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Grossesse précoce : un danger et pour la mère et pour l’enfant

Grossesse précoce
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Les cas de grossesse précoce interpellent. Surtout à la suite des récents événements dramatiques qui ont bouleversé le pays. Autorités, travailleurs sociaux, éducateurs, médecins ou avocats citent une batterie de facteurs pouvant mener à ce fait de société, notamment le cercle familial, la curiosité, les abus ou encore la technologie. Mais sur le plan médical, une grossesse précoce peut engendrer des complications pour la jeune mère et pour le nourrisson.

Mauritius Family Planning and Welfare Association : Vidya Charan recommande l’éducation sexuelle dès l’âge de 10 ans

Vidya Charan
Vidya Charan

La directrice de la Mauritius Family Planning and Welfare Association (MFPWA), Vidya Charan, se dit en faveur de l’éducation sexuelle dans les établissements scolaires. Selon elle, une des raisons qui favorisent la sexualité chez les mineurs est l’accessibilité aux outils informatiques. « Nous sommes très sensibles à ce problème de société. La plupart des jeunes sont scolarisés et il est recommandé qu’ils bénéficient d’une éducation sexuelle dès l’âge de 10 ans », avance Vidya Charan. Celle-ci doit être structurée et avoir un impact direct sur le comportement des jeunes.

Elle indique que la MFPWA dispose du site Web MAUZEN permettant aux jeunes d’être en présence d’informations crédibles et correctes sur leurs comportements sexuels. L’organisme est également doté de « Youth friendly services » qui assurent un suivi psychologique, prodiguent des conseils et des services médicaux. La MFPWA suit les enfants en cas de grossesse à travers le Drop-In-Center, en collaboration avec la Child Development Unit du ministère de l’Égalité des genres.

Nous sommes très sensibles à ce problème de société. La plupart des jeunes sont scolarisés et il est recommandé qu’ils bénéficient d’une éducation sexuelle dès l’âge de 10 ans»

« Nous faisons aussi l’éducation des pairs pour aider d’autres jeunes. Mais il ne faut pas oublier que nous vivons dans une société où il y a une révolution technologique. Les adolescents sont de grands utilisateurs d’outils informatiques et peuvent être très facilement influencés à travers les réseaux sociaux et l’Internet », explique-t-elle.

Pour Vidya Charan, voici les facteurs qui favorisent l’activité sexuelle des mineurs.

Puberté

Il y a un émerveillement chez les jeunes et ils sont sexuellement actifs parce que, tout d’abord, l’âge de la puberté, qui a baissé, tourne autour de 9 à 10 ans. L’effet biologique et la sécrétion des hormones au sein du corps de l’enfant encouragent certains comportements naturels et celui-ci veut découvrir certains aspects de la vie qu’elle (ou qu’il) a déjà vu certains pratiquer à travers des images ou dans son environnement.

Curiosité

La curiosité anime l’enfant. Ce dernier est à la recherche de réponses et veut connaître les sentiments qui sont en train de l’envahir. Certains mineurs le font de leur propre gré et il ne faut pas se voiler la face sur cet aspect de leur comportement.

Pression

La tentation ou encore la pression exercée par des pairs et d’autres personnes plus âgées sur l’enfant. Cette situation a tendance à encourager l’enfant à être sexuellement actif pour se sentir comparable à ses amis.

Abus sexuel

Les agresseurs savent que l’enfant, étant ignorant, n’ira pas dénoncer le cas aux autorités. Certains prédateurs, peu scrupuleux, vont jusqu’à acheter le silence des enfants en leur offrant de l’argent, des présents ou des gadgets. C’est ainsi que les agresseurs influencent leurs victimes pour obtenir des faveurs sexuelles en retour.

Exploitation

Certains mineurs se laissent exploiter sexuellement par des adultes, qui se trouvent être leurs proches, et touchent de l’argent en retour. Des enfants sont également abusés dans des familles en cohabitation ou dans des familles recomposées.

Réseaux sociaux

L’utilisation des réseaux sociaux et l’Internet favorisent l’appétit des jeunes à connaître le monde extérieur. Ils vont à la rencontre de beaucoup de personnes et finissent par goûter aux plaisirs de la vie très tôt.

