Gro Derek : la chute d’un homme qui jonglait avec les millions

Celui qui roulait sur l’or, circulait à bord de bolides et menait une vie de farniente ne serait-il plus qu’un sans le sou ? Si certains attestent que c’est par pure stratégie que Gro Derek joue le rôle de besogneux, d’autres, comme sa mère, affirment que celui qui jonglait avec des millions est complètement à sec.

Rudolf Dereck Jean Jacques, alias Gro Derek, aimait arborer tout ce qui brille : bagues, chaînes, gourmettes. Le tout en or de 24 carats. Puis, comme par magie, il se déclare d’une pauvreté à faire pitié. Pour cause : le vendredi 20 octobre dernier, cet habitant d’un luxueux appartement qui détonne au beau milieu de Résidence Richelieu, a déclaré en cour, avec tout le sérieux du monde, qu’il ne pouvait payer l’amende de Rs 10 000 que lui a infligée la cour intermédiaire pour possession de 1,45 gramme d’héroïne et d’une somme de Rs 99 025 saisis à son domicile en juin 2010. Cette amende est accompagnée d’une peine de 18 mois de prison.

A-t-il touché le fond, lui l’homme aux fonds intarissables ? « Mo fami pena le mwayin », a-t-il lâché, rendant ceux présents en cour aussi ahuris que perplexes. Pour boucler la boucle, le détenu a fait une proposition de paiement qui a tout aussi choqué. Le mode de règlement qu’il a imaginé : payer par tempérament, soit en plusieurs trancges de Rs 1 500 mensuellement.

Sa mère justifie la posture de son chérubin : « J’ignore où il obtenait de l’argent pour rouler des bolides alors qu’il n’était qu’un simple mécano de motos auparavant ». Se peut-il que Gro Derek ait dilapidé toute sa fortune pour qu’il se retrouve aussi fauché qu’un SDF ? À cette question, la mère répond au Défi Quotidien : « Nous n’avons pas d’argent et ce n’est surtout pas Gro Derek qui faisait chauffer notre marmite. C’est de la maigre pension que mon mari et moi nous percevons que nous survivons ».

Un coup d’œil sur la forteresse érigée par Gro Derek, au milieu d’un dédale de maisons de voisins moins fortunés, donne un aperçu de la situation précaire de celui qui se permettait la vie de luxe des nouveaux riches. Les ameublements, les appareils électroménagers derniers cri et ses bolides qui lui étaient si chers sont laissés à l’abandon. Comme de la vieille ferraille.

Si dans l’entourage de Gro Derek, on évoque des soucis d’ordre financier, d’autres sont d’avis qu’il s’agit d’une stratégie. « Comme il est déjà en prison, il voulait éviter de payer l’amende », raconte un enquêteur.  La mère de Gro Derek partage le même avis : « Li deza ferme, kifer li bizin peye ? »

« Gro Derek a de l’argent, de peur d’être inquiété par les autorités, il prétend ne pas avoir de réserves financières. D’ailleurs, ses proches voulaient s’acquitter des frais légaux en espèces, mais une étude d’avocats à objecté pour un tel mode de paiement », raconte une source sous le couvert de l’anonymat.

Voilà un homme qui se la coulait douce obtenant tout sur un claquement de doigts, qui est obligé, comme il le prétend, de payer une amende comme un pauvre paierait l’achat d’un vélo par mensualités, avec zéro dépôt.