Gérard Sanspeur : « La méfiance engendre une faible crédibilité »

« Dans une période de crise et quand la confiance s'est rompue, la population commence à examiner attentivement les paroles, le langage corporel et les actions de celui qui communique sur la crise et qui est dorénavant devenu 'indigne de confiance' », commente Gérard Sanspeur, ancien senior advisor au ministère des Finances, le président de Landscope (Mauritius) Ltd, et ancien homme de confiance de Pravind Jugnauth et de sir Anerood
Jugnauth, sur sa page Facebook, dimanche 26 avril.

Selon Gérard Sanspeur, le résultat de cette méfiance est que « la population devient moins encline à croire aux annonces officielles. Ce qui à son tour engendre une faible crédibilité de celui qui communique. Et s’il y avait déjà un déficit de crédibilité au tout début de la crise, la situation de manque de crédibilité devient encore plus difficile ».

Vendredi, Gérard Sanspeur devait aussi commenter la mise sous administration volontaire d’Air Mauritius. À ses yeux, l’historique de la compagnie a été « dominé par l’ingérence politique aux dépens de la stratégie de l’entreprise, de la logique économique et de la rigueur administrative » :

« Véritable  poule aux œufs d’or, Air Mauritius a été la cible des politiciens qui sont devenus plus gourmands et exigeants lorsqu’ils ont réalisé que le budget des dépenses courantes d’Air Mauritius atteignait environ 20 milliards de roupies, avec de nombreux contrats d'achats à attribuer. De l’eau en bouteille, du jus de fruit, du vin, du papier toilette, des journaux, des uniformes et le transport des employés, et, pour finir, les avions ! ».

Pour Gérard Sanspeur, « ce faisant, les gouvernements successifs se sont réservés le droit de nommer leurs propres fidèles dans le but de prendre le contrôle du conseil d'administration et de tous les comités qui prennent les décisions finales concernant l’attribution des contrats ». 

« On peut donc comprendre que ces politiciens aient besoin d'un CEO servile et non hostile à une exécution rapide des ordres venant d’en haut. Et les CEO intègres qui refusent d’être dociles et malhonnêtes doivent prendre la porte », conclut Gérard Sanspeur.