Interview

Guillaume Hardy: «Un hippodrome moderne apportera un nouvel élan à l’industrie»

Guillaume Hardy, General Manager d’Automatic Systems Limited
L’Automatic Systems Limited (ASL), propriétaire de l’enseigne Supertote, est partenaire dans un projet d’hippodrome. Son General Manager, Guillaume Hardy, fait le point sur la question. Il passe en revue la situation prévalant au sein de l’industrie hippique. Les profits annuels d’Automatic Systems Ltd ont augmenté de 65 % en 2015. L’action est en hausse de 40 %. Tout est donc pour le mieux dans le monde de Supertote et des paris sportifs… L’année 2015 a été très encourageante pour diverses raisons. L’entreprise a pu contenir ses coûts de manière générale. Les frais associés à la publicité ont baissé énormément à la suite des mesures budgétaires. Le chiffre d’affaires pour le Tote, par journée de courses, a augmenté de 6 % par rapport à 2014, passant à Rs 23 millions. Les paris sur le football représentent une performance très satisfaisante. En ce qui concerne l’évolution du prix à la Bourse de Maurice, je ne saurai dire ce que les investisseurs ont en tête. Nous avons réalisé des profits de Rs 23,9 millions après impôts. Le dividende est de trois roupies. Nos projections pour 2016 sont encourageantes. Pour les paris sur les rencontres de football, nous notons une hausse sur les deux premiers mois. C’est positif pour 2016, ce qui rassure, à mon avis, les investisseurs. En début d’année, le prix de l’action n’était, à mon avis, pas à sa réelle valeur par rapport aux dividendes déclarés.
Qu’en est-il des taxes et paiements pour les divers permis ? Pour le Tote, l’ASL a contribué Rs 69 millions sous forme de taxes sur les mises. Les taxes sur les paris relatifs au football ont été de Rs 28,1 millions. Les permis de la Gambling Regulatory Authority (GRA), nous ont coûté Rs 4 millions pour le Tote. Et ASL doit payer pour les paris un ‘Betting duty’ de Rs 24 000 par point de vente par semaine, ce qui représente un montant de Rs 26,2 millions.
[blockquote]« Les paris illégaux continueront à exister. »[/blockquote]
Dans quelle mesure les annonces budgétaires en 2015 ont-elles eu une incidence sur les activités d’ASL ? Dans l’ensemble, il n’y a eu aucun impact réel pour l’année précédente. En 2016 pour le Tote, le coût des licences - en se basant sur les nouveaux tarifs annoncés dans le Budget - passera à Rs 15,1 millions. C’est une augmentation de 274 % par rapport à 2015. Nous ferons des représentations auprès du ministère des Finances dans le cadre de la préparation du Budget 2016-2017. Pour la taxe sur les mises, nous estimons que le présent taux de 10 % est correct. Par contre, les frais pour les licences sont excessifs. Il y a un item en particulier, la licence par terminal qui est passée à Rs 40 000 contre Rs 10 000. Comment se présente la saison hippique 2016, compte tenu du fait que deux des quatre journées n’ont comporté que de sept courses au lieu de huit ? Cette année-ci, nous avons 37 journées. C’est positif. On note déjà, après trois journées de courses, une croissance de 8 % comparée à 2015. En ce qui concerne les sept courses, c’était prévisible. Nous payons le contrecoup du nombre restreint de chevaux achetés en 2015, soit une soixantaine. C’était grandement insuffisant pour répondre aux exigences. En 2016, il y a eu l’acquisition de quelque 140 chevaux. Certains sont arrivés au pays en début d’avril. Avec ce nombre, les deux dernières parties du calendrier hippique seront plus positives. Est-ce que les paris hors du Champ-de-Mars sont désormais incontournables à Maurice ? Il faut s’en rendre compte. L’industrie ne peut s’en passer. Le ‘off course betting’ a été introduit avec un objectif précis : combattre les mises illégales, un fléau en croissance à l’époque. Cette offre de proximité avec les joueurs a permis de faire reculer les