Les récentes décisions de la Private Secondary Education Authority concernant la gestion des collèges privés suscitent de vives contestations de la part des managers. Ces derniers remettent en question les méthodes et les choix opérés par l’organisme, demandant la démission de son directeur, Mahesswarnath Luchoomun. Le principal intéressé affirme, lui, qu’il n’a « rien à se reprocher ».
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La colère gronde depuis plusieurs mois au sein de la Private Secondary Education Authority (PSEA). Le départ du directeur, Mahesswarnath (Kris) Luchoomun – l’époux de la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation Leela Devi Dookun-Luchoomun – est de plus en plus réclamé par les managers des collèges privés « Grant aided » du pays. Ces derniers lui reprochent d’avoir pris « des décisions unilatérales » par rapport à la gestion des établissements et « son manque de transparence ».
Les formules en question mises en place par l’organisme avaient pour but de moderniser le système éducatif. Mais les décisions prises ne sont pas du goût des contestataires. Le mécontentement s’est amplifié à la suite d’une série de mesures jugées « excessives et injustes » par les managers des établissements. Des mesures qui comprenaient non seulement la mise en place du « New Comprehensive Grant Formulae » (la somme accordée par la PSEA pour satisfaire les besoins des collèges ; NdlR) mais également le recrutement d’enseignants titulaires d’un Post-Graduate Certificate in Education.
Ce recrutement est très mal accueilli par les responsables des établissements. Ils expriment leur inquiétude quant au fait que « le gouvernement est en train de puiser dans les collèges privés ». Ils estiment que cette mesure compromet la qualité de l’enseignement, voire pire. « Se dirige-t-on vers la mort des collèges privés ? La PSEA prend des décisions sans concertation, lesquelles déstabilisent le corps enseignant et les élèves », confie-t-on.
Asphyxie des petits collèges
La situation est de plus en plus délicate pour le directeur de la PSEA. Des sources internes affirment que ses jours à la tête de l’organisme sont comptés. On avance qu’il se met à dos une grosse faction de l’électorat rural.
« La PSEA asphyxie financièrement les petits collèges. Environ 50 000 élèves fréquentent ces établissements. Ce qui constitue un vivier électoral bien important qui ne peut pas être sous-estimé », fait-on comprendre. Les récentes conférences de presse de la Fédération des managers des collèges privés (celles du 17 mai et du 1er juin) constituent « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ». Les intervenants n’ont pas été tendres envers Shiv Luchoomun.
Joint par téléphone dans l’après-midi du lundi 3 juin 2024, ce dernier a déclaré qu’il n’a « rien à se reprocher ». Il a insisté sur le fait qu’il fait son travail « comme il se doit ». Il est resté ferme face à cette fronde. Il a souligné que cela fait 20 ans qu’on réclame sa démission du poste de directeur de la PSEA, autrefois appelée Private Secondary Schools Authority.
« Je ne suis pas au courant si je suis sur la sellette », a-t-il ajouté. Il a précisé que les réformes sont nécessaires afin de garantir une éducation de qualité aux élèves et les préparer aux défis futurs. « La PSEA fait son travail. Elle a un mandat qui stipule clairement qu’elle doit débourser les fonds comme il se doit. Il est crucial d’adapter notre système éducatif aux nouvelles exigences. Les changements sont souvent difficiles à accepter, mais ils sont indispensables », a-t-il argué.
La Fédération des managers des collèges privés : «Nous vivons au gré de ses caprices»
Le président de la Fédération des managers des collèges privés ne mâche pas ses mots : « Il ne faut pas se voiler la face. Il y a effectivement une profonde colère qui règne au sein du secteur éducatif. En 2020, celui-ci a connu une zone de turbulence avec une nouvelle formule de subvention. Le Technical Working Group s’est rencontré mais sans que les major stakeholders (en l’occurrence la Fédération des managers des collèges privés ; NdlR) soient représentés ! »
Du coup, poursuit-il, il n’y a pas de communication ni de consultations complémentaires entre les autorités et les parties prenantes, encore moins de recherche de l’unanimité. « Il n’y a que des décisions unilatérales », déplore-t-il.
Il ajoute que l’Explanatory Memorandum du Private Secondary Schools Authority (Amendment) Bill (N° XIX of 2016), stipule que le but est de « provide for a consultative mechanism for greater involvement of stakeholders ». Or, le président de la fédération fait ressortir que depuis le remplacement de la PSSA par la PSEA, les managers et le personnel des collèges privés ne sont même plus représentés au conseil d’administration.
« Difficile de comprendre ce changement soudain dans la manière d’opérer. Avec un manque de dialogue régulier avec les partenaires de l’éducation, une ingérence dans la gestion de nos collèges, des coupures arbitraires dans le budget des collèges et des circulaires qui suscitent la discorde, nous avons l’impression que nous vivons au gré des caprices du directeur ! Avec de telles conditions imposées, comment faire fonctionner correctement ces 80 collèges privés et travailler sur de nouveaux projets dans l’intérêt de nos futurs adultes », conclut le président de la fédération.
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