Les récentes opérations de l'Icac, ciblant le clan de Ricardo Agathe, alias Tipom, ont débouché sur la saisie de plusieurs millions de roupies, de bijoux de valeur et de berlines, entre autres. Depuis, bon nombre remettent en question le rôle et le travail d'autres unités, dont l'Anti Drug and Smuggling Unit (Adsu), l'Asset Recovery Unit (ARU) et la Financial Intelligence Unit (FIU), etc.
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La commission anticorruption (Icac) a débuté l'opération Carnet Laboutik en 2017. Elle traquait les biens des trafiquants de drogue, estimés à des centaines de millions. Une fois encore, les hommes de Navin Beekarry ont frappé fort, en s'attaquant au clan Agathe. Les hommes de main et les complices des trafiquants ne sont point épargnés. Toujours est-il que plusieurs questions restent posées sur l'efficacité de l'Adsu, de l'ARU et de la FIU dans le combat contre la drogue.
Si l'Adsu est principalement chargée du combat contre le trafic de drogue et la contrebande, les limiers tombent sur des fortes sommes d'argent lors des descentes. Des passeurs, des dealers, « des patrons », ou encore des « convoyeurs de fonds » sont dans le collimateur de la brigade antidrogue. L'argent saisi est remis à l'Asset Recovery Unit, mais le dossier d'enquête, en cas de soupçons de blanchiment d'argent, est référé à l'Icac. Dans certains cas, c’est l'Adsu qui monte le dossier qui est soumis au Directeur des poursuites publiques (DPP).
Parallèlement, à plusieurs reprises et notamment dans le cas d'Oumeshlall Ramsurun du réseau de Peroomal Veeren, l’Adsu s'est saisi de l'affaire après enquête de l'Icac. Dinesh Dookhit et Christelle Bibi, entres autres, avaient étaient coffrés par l'Adsu après l'ouverture d'une enquête de l'Icac sur le Carnet Laboutik, portant sur le réseau Veeren. Durant cette période, l'Icac et l'Adsu se disputaient les versions des suspects arrêtés par les membres de l'autre organisme. Au final, les suspects sont interrogés et par l'Icac et par l'Adsu.
Rewards
Des sources proches des deux entités réfutent cela. « Nous travaillons selon les ordres et par conviction », laisse entendre un cadre de l'Adsu. Un de ses subordonnés, comptant une dizaine d'années au sein de l'unité, abonde dans le même sens. « Nous enquêtons sur le trafic de drogue, et l'Icac sur le blanchiment d'argent, et d’ailleurs, des cas sont souvent inter-référés ». Cependant, un haut gradé de l'Adsu parle des moyens et des rémunérations des agents de l'Icac. « Zot gagn zoli zafer laba », dit-on. Au Réduit Triangle, on nie toute compétition. On ne rate pas l'occasion d’évoquer les rewards dont l'Adsu bénéficie alors qu'à l'Icac, on dira : « pena sa ici ». « C’est une question de prestige lorsqu'on met la main sur des gros bonnets », conclut un enquêteur de l'ICAC.
Vingt-deux véhicules ont aussi été embarqués vers le Réduit Triangle en ce mois de juin. Des berlines allemandes tunées, des voitures de sport , des véhicules qui en mettent plein la vue ! Si les BMW X6 ou encore les Mercedes Benz SLK sont connues par tous, l'Icac a mis la main sur des voitures de la marque Nissan T8 Skyline GT Sport et une moto Honda CBR. Ces bolides, on en voit dans des films de Hollywood. Ils reflètent aussi un signe de richesse et de puissance dans le giron des dealers. L'installation des systèmes de sonorisation dans ces véhicules, à un prix mirobolant, ne serait pas simplement un moyen de blanchir l'argent mais plutôt une façon de se la jouer « boss » . D'ordinaire, ces dossiers seront référés à l'ARU, qui finalise les procédures pour geler ces biens.
Depuis peu, les lois accordent plus de pouvoirs à FIU. Désormais, celle-ci pourra agir avec le soutien d'autres unités. Un amendement de la Customs Act devrait aussi permettre aux douaniers de travailler de concert avec l'Icac, la FIU et la police dans les cas de blanchiment d'argent.
