Un double choc, ce qui entraînerait le conflit au Proche-Orient s’il s’aggrave, selon la Banque mondiale. Du coup, les produits de base seront aussi affectés, en sus du pétrole. À Maurice, les observateurs ne cachent pas leurs appréhensions.
La mise en garde de la Banque mondiale
« Le conflit au Moyen-Orient pourrait provoquer un double choc sur les marchés mondiaux des produits de base. L’impact est pour l’instant limité, mais les turbulences sur les marchés de l’énergie pourraient aggraver l’insécurité alimentaire », prévient la Banque mondiale dans son Commodity Markets Outlook, publié ce lundi 30 octobre. La hausse des cours du pétrole, quand elle se maintient, se traduit inévitablement par une augmentation du prix des denrées alimentaires, explique la Banque mondiale. « Un choc pétrolier sévère aggraverait l’inflation des prix alimentaires qui est déjà élevée dans de nombreux pays en développement… Une escalade du conflit intensifierait l’insécurité alimentaire, non seulement dans la région, mais aussi dans le monde entier », précise Ayhan Kose, économiste en chef adjoint de la Banque mondiale et directeur de la cellule Perspectives.
Ce qu’en pensent les opérateurs
Raakesh Bhageerutty, General Manager de Simlay Way : « Bien avant que n’éclate ce conflit, le pays faisait déjà face à une pénurie de riz ration, qui est un produit de base. Cette pénurie perdure en dépit que les autorités affirment le contraire. De même, le fournisseur qui distribue le riz ration l’écoule en sachet et le vend plus cher. Avec cette guerre, le risque d’autres pénuries est bel et bien là s’il y a une intensification du conflit. »
Nooreza Fawzee, directrice financière chez Dream Price : « Pour l’instant, rien ne présage de bouleversements au niveau de produits de base. Mais si la guerre perdure, on peut s’attendre à ce que la situation s’empire. »
Asvin Bokhoree, directeur de SaveMart : « Il y a une crainte que les prix des produits alimentaires augmentent. Déjà, le carburant coûte plus cher depuis la guerre, ce qui risque de perturber le fret et, par conséquent, affecter les produits de base. D’autant plus que l’Égypte, qui est un voisin des pays en conflit, est un gros producteur et fournisseur. L’approvisionnement risque aussi d’être impacté. »
Ces solutions prônées
Nooreza Fawzee : « Il faut prendre des précautions pour éviter le même scénario qu’on a connu à l’apparition de la pandémie et quand la guerre entre l’Ukraine et la Russie a éclaté. Il est important de diversifier nos sources d’approvisionnement en se tournant vers des fournisseurs et des producteurs étrangers. Cela dit, les importateurs sont plus prévoyants de nos jours surtout après la pandémie. »
Raakesh Bhageerutty : « Il n’y a pas vraiment de solutions, car nous dépendons des importations. Nous pouvons faire des stocks pour de l’huile par exemple, mais pas pour certaines commodités comme le riz ou les grains secs qui sont périssables au bout d’un certain temps. »
Asvin Bokhoree : « Il y a plusieurs solutions. Nous devons devenir autosuffisants pour certains produits. Les importateurs doivent diversifier davantage leurs sources d’approvisionnement. »
Ces produits à surveiller
Nooreza Fawzee : « Nous importons des produits de l’Égypte (Ndlr : le pays a une frontière commune avec Israël et Gaza), mais pas de commodités de base. Pour ce qui est de l’huile, nous en achetons qu’en partie. Attendons voir comment évoluera la situation. »
Asvin Bokhoree : « Dans cette région, on produit du blé, de l’huile et certains grains secs, entre autres. Ce sont des commodités dont l’approvisionnement sera mis à mal si la guerre s’aggrave. De même, le taux du dollar risque de venir corser la problématique. »
Raakesh Bhageerutty : « Pour l’instant, c’est ‘business as usual’, mais il faudra surveiller l’huile qui risque d’être le premier produit de base à être affecté. »
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