Glissements de terrain: Chitrakoot plie mais ne rompt pas

Sur la route vers Chitrakoot, tout paraît paisible en ce jeudi après-midi. Sous un pâle soleil, la localité qui surplombe Port-Louis vit dans une moiteur toute particulière. Pradeep Soomaroo, père de deux enfants, est encore loin d’avoir oublié ce mercredi noir, même s’il n’en est pas à sa première mauvaise expérience. « De l’eau boueuse a pénétré la maison, jusque-là », nous dit-il en montrant sa cheville. Pas de dégâts importants à signaler mais sa maison porte les séquelles des intempéries. Car la terre bouge à Chitrakoot. Depuis des années. Un lent glissement de terrain qui s’accentue lors des grosses pluies. Résultat : les murs et les sols des maisons se lézardent inexorablement. « Un morceau du plafond est même tombé sur ma fille », explique Pradeep Soomaroo. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"10329","attributes":{"class":"media-image alignnone size-full wp-image-17816","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Glissements de terrain"}}]] Un peu plus loin, l’eau a évité de peu la maison de Sarita Cheekhorry, qui vit à Chitrakoot depuis 28 ans. « J’ai vu de l’eau, beaucoup d’eau couler. Juste-là », s’exclame-t-elle en désignant la route défoncée qui longe sa maison. Un des voisins intervient : « Pas d’inondation cette fois-ci. Ils ont construit un drain plus haut. Me, zot inn mal ranz sa drin-la. » Plus loin, Mme Boodhoo nous reçoit sur le seuil de sa maison. La sexagénaire nous conduit vers son époux, 71 ans, malade. Ils nous relatent, à l’unisson, comment l’eau pénètre régulièrement dans la maison. Ils ont d’ailleurs abandonné une maison en bois à cause des glissements de terrain. Leur petite maison de béton résiste encore, tant bien que mal.   « Vous n’avez jamais pensé à quitter Chitrakoot après tout cela ? ». « Non. Jamais », répond Mme Boodhoo. Manifes-tement, les villageois, après avoir tant vu, ne semblent vouloir déposer les armes.