Liberté

Les jeunes de nos jours sont plus libres. Il y a aussi le fait qu’ils sont livrés à eux-mêmes. Ils exploitent au maximum les droits qu’ils ont selon la charte des droits des enfants.

Parents

Certains parents sont souples vis-à-vis de leurs enfants et ces derniers n’hésitent pas à exploiter cette situation.


Le Dr Haroon Beebeejaun, gynécologue et obstétricien : «La maman risque certaines complications»

Dr Haroon Beebeejaun
Dr Haroon Beebeejaun

Le Dr Haroon Beebeejaun, gynécologue et obstétricien, est intervenu lors de l’émission « Talk of the Town » sur les ondes de Radio Plus le mercredi 27 juin. Il abordait les séquelles de la grossesse précoce et soutient qu’une grossesse n’est pas conseillée à cet âge. « Les mères âgées de moins de 17 ans sont sujettes à des complications. La maman risque l’hypertension de grossesse et un accouchement après terme. En général, les enfants qui prennent naissance sont plus petits, car le birth width est plus bas », précise le gynécologue.

Selon le Dr Haroon Beebeejaun, les grossesses précoces peuvent parfois engendrer des mortalités infantiles ou d’autres complications de santé chez le nourrisson.


Protection des mineurs Children’s Bill : Le dossier est prêt

Le ministère de l’Égalité des genres et du Développement de l’Enfant indique que la préparation du Children’s bill est au stade final, car le dossier aurait été validé. Les hauts cadres qui ont été sollicités par Le Défi Plus espèrent que le projet de loi sera présenté cette année.

« Le dossier est fin prêt, mais il est impossible de dévoiler son contenu. Une chose est sûre, c’est que le projet de loi fera mention des mesures visant à protéger les enfants. Le dossier a nécessité le coup de main de représentants du ministère de la Santé, de l’Éducation, de la police et des enfants », dit-on au ministère de l’Égalité des genres et du Développement de l’enfant.

Ces derniers soulignent que le Children’s Bill prend également en compte des nouveaux défis à relever et aborde la question des mères mineures qui veulent poursuivre leurs études.

Parents

En ce qui est du fléau de sexualité chez les mineurs, certains sont d’avis que les parents ont un grand rôle à jouer pour la protection de leurs enfants. Selon eux, « la sexualité précoce auprès des mineurs est premièrement due à l’absence de vigilance des parents, puis à un manque de sévérité dans les établissements scolaires et à l’accessibilité des jeunes à Internet, et enfin à la société ».

« Les parents ont le devoir de garder un œil sur leurs progénitures malgré l’environnement. Ces derniers doivent toujours s’interroger sur les fréquentations de leurs enfants et, dans la foulée, être au courant de leurs faits et gestes », font ressortir les hauts cadres du ministère.

Tacler le problème à la source

Le décès de Ruwaidah, enceinte et âgée de 13 ans, a interpellé le ministère de l’Égalité du genre et du Développement de l’enfant. Dans le courant de la semaine dernière, les représentants des associations socioculturelles, des religieux et des travailleurs sociaux ont été approchés par le ministère pour situer le problème. Selon des recoupements, ces derniers ont soumis des propositions en écrit au ministère.

Activité sexuelle des mineures dès l’âge de 12 ans : Edley Maurer pointe du doigt la promiscuité

Edley Maurer
Edley Maurer

Le responsable de l’ONG Saphir, Edley Maurer, avance quatre points qui favorisent une sexualité active chez les mineures. Selon le travailleur de terrain, il y a une forte concentration de mineures sexuellement actives dans les faubourgs et « surtout dans les endroits où des maisonnettes sont construites l’une sur l’autre ».

« Il est l’heure de freiner l’exploitation sexuelle des mineurs sur le sol mauricien. Nous sommes conscients des conditions de vie de beaucoup de Mauriciens. Il y a des logements qui ne favorisent aucune intimité entre les familles et il y un manque d’animations et de loisirs sains, dans des Résidences laissant les enfants être livrés à eux-mêmes après les heures de classe. Un autre facteur qui gagne du terrain dans le pays est le fait que les enfants profitent de l’absence des parents pour avoir des relations sexuelles », avance le travailleur social.