paris illégaux. Sur les quatre premières journées, les paris au Champ-de-Mars ne représentent que 14 % de notre chiffre d’affaires. Les mises placées hors du champ de courses dans nos points de vente ont compté pour 60 %. Vous faites mention des paris illégaux. Tout compte fait, peut-on affirmer que les paris illégaux n’existent plus à Maurice ? Il y a deux types de paris illégaux. Le premier est de placer des mises auprès des bookmakers clandestins. Avec l’expansion du off-course betting, leur nombre a grandement diminué. Le second concerne les paris à crédit chez les bookmakers ayant leur permis d’opération de la GRA. Ce sont des mises qui se font hors-système. C’est un montant considérable, représentant un manque à gagner pour le gouvernement et le Mauritius Turf Club. Maintenant, il s’agit de trouver des mesures pour contrecarrer voire réduire davantage le montant misé de manière illégale. Est-ce que l’impact sur les paris illégaux par rapport au football a été le même ? Les paris illégaux continueront à exister. Je ne peux pas m’aventurer à dire que c’est du passé. Mais, certainement, l’avènement des paris légaux sur le football auprès des opérateurs officiels a grandement contribué à réduire les mises illégales. Le montant hors-circuit est minime, aujourd’hui. Vous dites que les paris illégaux continueront à Maurice. Est-ce qu’il faudra faire avec ? La Police des Jeux fait son travail. Nous pouvons toujours mieux faire. (...) Est-ce qu’il existe une hotline pour venir dénoncer ces pratiques ? Je ne le crois pas. Il faut donc qu’on modernise les techniques pour enquêter sur les paris illégaux. L’ASL est partenaire dans un projet de nouvel hippodrome à Maurice. Qu’est-ce qui motive ce projet ? Le Champ-de-Mars a fait son temps. Il est très difficile aujourd’hui, dans le contexte actuel, de tenir plus de 35 à 40 journées de courses par an. De par la largeur de la piste, pas plus de 10 chevaux peuvent participer à une épreuve. Les infrastructures existantes ne répondent plus aux exigences modernes des courses. Si demain, Maurice cherche à exporter les courses (vendre l’image) - comme le fait la majorité des pays - nous avons besoin d’un produit plus compétitif : davantage de chevaux, une meilleure piste. Les infrastructures doivent répondre aux normes internationales, telles que les ‘stabling facilities’ et des bien meilleures infrastructures mises à la disposition des entraîneurs pour le bien-être des chevaux. Un nouvel hippodrome apportera donc un nouveau souffle à l’industrie hippique. On pourra avoir d’autres activités autour des courses et ramener des revenus additionnels pour l’industrie. Le projet, avec un investissement de Rs 1,5 milliard, a été soumis au Board of Investment, pour qu’il intègre la Smart City de Médine. Nous sommes toujours à un stade préliminaire. Dans les grandes lignes, en quoi le nouvel hippodrome sera-t-il différent du Champ-de-Mars ? La piste sera de 1 600 mètres contre les 1 200 mètres du Champs-de-Mars. Ce sera beaucoup plus aux normes et plus sécurisé. La ligne droite pourra atteindre 350 mètres, qui permettraient des courses plus ‘fair’ et compétitives. Et quid de l’aspect historique du Champ-de-Mars ? L’ASL est un partenaire des courses hippiques et dépend de cette industrie pour survivre. Nous sommes d’avis que le Champ-de-Mars ne peut plus offrir un développement cohérent pour l’industrie. Il est important de penser à l’avenir de l’industrie. Il passe par un nouvel hippodrome qui engendrait des revenus additionnels pour tous les professionnels des courses tels que les propriétaires, entraîneurs et jockeys. Un nouvel hippodrome offrira un bien meilleur confort aux turfistes et deviendra un rendez-vous incontournable pour les amoureux de ce sport. Ça sera un nouveau concept qui répondra aux attentes de tous.
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