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Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 108e jour

L'armée russe pilonnait samedi la ville clef de Severodonetsk, dans l'Est de l'Ukraine, pour en arracher le contrôle total, mais l'épuisement des munitions se fait de plus en plus sentir, surtout du côté ukrainien, très dépendant de l'aide militaire occidentale.

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Voici un point de la situation au 108e jour de la guerre à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.

- Guerre de position et d'artillerie dans l'Est -
Dans le bassin houiller du Donbass, limitrophe de la Russie et déjà en partie tenu par des séparatistes prorusses depuis 2014, "l'ennemi continue de mener des assauts dans la ville de Severodonetsk", a indiqué samedi le chef d'état-major des armées ukrainiennes.

Il a fait état de 14 attaques repoussées en 24 heures dans les régions de Donetsk et Lougansk, qui constituent le Donbass, mais reconnu  un "succès partiel" russe aux abords du village d'Orikhovo.

"Au 10 juin les forces russes autour de Severodonetsk n'avaient pas progressé vers le sud de la ville. D'intenses combats de rue se déroulent et les deux camps subissent probablement de lourdes pertes", indique le ministère britannique de la Défense.

"La Russie concentre les tirs de son artillerie et de ses capacités aériennes pour emporter les défenses ukrainiennes", ajoute-t-il.

"Les militaires ukrainiens font tout pour arrêter les attaques des occupants, autant que possible avec autant d'armes lourdes et de l'artillerie moderne" que l'Ukraine possède, a souligné le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son message vidéo quotidien vendredi soir, réitérant sa demande de livraisons massives.

"Etant donnée l'actuelle prédominance de batailles de position, en particulier dans la zone de Severodonetsk-Lyssytchansk, les forces ukrainiennes ont d'urgence besoin de nouvelles fournitures de systèmes d'artillerie", confirme l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).

A mesure qu'elles épuisent leurs stocks d'armes et de munitions de l'époque soviétique, "elles devront compter sur un soutien occidental constant pour accomplir la transition vers de nouvelles chaînes d'approvisionnement de munitions et de systèmes d'artillerie cruciaux. Une artillerie efficace sera de plus en plus déterminante dans le combat largement statique pour l'est de l'Ukraine", explique l'ISW.

La chute de Severodonetsk ouvrirait la route de Kramatorsk, où se sont repliées les autorités régionales ukrainiennes depuis 2014.

Quant à la Russie, depuis avril ses bombardiers moyens utilisent probablement contre des cibles terrestres des missiles air-mer de 5,5 tonnes des années 1960 normalement destinés à des cibles navales "sans doute parce qu'elle commence à manquer de missiles modernes plus précis", selon le ministère britannique de la Défense.

- Politique du fait accompli dans le Sud occupé et blocus d'Odessa -
Dans la région de Kherson (sud), occupée en quasi totalité depuis les premiers jours de l'invasion, les craintes ukrainiennes d'une annexion par Moscou se sont encore concrétisées samedi avec la remise de passeports russes à 23 habitants, en vertu d'un décret signé fin mai par le président Vladimir Poutine, selon les agences de presse russes.

La veille, le commandement opérationnel ukrainien avait affirmé qu'un groupe de reconnaissance infiltré derrière les lignes ennemies dans cette région avait vaincu des troupes russes, "s'emparant de leurs armements et moyens de communication".

Plus à l'ouest, des pilonnages russes visent dans la région de Mykolaïv, verrou sur la route du grand port stratégique d'Odessa, sur la mer Noire.

Le blocage des ports ukrainiens en mer Noire par la Russie paralyse les exportations de céréales, notamment de blé, dont l'Ukraine est un des premiers exportateurs mondiaux, faisant craindre à terme une crise alimentaire planétaire.

Le président Zelensky a de nouveau réclamé samedi une pression internationale pour la levée de ce blocus tandis que l'ONU, l'Union africaine (UA) et plusieurs pays, dont la Turquie et la France, travaillent à la création d'un corridor maritime sécurisé pour permettre l'acheminement des céréales ukrainiennes.

- Visites de dirigeants européens -
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen effectuait samedi une visite surprise à Kiev pour discuter avec M. Zelensky de la demande d'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne (UE). L'UE apportera une réponse à cette demande "d'ici la fin de la semaine prochaine", a-t-elle promis.

D'ici là, le chef de l'Etat français Emmanuel Macron, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, doit se rendre en Roumanie et en Moldavie voisines mardi et mercredi, en attendant une visite en Ukraine, dont la date n'a pas encore été fixée.

- Dizaines de milliers de morts -
Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), tombée en mai au terme d'un terrible siège, les autorités ukrainiennes évoquent quelque 20.000 morts.

Sur le plan militaire, des sources militaires occidentales évoquent désormais de 15.000 à 20.000 soldats russes tués.

Les forces ukrainiennes perdent chaque jour une centaine de soldats, a déclaré jeudi le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov. Aucune statistique indépendante n'est disponible.

- Un tiers des Ukrainiens déplacés ou réfugiés -
Plus de 7 millions d'Ukrainiens sont déplacés à l'intérieur de leur pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR). S'y ajoutent 7,3 millions qui ont fui à l'étranger, dont plus de la moitié en Pologne.

Avant l'invasion russe, l'Ukraine comptait 37 millions d'habitants dans les régions contrôlées par Kiev.

© Agence France-Presse

 

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