Selon Edley Maurer, « une des réalités du terrain est qu’il y a des enfants de moins de 12 ans qui sont soit sexuellement actives soit qui ont déjà été abusées ». De par leurs conditions de vie, explique le travailleur social, les victimes dénoncent très rarement les cas de violence sexuelle dont elles ont été victimes.

« Tout est possible. Il y a certaines personnes qui le font pour de l’argent. Mais je suis certain qu’il y a beaucoup de cas d’abus sexuels qui n’ont jamais été dénoncés. Le nombre de cas non rapportés peut être le double, voire le triple », estime-t-il.

Le représentant de l’ONG Saphir souligne ensuite que dans beaucoup de régions du pays les jeunes filles en pleine puberté sont victimes de pédophiles.
« Les pédophiles ne respectent pas le développement des filles. Dans certains endroits il y a des filles qui, une fois l’âge de la puberté atteint, deviennent la proie de pédophiles. Leurs corps sont développés, mais dans leurs têtes, elles sont toujours des enfants. Dimounn profit sa febless dan zot lespri la pou abize ! », fait-il ressortir. Pour Edley Maurer, voici les principaux facteurs contribuant à une sexualité active chez les mineures.

Pauvreté

En l’absence d’éducation et confrontées à une pauvreté extrême, les mineures originaires des faubourgs sont vulnérables par rapport aux agressions et autres abus sexuels. Selon Edley Maurer, des enfants âgées entre 11 ou 12 ans sont bien souvent forcées par des adultes de s’adonner à des pratiques sexuelles.

Non-scolarisation

Un bon nombre d’enfants et d’adolescentes, domiciliées principalement dans les périphéries des villes, ne sont pas scolarisés. Elles sont vulnérables et sont confrontées à une absence d’information, du fait qu’elles n’ont aucune notion de leurs vies sexuelles. Tout peut se produire et c’est ainsi qu’ils peuvent facilement être manipulées.

Naïveté

La naïveté de certaines enfants est souvent exploitée par des aînés qui ont une mauvaise intention. Selon Edley Maurer, ces derniers proposent de l’argent à des jeunes filles contre des faveurs sexuelles.

Proximité des maisons

La proximité des maisonnettes (et autres bicoques) se trouvant dans certains faubourgs du pays contribuerait à une activité sexuelle active auprès des mineures. 

Familles recomposées

Les abus sexuels sur mineures sont également courants dans certaines familles recomposées. « Les mères de famille défendent bien souvent leurs concubins accusés de relation sexuelle et incriminent leurs enfants. Une telle situation est inacceptable », dit-il.

Ségrégation

La ségrégation des filles et des garçons dans des collèges serait au détriment de leurs apprentissages de la vie sexuelle. « L’adolescence est un âge quand l’enfant se questionne sur son physique, d’où le fait que les collèges doivent être mixtes », dit-il.

Éducation sexuelle

Edley Maurer est d’avis que l’absence d’éducation sexuelle dans les établissements scolaires favorise la curiosité auprès des jeunes qui veulent connaître les plaisirs charnels à un très jeune âge.

Internet

Le travailleur social pointe du doigt l’accessibilité des jeunes à Internet. Ces jeunes apprennent énormément de choses qui les poussent à faire leurs premiers pas dans leurs vies sexuelles très tôt.


Neil Pillay, avocat : «La majorité des cas rapportés est souvent le résultat de parents éplorés»

Neil Pillay
Neil Pillay

L’avocat Neil Pillay avance que deux offenses principales, parmi d’autres, sont commises lorsque des mineurs s’adonnent à des relations sexuelles. Les deux délits, poursuit l’homme de loi, sont passibles d’amendes ou d’emprisonnement dépendant des faits et de la discrétion du magistrat lors de l’exercice pour déterminer la sentence.

« Beaucoup de cas sont rapportés sur des faits, mais certains sont montés de toutes pièces. Heureusement que ces cas sont en minorité. Cependant, la majorité des cas est souvent le résultat de parents éplorés qui apprennent que leurs progénitures mineures ont eu des relations sexuelles et ils les encouragent, et parfois les obligent à rapporter le cas à la police. Souvent, ce qui pousse à rapporter le cas est la vengeance. Le présumé coupable, qui peut également être mineur, est immédiatement arrêté. On enregistrera sa déposition. Il sera examiné par un médecin de la police. Il devra procéder à une reconstitution des faits pour indiquer où l’agression a eu lieu. Des photos seront prises et il comparaîtra devant une cour de justice et répondra d’une accusation provisoire. Parfois, dépendant du délit, la police pourrait objecter à la remise en liberté conditionnelle du prévenu », explique l’avocat Neil Pillay.

