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Gratuité des services de l’État : le ciblage préconisé

Les invités ont été unanimes à s’interroger sur le financement de cette mesure annoncée par le PM.

La dernière annonce en date du Premier ministre concerne la gratuité de l’enseignement préscolaire. Dans l’émission «Au Cœur de l’Info»,  mardi, Jean-Luc Émile et ses invités ont débattu de cette question. Le ciblage est préconisé afin de venir en aide à ceux qui en ont vraiment besoin.

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«Gratuité des services de l’État : À quel prix ? » C’était le thème abordé dans l’émission « Au Cœur de l’Info ». L’économiste Pierre Dinan pense que l’annonce de la gratuité de l’éducation préscolaire vient « compléter le cycle » au niveau de l’éducation. Toutefois, il souligne que cela comporte un coût.

« Le trésor public est déjà sous pression. Je pense qu’il faut un ciblage si l’on veut introduire cette mesure, car tous les parents n’ont pas besoin d’aide. Le ciblage est impopulaire auprès de tous les hommes politiques », affirme-t-il, évoquant le « courtisanisme » des politiciens qui ne réfléchissent souvent pas en amont avant de faire des annonces. Pour lui, il faut mettre sur pied un département pour faire un travail de fourmi. « C’est un gros travail, mais mettons-nous au travail. Il faut établir un tableau des personnes avec différents types de revenus. Certains n’en ont pas besoin, d’autres d’un tiers, d’autres d’une moitié. Si l’on veut aider les personnes vraiment dans le besoin, il faut cibler », réitère Pierre Dinan, qui soutient cependant que si le gouvernement offre de l’aide, cela ne doit pas être au détriment de la qualité.

L’économiste Manisha Dookhony abonde dans le même sens que Pierre Dinan. Elle parle de « resserrement fiscal » avec la situation économique complexe. « Si l’on compte 30 000 enfants par an en préscolaire avec des frais de scolarité moyens de Rs 5 000 par enfant, cela revient à Rs 150 millions par an. Je suis d’accord avec le ciblage. Il faut voir cela par rapport aux moyens des parents », souligne-t-elle.

Elle plaide également pour une stratégie globale et évoque l’aspect de la crèche qui doit aussi être pris en considération. « Comme dans certains pays, par exemple aux États-Unis où des entreprises disposent d’une section maternelle, il faut une collaboration avec le secteur privé pour prendre de telles initiatives », estime-t-elle.

Manisha Dookhony fait également ressortir qu’il faut savoir d’où viendra le financement de cette annonce. « Des Mauriciens sont en difficulté. Une augmentation de la taxe serait difficile pour obtenir les fonds nécessaires », présume l’économiste.

L’ancienne ministre de la Sécurité sociale Jocelyne Minerve parle d’une annonce « populiste ». Elle se demande s’il y a eu une réflexion préalable avant de faire une telle annonce. Pour elle, « il faut bien mesurer la decision concernant le ciblage.Il faut bien comprendre que cela vient changer la philosophie et la vision politique. Il y a un changement de paradigme. On quitte l’État-providence. C’est pour cela qu’il faut des débats avec le public et ne pas apporter des ajustements sans consulter la population », pense cette dernière.

Jocelyne Minerve revient également sur le fait que les écoles publiques sont déjà gratuites. « Il faut mener un audit sur le nombre d’écoles. Fonctionnent-elles ? Obtient-on les résultats escomptés ? », préconise l’ancienne ministre.

Quant au député du Parti travailliste, Ehsan Juman, il croit que le Premier ministre aurait dû expliquer ce qui a motivé cette annonce qui coûtera près de Rs 2 milliards par an. « Est-ce un aveu que nos écoles publiques ne fonctionnent pas ? », s’interroge-t-il. Il déclare également que « le laboureur qui envoie son enfant dans une école publique ne doit pas se retrouver à subventionner les frais pour un parent qui touche un gros salaire ».

Selon lui, faire une telle annonce alors que nous sommes à la veille de la présentation du budget signifie beaucoup de choses. « Nous sommes à la veille de la dissolution du parlement. D’autres annonces vont suivre. Il y a un parfum d’élection. Toutes les indications vont dans ce sens », avance-t-il. Ehsan Juman lance également que « rien n’est gratuit » et qu’à la fin, ce sont les contribuables qui vont payer.

 

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