant elle. Mais son mariage avec Gunness a tout changé.

« Quand j’ai vu la passion qu’il mettait dans son travail, je n’ai pas hésité à le suivre. Certains de mes anciens collègues m’avaient dit que j’étais folle de quitter un poste aussi bien payé pour les champs. Mais moi, j’ai vu dans les yeux de mon mari quelque chose que l’argent ne pouvait acheter : l’amour de la terre. »

Aujourd’hui, elle ne regrette rien. Keshina partage ses journées entre la gestion administrative de l’exploitation, la planification des récoltes, et parfois même les travaux physiques dans les champs. « La première fois que j’ai pris une daba en main, j’étais maladroite, mais j’ai senti une force nouvelle. C’était comme si je faisais partie d’un projet plus grand que moi. »

Leur quotidien est exigeant. Gunness se lève avant le soleil, à 5 heures du matin. « J’aime sentir la fraîcheur du matin et voir mes champs s’illuminer au lever du jour. C’est le moment où je me sens le plus vivant », confie-t-il.

Les journées sont longues, faites de semis, d’entretien, de surveillance et parfois de réparations de machines. « Rien n’est jamais acquis avec la terre. Il faut être vigilant, la météo, les parasites, les imprévus… Mais c’est aussi ce qui rend ce métier si passionnant », dit-il.

Pour Keshina, la rigueur de la finance s’est transformée en discipline pour gérer une exploitation. « Ce n’est pas parce qu’on est dans les champs qu’il faut négliger la gestion. Au contraire, nous utilisons mes connaissances pour optimiser les coûts, diversifier et préparer l’avenir. »

La force d’un couple

Leur union est aussi leur force. L’un complète l’autre : Gunness apporte la vision et l’expérience des champs, Keshina la stratégie et la gestion. « On se dispute parfois, avoue-t-elle en riant. Moi je veux tout planifier, lui préfère improviser. Mais au final, c’est cette différence qui fait notre équilibre. »

Gunness ajoute : « Si je fais ce que j’aime aujourd’hui, c’est grâce à elle. Seul, je n’aurais peut-être pas eu le courage de continuer. Mais quand je la vois à mes côtés dans les champs, je me dis qu’on est sur la bonne voie. »

Leur histoire contraste avec celle de nombreux jeunes qui s’éloignent de l’agriculture. Gunness et Keshina, au contraire, revendiquent leur choix. « Beaucoup de gens pensent que l’agriculture, c’est pour les vieux, que ce n’est pas un métier d’avenir. Mais nous voulons prouver le contraire », souligne Gunness.

Pour Keshina, l’agriculture est aussi une façon de donner du sens à la vie. « Quand je travaillais dans une compagnie, je passais mes journées derrière un écran. Aujourd’hui, je vois le fruit de mes efforts pousser sous mes yeux. C’est une satisfaction incomparable. »

Loin de se contenter d’une exploitation traditionnelle, les Bhuruth rêvent d’innover. « Nous voulons transformer la canne pour aller vers des produits dérivés, comme le sucre artisanal, le rhum, ou même des produits à base de mélasse », explique Gunness.

Ils veulent aussi attirer d’autres jeunes vers la terre. « Si nous pouvons montrer par notre exemple que l’agriculture peut être moderne, rentable et passionnante, peut-être que d’autres suivront. »

Une leçon d’amour et de persévérance

Dans un monde où la réussite est souvent mesurée par des titres ou des salaires, Gunness et Keshina rappellent qu’il existe d’autres chemins. Leur histoire est celle d’un couple qui a choisi la terre plutôt que les bureaux, l’effort plutôt que la facilité, et l’amour de la nature plutôt que la quête matérielle. « Nous voulons montrer que la terre est généreuse avec ceux qui la respectent », conclut Gunness. Et son épouse de renchérir : « Ce n’est pas seulement une carrière, c’est une mission de vie. »

Dans l’Est de l’île, entre soleil et sillons, leur histoire continue de s’écrire chaque jour, prouvant que les plus belles réussites naissent parfois là où on ne les attend pas : dans le cœur des champs de canne. Le bonheur des Bhuruth s’est récemment agrandi. Il y a seulement 13 jours, Gunness et Keshina ont accueilli leur premier enfant, un petit garçon prénommé Josh. « Quand je le tiens dans mes bras, je me dis que tout ce que nous faisons aujourd’hui, c’est aussi pour lui », confie Gunness avec émotion.

 

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