L’homme de loi souligne que deux délits majeurs qui sont commis lorsque des mineurs ont des relations sexuelles. Ces offenses sont : ‘Sexual intercourse with a girl under 16’ et ‘Causing child to be sexually abused’.

« Dans le premier délit, l’âge légal pour le consentement est de 16 ans », explique l’avocat. Le deuxième délit majeur, poursuit Neil Pillay, tombe sous la Child Protection Act. « Ce sont généralement des délits quand des enfants sont sexuellement abusés, ou encore, incités à avoir des relations avec des tiers. Selon la loi, un enfant est défini comme étant une personne de moins de 18 ans », poursuit l’avocat.

Beaucoup de cas sont rapportés sur des faits, mais certains sont montés de toutes pièces»

Selon Me Neil Pillay, « il faut arrêter de traiter les relations sexuelles sur des mineurs comme étant un sujet tabou ». « Il faut rendre l’éducation sexuelle obligatoire dans le milieu scolaire. L’enfant, qui deviendra adolescent et par la suite adulte, doit savoir dans quoi il s’engage. Il doit connaître son corps et la valeur de celui-ci. Malheureusement dans notre société conservatrice, trop souvent les parents ont abdiqué devant leurs responsabilités laissant leurs enfants découvrir par eux-mêmes tout ce qui tourne autour du sujet sexuel et souvent les jeunes l’apprennent de mauvaise source ou sur Internet. Ainsi, il y a des études qui démontrent que beaucoup de jeunes confondent l’amour avec la pornographie », fait ressortir l’homme de loi.


Comportement des mineurs : les recteurs montrent du doigt les parents et la technologie

Soondress Sawmynaden
Soondress Sawmynaden

Soondress Sawmynaden, du syndicat des recteurs des collèges d’État, et Bashir Taleb, de l’association des managers des collèges privés, avancent que la sexualité précoce des mineurs est alarmante. Si Soondress Sawmynaden pointe du doigt le manque de sévérité des parents, Bashir Taleb est d’avis que les torts sont partagés et incrimine l’accessibilité des mineurs à la technologie.

« Les parents, surtout les jeunes, ont un grand rôle à jouer. Ils ont délaissé leurs responsabilités depuis un bon bout de temps, car ils travaillent, afin de nourrir leurs familles. Nous avons remarqué que la communication ne passe plus au sein de la famille et que les enfants sont délaissés. Ces derniers, qui sont livrés à eux-mêmes, n’ont aucune direction. C’est ainsi qu’ils font des bêtises et se retrouvent dans des situations embarrassantes », explique Soondress Sawmynaden.

Bashir Taleb
Bashir Taleb

Ce dernier est d’avis que « les parents doivent coopérer avec les établissements scolaires ». « La question d’éducation sexuelle doit être évoquée dans le Curriculum scolaire. Les mineurs doivent être conscients des conséquences et des précautions à prendre pour leur santé et envers la société. Des campagnes visant à sensibiliser les parents sont nécessaires » , estime Soondress Sawmynaden.

Internet

Selon Bashir Taleb, « c’est inimaginable ce qu’un jeune peut voir sur Internet de nos jours ». « Nous sommes tous à blâmer, car nous ne faisons pas notre travail. Tous les êtes humains sont connectés. Personne ne peut se dédouaner. Les parents ont moins de temps, car ils travaillent dur. Ils sont fatigués. La promiscuité est partout à travers le pays. Les jeunes sont exposés à des choses qui sont moralement répréhensibles », fait ressortir le représentant de l’association des managers des collèges privés.

Il est d’avis qu’on apprend les valeurs de façon interactive. « Les séminaires ne sont pas efficaces. Il faut inviter les mineurs à s’engager dans des activités et à se côtoyer de manière active pour qu’ils apprennent les valeurs », propose-t-il.

 

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