Lorsque la nouvelle qu’une femme a été enterrée illégalement par son concubin est tombée, cela a provoqué une vague d’effroi au sein de la population. Une des questions qui est sur toutes les lèvres : pourquoi ? Le concubin a donné plusieurs raisons aux enquêteurs pour expliquer son geste. Les proches, qui ont réclamé l’exhumation du corps, se disent, eux, soulagés que la jeune femme ait finalement pu avoir des obsèques dignes de ce nom. Aucune blessure n’a été décelée à l’autopsie. Les résultats des tests toxicologiques sont attendus.
Plus les jours passent, plus le mystère s’épaissit autour du décès de Meenakshi Pydigadu, surnommée Anoushka. Il s’agit de la jeune femme de 35 ans qui a été enterrée par son concubin Gervais Frivet, 63 ans, dans leur cour à Valetta, St-Pierre. Le corps, exhumé le jeudi 26 décembre à la demande des proches de la jeune femme qui soupçonnaient un foul-play, a été autopsié le jour-même. Le rapport indique qu’aucune blessure n’a été décelée. La cause du décès n’a toutefois pas pu être établie en raison de l’état de décomposition avancée du cadavre. Il faudra attendre les résultats des analyses toxicologiques pour espérer obtenir plus d’informations. Ce rapport devrait être prêt à la mi-janvier. Dans le cadre de l’enquête, plusieurs interrogatoires sont prévus, en l’occurrence ceux des habitants, des amis et des membres des deux familles.
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Gervais Frivet a, quant à lui, recouvré la liberté provisoire le vendredi 27 décembre après avoir fourni une caution de Rs 8 000. Il lui est reproché d’avoir illégalement enterré un corps dans sa cour. Ce mécanicien avait été arrêté le lundi 23 décembre après une plainte déposée à la police par Canoo, la mère de la défunte. Gervais Frivet se dit d’ailleurs surpris par la démarche de sa belle-famille car, selon ses dires, elle ne s’intéressait pas à Meenakshi Pydigadu.
Jusqu’ici, le sexagénaire a donné plusieurs versions aux enquêteurs pour tenter d’expliquer son geste. Se confiant au Défi Plus, il déclare cette fois : « Monn anvi anter li dan mo lakour. » Dans un premier temps, il avait dit que c’est en raison d’un manque de moyens financiers qu’il a décidé d’enterrer le cadavre de la jeune femme dans sa cour. « Mo sagrin sa finn ariv koumsa. Si mo ti ena mwayin, mo ti pou fer enn lanterman normal », dit-il. Invité à s’expliquer sur le soir où il a enterré le corps de la jeune femme, Gervais raconte avoir commencé à creuser un trou vers 3 heures du matin le jeudi 19 décembre. « Monn termine le landemin », précise-t-il.
Gervais Frivet soutient qu’il ignorait qu’il devait informer la Sanitary Authority avant d’être autorisé, ou pas, à enterrer sa concubine dans sa cour (voir explications en hors-texte). Interrogé sur la raison pour laquelle il a pris deux jours avant d’alerter les proches de Meenakshi Pydigadu, il a répondu qu’il ne les a pas appelés parce qu’ils ne venaient même pas la voir de son vivant. « Ni le frère, ni l’oncle de Meenakshi ne venaient la voir. Se pou sa ki mo pann inform so frer. Apre kan monn sey sone, mo pann gagn li. Tonton-la inn dir mwa pli tar li pou donn li mo nimero », raconte le sexagénaire.
Ce qui interpelle Gervais Frivet ce sont les agissements de Canoo, la mère de la jeune femme, qui a porté plainte à la police. « Sa etonn mwa linn vin relev so tifi. Li pa ti mem vinn get li kan li ti malad. Li ti pe nek telefone », lâche le retraité. Il raconte que sa concubine était souffrante quelques jours avant son décès. Selon ses dires, la jeune femme était paralysée des mains et des jambes depuis quelques mois. « So frer ti vinn get li. Nou ti amenn li fer laprier », avance-t-il.
Le mercredi 18 décembre, Gervais Frivet aurait cherché de l’aide auprès de médecins et de pharmaciens lorsque, selon ses dires, l’état de santé de Meenakshi Pydigadu s’est aggravé. « Monn al trwa farmasi. Zot inn dir mwa pena Nurse », relate-t-il. Il allègue qu’à son retour, la sa concubine était déjà morte. C’est alors qu’il aurait alerté un médecin qui serait venu pour certifier le décès. « Mo pa ti o kouran ki bizin al sanitaire pou kapav antere dan lakour », maintient-il.
