Son dernier cadeau de Noël a été d’être accueillie dans le cercle restreint des centenaires mauriciens. Gungamah Moosooliah, surnommée Tantine Fi, a traversé les décennies mue par une foi inébranlable. « Mo sekre pour viv ziska sa laz la : mo kontan mo prosin kouma mo kontan momem. Mo res bon anver tou dimoun, pou lamour Bondie », confie cette dame souriante qui jouit d’une santé de fer. Il n’y a pas si longtemps, elle voyageait encore seule en bus.
Gungamah est née le 25 décembre 1921 mais n’a été déclarée officiellement que le 25 janvier 1922. Deuxième d’une fratrie de dix enfants, elle est restée très attachée aux valeurs familiales. Aujourd’hui arrière-grand-mère, elle tire joie et fierté de réunir sous son toit quatre générations. Une bonne partie de la famille était là pour célébrer son centième anniversaire, et celui de Jésus, quelque peu plus âgé, par la même occasion.
D’un tempérament calme, c’est pourtant avec un enthousiasme débordant que Tantine Fi nous raconte sa vie. Ses parents travaillaient comme domestique et cuisinier. Elle, veillait sur ses frères et sœurs. L’école, elle l’a donc quittée en troisième. « C’était comme ça, à l’époque. Se marier à 16 ans n’avait rien d’anormal non plus. » Son époux, Raju Moosooliah, était operateur au cinéma Royal à Rose-Hill.
Le couple a fondé son foyer et vécu heureux. L’entraide, entre eux, était sacrée. Gungamah pouvait faire de la couture jusqu’à 2 heures du matin pour aider Raju. Plus tard, quand elle a été embauchée en tant que nourrice par une famille de la haute bourgeoisie, c’est sa belle-mère qui s’est occupée de leurs enfants.
Et puis les petits ont grandi. Les siens comme ceux de ses employeurs. Alors Tantine Fi est devenue cuisinière. Un métier qu’elle a exercé pendant plus d’un quart de siècle. À 65 ans, elle a pris sa retraite, bien méritée. Une retraite active, cependant, puisqu’elle a gardé des enfants de sa région jusqu’à l’âge de 90 ans. Elle a aussi voyagé, « en France, en Italie et à Madagascar, pour rendre visite à mes petits-enfants ». Avec le club du troisième âge, ce sont Rodigues et La Réunion qu’elle a découvertes.
Maintenant, elle ne sort plus guère. Gungamah prend soin d’elle et de ses plantes. « J’aime leur parler, ça me rend joyeuse ». Tantine Fi coud toujours, « pour le plaisir, pour passer le temps ». Et bien sûr, elle cuisine. Ses fruits cristallisés, ses achards et son « koutia » font le bonheur de ses proches. Son plat préféré : « enn rougay pwason sale ek so bouyon bred ». Elle cite aussi « l’agneau, le poisson cordonnier, les salades et… » plein d’autres bonnes choses.
Autant dire qu’à 100 ans, Tantine Fi croque la vie à pleines dents, mais toujours avec le sens du partage et le goût de la simplicité.
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