Les nouvelles provisions de la loi privilégient l'option d'enquête préliminaire sur le blanchiment d'argent aux unités autres que l'Icac, mais dès que le délit est établi, le dossier doit être refilé à la commission anti-corruption. Pour les cas de financement liés au terrorisme, c'est la FIU qui s'en chargera.
L’Icac esseulée contre la troupe Neptune
Une quinzaine d'appels pour solliciter l'aide aux Casernes centrales, le lundi 19 novembre 2018, se sont avérés vains. Au final, les officiers de l'Icac se sont retrouvés seuls face à une cinquantaine de badauds armés de sabres, briques et javelots après une course por rattraper Hansley Neptune, alias Coco, recherché depuis plus d’un an. Il est soupçonné de blanchir l’argent du réseau de Curly Chowrimootoo en prison pour trafic de drogue. L’Icac avait eu vent que le suspect se trouvait sur un chantier de construction à bord d’une tractopelle à Résidence Mangalkhan, Floréal. Le suspect a essayé de foncer sur les limiers avec avant de prendre la fuite. Lors de cette course-poursuite, les officiers ont appelé des renforts. Une unité de la Divisional Supporting Unit (DSU) a débarqué, mais, selon nos recoupements, elle n'a pu aller plus loin en raison de la juridiction. À Résidence Kennedy, les officiers se sont retrouvés face à une foule hostile. Bilan des incidents : quatre officiers de l’ICAC blessés, deux véhicules endommagés et le principal suspect en fuite.
Appel à l’unité de Lam Shang Leen
Paul Lam Shang Leen, président de la commission d’enquête sur la drogue, avait détecté des rivalités entre plusieurs unités, dont l'Adsu et la Customs Anti Narcotics Section (Cans) de la MRA. Il avait lancé un appel à l’unité pour mener à bien ce combat.
Le directeur général de l’Icac, Navin Beekarry, devait réunir les instances concernées (Icac, de l’Adsu, de la MRA, le Commissaire des prisons et son adjoint, la FIU, la FSC, ceux de l’Integrity Reporting Services Agency et la police) au moins une fois par mois
La Commission a recommandé que toutes ces entités soient regroupées sous une seule égide, notamment l’Independent Financial and Anti-Corruption Investigation Commission’ avec différents départements spécialisés.
Dossiers drogue/blanchiment : l’Icac devance l’Adsu
La récente saisie de plusieurs voitures du clan Agathe n’est pas le premier dossier sur lequel l’Icac a pris les devants face à l’Adsu. En avril 2017, soupçonnée d’être un maillon clé dans le réseau de Peroomal Veeren, Christelle Bibi a été arrêté par les limiers de la Commission dans un appartement à Flic-en-Flac. Son nom figurait dans le carnet secret du trafiquant. Des meubles en teck massif avaient été trouvés de même qu’une panoplie d’équipements high-tech, comprenant des ordinateurs et une imprimante de dernière génération.
L’ex-gardien de prison, Oumeshlall Ramsurrun, avait aussi été arrêté par la commission anticorruption en 2017. Il est soupçonné d’être un homme de main de Peroomal Veeren. Son rôle était de régler l’acquisition d’engins de chantier, bourrés de drogue en Afrique du Sud. Son arrestation fait suite à la dénonciation de Lucknarain Dookhit. Ce dernier qui avait été arrêté par l’Adsu, en premier lieu puis par l’Icac. Il avait été présenté par Navind Kistnah comme étant l’un des principaux lieutenants de Peroomal Veeren. Les deux sont voisins dans le village de La Rosa.
Bibi Maitab Phutully est la compagne du gardien de prison. Ces deux individus sont soupçonnés d’avoir acheté deux appartements à Flic-en-Flac. Anisha Dajee est, elle, considérée comme la petite amie de Navind Kistnah, celui qui a importé 157 kilos d’héroïne d’une valeur de Rs 2,4 milliards en mars 2017. Elle avait été inquiétée par l’Icac en juillet 2018. Plusieurs meubles en teck et une voiture avaient été retrouvés chez elle à Cottage.
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