Quant à la question de savoir pourquoi il a dit à sa belle-mère qu’il avait enterré Meenakshi Pydigadu au cimetière Saint-Martin lorsqu’il lui a annoncé le décès de cette dernière, il affirme que c’était pour couper court à la conversation. « Sa fer 2 zan mo pa al kot zot », confie-t-il. « Mo pa frekant fami mwa », répond-il en s’expliquant sur le fait qu’il ait organisé seul les funérailles. Il se décrit comme un individu solitaire. Pour l’heure, ce qui intéresse Gervais Frivet est de récupérer la garde de ses deux enfants, qui sont actuellement sous la responsabilité de la Child Development Unit.
Canoo, la mère de la jeune femme : « Lakaz mama res lakaz mama »
Proches et amis de Meenakshi Pydigadu se disent soulagés que la jeune femme ait eu droit à des funérailles dignes de ce nom le jeudi 26 décembre. « Apre sa 10 zour nou finn pase la, kan nou fer lanterman, se enn soulazman », confie Canoo. Elle raconte avoir vêtu sa fille d’un saree ce jour-là. « Li (la jeune femme ; NdlR) pou kone so mama inn tir li depi sa lakour la e finn fer li al kot so gran dimounn. Aster li kapav al dan lamin so papa kinn desede », explique Canoo, qui dit espérer que sa fille gardera sa gaieté et son sourire là où elle se trouve. Le souvenir qu’elle gardera de sa fille c’est celui d’une jeune femme qui respirait la joie et la bonne humeur. « Li ti kontan viv ek abiye », dit-elle. D’ailleurs, poursuit Canoo, Meenakshi caressait le rêve de devenir esthéticienne. « Depuis son plus jeune âge, elle s’intéressait au maquillage et aux soins esthétiques », précise-t-elle.
Canoo allègue que depuis que sa fille avait beaucoup changé depuis qu’elle était allée vivre avec Gervais Frivet. « Laba si ti heureuse, me pa parey… Lakaz mama res lakaz mama. » Elle explique avoir épaulé Meenakshi comme elle a pu. Son seul regret est de ne pas avoir été à ses côtés durant ses derniers moments. Meenakshi ne travaillait plus depuis quelque temps, selon Canoo. Elle ajoute que sa fille vivait chez Gervais Frivet et ne leur rendait plus visite. La jeune femme était la mère de deux enfants, âgés de deux et six ans.
Antish, le frère de Meenakshi : « J’aurais aidé financièrement s’il le fallait »
Antish , le frère de Meenakshi, estime que Gervais Frivet aurait dû les informer du décès avant d’enterrer illégalement le cadavre de la jeune femme. Il dit ne pas comprendre son geste et regretter la tournure des événements. « Il a agi dans l’illégalité et de manière incorrecte. » Le jeune habitant de Tyack soutient qu’il aurait financièrement aidé Gervais Frivet à faire les obsèques de la jeune femme si le problème avait été d’ordre pécunier. « Il aimait ma sœur. Nous l’aurions laissé faire ses derniers rituels, selon ses croyances. » Antish raconte que dans l’après-midi du jeudi 26 décembre, Gervais Frivet lui avait dit que Meenakshi est morte avec le regret de ne pas l’avoir vu. « Depi inn ariv sa, nou pann gagn kontak ek Gervais. Avek sa fason linn fer la, nou pa anvi rekoz ek li. »
Devanand Reekoye, du CCID : « La police fait de son mieux »
Après avoir reçu la plainte formulée par Canoo, la mère de Meenakshi, le patron du Central Criminal Investigation Department explique que la police a accédé à la requête de la famille d’exhumer le corps pour qu’un examen post-mortem soit fait. « La police fait de son mieux », a laissé entendre le Deputy Comissioner of Police. Ces neuf derniers jours, c’est la Criminal Investigation Division de Moka, sous la houlette de l’inspecteur Vishall Cowlessur, qui a mené l’enquête. Dans les jours à venir, plusieurs individus de la localité seront interrogés.
Ce que dit la loi
Un individu peut être enterré dans sa cour. Pour cela, il faut respecter les conditions stipulées dans les Cemetries Regulations 2011. Ainsi, les lieux doivent être inspectés par un officier du département sanitaire. Le permis pour l’inhumation est alors délivré par le Chief Executive de la municipalité ou du conseil de village. L'individu doit être le propriétaire des lieux et les funérailles doivent être effectuées avec l'accord et du Permanent Secretary du ministère de la Santé.
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