Go-slow au port : le commerce extérieur de Maurice en eaux troubles

L’activité portuaire est perturbée par l’absence d’accord entre les employés de la Cargo Handling Corporation Ltd (CHCL) et son Management Committee. Plusieurs membres de la Mauritius Export Association (MEXA) ont informé l’association de la situation qui se répercute au niveau commercial. 

Placé au 27ème rang du classement des ports à conteneurs les plus performants d’Afrique en 2021, Port-Louis se trouve actuellement dans une mauvaise passe. Le syndicat et le Management Committee de la Cargo Handling Corporation Ltd (CHCL) ne parviennent pas à se mettre d’accord sur les conditions de travail des employés. Par conséquent, cela a débouché sur un go-slow au niveau du port, affectant les opérations, les douanes et autres agences. Des retards ont été enregistrés dans la livraison de conteneurs. 

Selon nos informations, le navire MSC Agata n’avait pas embarqué de conteneurs en raison d’un retard dans le port. Arrivé le 25 juillet dernier, le CMA Kiara a, quant à lui, préféré transborder à Pointe-des-Galets, à l’île de La Réunion. Le MSC Dymphna a de son côté décidé d’omettre Port-Louis pour mettre le cap vers l’Afrique du Sud avec plusieurs conteneurs importés. Ahmed Parkar, directeur de Star Knitwear, concède qu’un conteneur de produits chimiques n’est pas arrivé la semaine dernière. « Nous avons importé des produits chimiques en provenance de l’Inde. Ils devaient normalement arriver la semaine dernière, mais le navire s’est finalement rendu directement en Afrique du Sud. Il faudra attendre une semaine supplémentaire pour l’obtenir, ce qui provoquera du retard sur nos opérations », fait comprendre Ahmed Parkar. 

Celui-ci craint que d’autres navires prennent connaissance de la situation à Maurice et choisissent d’aller débarquer ailleurs. Le directeur de Star Knitwear qualifie de « chagrinant » la situation au port. Pour lui, ce go-slow au port est comme se tirer une balle dans le pied, alors que Maurice se remet graduellement des répercussions de la pandémie.  

Le port est souvent décrit comme étant le poumon économique. D’où l’inquiétude d’Afzal Delbar, président de la Customs House Brokers’ Association. Celui-ci constate que la situation n’impacte pas uniquement les importations, mais aussi les exportations du pays. « Nous avons pu faire face aux conséquences de la Covid-19, de même qu’à l’impact négatif de la dépréciation de la roupie ou du coût du fret. La situation actuelle au port risque cependant d’avoir un impact sévère », avance Afzal Delbar.

Les opérateurs espèrent qu’une solution sera vite trouvée pour que l’activité puisse reprendre son cours normalement. L’activité portuaire avait d’ailleurs été réduite lors des cinq premiers mois de 2022. Le trafic de marchandises a glissé de 16,6 %, tandis que le trafic de conteneurs a dégringolé de 31,9 % par rapport à la période correspondante en 2021. 

Or, il n’en est pas moins sûr que l’activité portuaire ira en s’améliorant dans les jours à venir. La situation à la Mauritius Ports Authority (MPA) ne serait pas non plus au beau fixe. La Maritime Transport and Port Employees Union (MTPEU) a tenu son Assemblée Générale le 1er août 2022 en présence de plus de 100 personnes. Parmi les sujets abordés, le rapport HRD de la MPA qui comprend les conditions de travail et les augmentations en suspens depuis 2020. À la suite de la rencontre de la MTPEU, la date de 25 août a été fixée pour une manifestation à la MPA de 11 heures à 13 heures.  

Sollicité pour un suivi quant au rapport HRD, Sanjeev Ghurburrun, Chairman de la Mauritius Ports Authority (qui dit être toujours en poste en attendant que son remplaçant soit nommé), explique que le board avait déjà approuvé le rapport. « Il manquait cependant un alignement pour savoir comment cadrer le rapport avec l’initiative du gouvernement, soit relativement au Pay Research Bureau (PRB) », soutient Sanjeev Ghurburrun.